Lysiane Gagnon, encore elle, signe une fois de plus
un texte bourré d'inepties et de demi-vérités, n'hésitant pas à tordre les faits pour alimenter son piaillage. À commencer par le titre,
Dimitri qui?, qui donne à penser qu'elle parlera de cet hurluberlu de représentant du Canada qui a exigé des excuses de ceux qui osent critiquer le gouvernement. Et en effet, Gagnon en parle et sur ce point, je suis tout à fait d'accord avec elle. Or le titre ne rend justice qu'au tiers de la chronique. Le reste est employé à démontrer, par un tour de force tout à fait gratuit, une prétendue hypocrisie de la part de l'Ontario et surtout, on s'en doute, du Québec.
L'hypocrisie a un nom, ou plutôt deux: Québec et Ontario. Les deux gouvernements provinciaux ont joué les purs à Copenhague, accusant le gouvernement canadien de saboter leurs efforts environnementaux en fermant les yeux sur les émissions de GES de l'Ouest.
Pourtant, quoi d'étonnant à ce que le gouvernement canadien, comme tous les autres gouvernements présents à Copenhague, préserve ses intérêts nationaux? Aucun gouvernement n'accepterait de sacrifier l'économie d'une partie de son territoire pour faire plaisir aux groupes de pression internationaux.
Or le gouvernement a justement l'air d'être en train de sacrifier l'économie d'une partie de son territoire en rejetant sur les autres provinces que l'Alberta le fardeau de réduire les émissions de GES et en nous exposant à toutes sortes de sanctions économiques. Qui plus est, il fait cela en permettant littéralement la destruction d'une part importante du territoire albertain. Et on ne parle même pas encore des effets des changements climatiques sur l'agriculture et le pergélisol ou encore, tenez, sur notre capacité future à générer de l'hydro-électricité.
De toute façon, le Québec et l'Ontario peuvent bien «s'engager» à baisser leurs émissions de GES de 20% et de 15%, cela n'a rien de particulièrement vertueux. Le Québec a la chance de disposer d'une source d'énergie propre (l'hydro-électricité), et la crise de l'automobile a fait de l'Ontario un moins grand pollueur...
Au contraire de ce que dit Lysiane Gagnon, le fait que le Québec dispose d'hydro-électricité depuis bien avant 1990 ne facilite en rien la réduction de 20% de ses émissions. Le seul avantage que cela pourrait procurer, c'est que des États voisins soient tentés d'acheter leur électricité chez Hydro-Québec en remplacement de sources d'énergies plus polluantes. Le Québec y gagnerait de l'argent, mais cela n'aurait pas vraiment d'impact sur ses émissions. Bref, ce 20% de réduction est véritablement vertueux, n'en déplaise à madame.
Mais surtout, attendons de voir ce que donneront ces belles promesses, quand l'électorat réalisera que pour atteindre la cible de 20%, il faudra payer beaucoup plus cher pour l'essence et l'électricité. Les donneurs de leçon, à Queen's Park et à Québec, s'organiseront bien pour revenir sur leurs engagements s'il en va de leur réélection.
Que Lysiane Gagnon termine ainsi sa chronique, par une prévision aussi gratuite qu'insidieuse sur les intentions des gouvernements du Québec et de l'Ontario relève de la démagogie et de la mauvaise foi. N'est-il pas permis de penser que devant une éventuelle grogne populaire, des élus puissent multiplier les mesures pour réduire notre dépendance à l'essence, d'autant plus que de telles mesures auraient le mérite d'aller dans le sens des engagements que le gouvernement aurait pris pour réduire les émissions de la province? Mais ça, Lysiane ne nous le dira jamais. Elle est trop occupée à nous dire à quel point, dans le fond, on est bien au Canada.