2008/05/29

Un film de gars

** Attention, peut-être que vous ne voulez pas lire ce billet si vous comptez aller voir le dernier Indiana Jones. Je ne révèle aucun punch, mais bon, on ne sait jamais. Prudence, prudence. **
Mardi je suis allé voir le dernier Indiana Jones. La salle était bondée d'hommes. Deux d'entre eux, assis dans ma rangée, se caressaient sans vergogne, les femmes étant très rares. Je me serais cru à une projection d'Image et Nation, mais en réalité j'étais en plein mainstream (le mainstream mâle, s'entend). Indiana Jones et le royaume des titres improbables est un film de gars, c'est indéniable, un film aux cascades aussi rocambolesques qu'époustouflantes, du début à la fin. L'action n'arrête jamais, surtout pas pour manger ou dormir et les rares moments de répits ne sont là que pour mieux relancer la cascade suivante (prendre ici "cascade" au pied de la lettre, car tout film d'Indiana Jones qui se respecte contient sa descente de fleuve impétueux).

Un film de gars, dis-je, dans la salle comme à l'écran, avec pas plus de deux personnages féminins, lesquels, contrairement au couple de poilus de ma rangée, ne se sont pas caressés, ce qui, étant donné les rêves de l'assitance, est assez dommage. Mais l'archéologue vieillit et ses femmes aussi. Si montrer deux jouvencelles échanger des baisers aurait été dans l'air du temps, deux femmes d'expériences, ça... le monde n'est pas encore prêt. C'est peut-être notre prochain dernier tabou, allez savoir, mais pour l'heure, Indiana Jones et le royaume des crânes chauves s'inspire d'abord et avant tout de ses prédecesseurs. Donc no lesbian trip, okay? Oubliez ça. Les deux femmes sont ennemies : l'une d'elle conduira un véhicule amphibie pendant que l'autre lui tirera dessus avec une mitraillette. C'est la seule interaction qu'elles auront. (De grâce n'allez pas dire que je viens de vendre un punch. Les films d'Indiana Jones sont reconnus, entre autres, pour leurs poursuites effrenées et leurs fusillades sans effet.) Deux femmes, donc, dans ce film manichéen : une bonne et une mauvaise, la bonne femme étant celle qu'on veut épouser, la mauvaise, celle qu'on veut tuer.

Voilà peut-être l'originalité de cet Indiana Jones au royaume des têtes de mort: l'ennemi à abattre, le big boss, est une femme. On pourrait penser que mesurer une femme à un héros masculin est une victoire pour le féminisme, mais il n'en est rien, car faire d'une femme le gros méchant dans un film de gars ne va pas sans problème. Après tout, on imagine mal Indiana Jones lui donner une râclée, rapport que ce serait tout un exemple à donner à son public-cible masculin venu se changer les idées. Or les moyens déployés pour affronter et rendre affrontable la vilaine trahissent une pensée désesperément machiste. On dote d'abord la femme d'une épée, arme phallique à souhait, mais aussi arme d'agilité et de finesse plus que de force et de brutalité, de telle sorte que les hommes, pour l'atteindre, n'auront d'autre choix que d'utiliser la même arme. Mais cette mesure, à la limite astucieuse, n'est pas suffisante. L'homme est encore trop fort. Surtout Indy, reconnu par ailleurs pour sa maîtrise du poing et des coups de fouet plus que de la noble lame. Ce sera plutôt son jeune compagnon, pleurnichard, décrocheur, encore dans les couches de sa mère, mais qui excelle à l'escrime, qui la combattra. Mais là encore, les forces sont inégales. Si les scénaristes ont doté la vilaine d'un phallus de courtoisie, il leur faut aussi castrer le jeune homme: il recevra, pendant le combat, une série de cactus dans les couilles. Sérieux.

Et que fait la bonne femme pendant ce temps? Elle conduit son véhicule amphibie comme un jeep à la plage, encourage son fils pendant qu'il se bat avec la madame, décrit ses états d'âme à Indiana Jones quand ce n'est vraiment pas le moment. Déconnectée de ce qui se passe pour mieux se concentrer sur ses émotions, incapable de faire du mal, incapable aussi de s'enlever Indiana Jones de la tête, amoureuse indéfectible, mais aussi, bien sûr, mère aimante, ce qu'on ne lui reprochera certainement pas, voilà le portrait d'une bonne femme. Tout le contraire de la mauvaise, sorcière sans scrupule dont la faim pour la connaissance n'est motivée que par sa soif infinie de pouvoir, soif qui, comme toujours dans Indiana Jones, mènera à sa perte. C'est là que le film devient carrément sexiste, non pas tant parce qu'on marie la mère aimante qui s'en remet entièrement au héros, que parce qu'on le fait après qu'ait été punie la femme qui, épée à la main et idées dans la tête, avait l'ambition de tout connaître et n'hésitait pas à se servir du héros pour y arriver. C'est ce qui m'amène à dire que le gros méchant aurait dû être un homme... et peut-être aussi le héros, une femme, mais ça c'est un tout autre film.

2008/05/26

On trouve des nouvelles de Boomer sur le site web du zoo de Granby. Apparement le lion est si populaire qu'on a cru bon de prévenir les visiteurs: "Veuillez noter que Boomer ne sera pas visible aux visiteurs à la date d'ouverture du Zoo le 31 mai."

Se donner de l'importance en prenant un cappucino glacé à la barbe des autres est plutôt pathétique.
À vaincre sans péril on triomphe sans gloire.

2008/05/21

Grosse qui outre et lui qui passe outre

Je vais vous raconter une histoire. C'était dans un Tim Horton's du Québec profond où j'avais décidé d'arrêter pour me prendre un café. Il me restait encore beaucoup de route à faire et j'avais besoin d'un peu de chaleur dans la Gousse-mobile.

Je faisais la queue, comme tout le monde. Elle n'était pas très longue, mais elle n'avançait pas vite. À un moment donné une grosse femme est entrée. Elle devait avoir dans le début de la vingtaine, très grosse et d'apparence à la fois soignée et sensuelle, le genre de grosse qui n'a pas honte de sa taille, tout au contraire, elle considérait ses courbes comme un atout. Une grosse femme fatale, quoi, un immense assemblage d'attraction et de rétention qui va dans la vie en revendicant tout. Tout lui revient et pour cette raison elle refuse tout effort et ne travaille pas, préférant se laisser entretenir soit par un homme, soit par la famille, soit par l'État. Souvent par une combinaison des trois.

À moi, que la nature a rendu pratiquement insensible aux appâts féminins, ce genre de femmes, qui croient que rien ne leur résiste et qu'elles peuvent prendre tout ce qu'elles veulent, m'inspire d'autant méfiance que leur grosseur signifie qu'elles veulent beaucoup, beaucoup plus que le commun des mortels. Elles veulent à outrance, ces femmes outrancières. Bref, cette femme est entrée et je me suis senti outré. Elle m'outrait.

Elle était accompagnée d'un homme plus âgé et gros, tout de même, quoique moins imposant. La longueur de ses cheveux blancs suggérait qu'il considérait les salons de coiffure comme une dépense inutile. Il portait sa chemise à carreaux dans ses pantalons, lesquels étaient maintenus bien en haut de sa taille, autour de son ventre, par une ceinture qu'il serrait, on imagine, autant que les cordons de sa bourse. Les deux faisaient une drôle de paire, elle si éclatante et boulimique, lui si fade et radin. Mais les traits de leur visage (et peut-être aussi l'ampleur de leurs panses) suggéraient un lien de parenté.

En entrant, la grosse a pris tout de suite des airs familiers. Elle connaissait les employés au point de s'aventurer dans la cuisine pour jaser. L'homme, lui, attendait près de la porte jusqu'à ce que, profitant d'une caisse libérée, il s'approche pour commander un cappucino glacé au nez de tous les pauvres clients (dont moi-même) qui attendaient. Un héros, qui me précédait dans la file, l'a alors interpelé pour lui rappeler que la queue commençait là-bas et qu'il passait devant tout le monde. Le sale porc se retourne, lui lance un regard méprisant et hausse les épaules: "C'est pas plus grave que ça." Le héros lui parle ensuite de savoir-vivre mais n'obtient aucune réaction, sinon d'un autre client (un autre héros) qui, depuis la caisse où il est déjà rendu, reproche haut et fort l'effronterie de l'effronté. Le sale porc, de plus en plus agacé, lance un truc que je n'ai pas compris dans le détail à cause de bruit, mais qui, assez clairement, se résume à ce que les files d'attente étaient pour les imbéciles et les niais. Puis il va s'asseoir savourer cette boisson froide que Karla Homolka rêvait de déguster à sa sortie de prison. Et pendant qu'il s'éloigne, le premier héros lui fait remarquer qu'avec une pareille attitude, il ne devait pas avoir beaucoup d'amis.

L'instant d'après, je commandais mon petit café noir et infect et je retournais dans la Gousse-mobile en me disant que ce sale porc ferait mieux d'être plus poli avec ces "niais" qui attendent, car sans leur docilité, cet homme, pour avoir son cappucino, devrait se battre avec eux.

2008/05/14

Pourquoi vous devez apprendre le catalan

J'ai reçu des commentaires comme quoi les citations catalanes que j'ai publiées récemment étaient incompréhensibles pour mes lecteurs. Soit. Mais j'invite ces mêmes lecteurs à y regarder d'un peu plus près. Le catalan est très proche du français, à l'oral, mais aussi, et beaucoup, à l'écrit. Un francophone qui se penche sur un texte catalan y reconnaîtra facilement plusieurs mots et certaines formes syntaxiques. Tenez, par exemple: Jo me'n vaig, pour "je m'en vais". Il suffit ensuite de rudiments d'espagnol pour rendre intelligibles des pans entiers de textes. J'en tiens pour preuve que mon premier contact avec la langue fut un roman que je me suis aventuré à lire et que j'ai pu terminer. Au fil des pages j'ai appris à reconnaître certaines prépositions, certains mots et verbes typiquement catalans.

Aussi je crois que les lecteurs de ce blogue sauront comprendre en partie les citations qu'on me reproche. Le catalan est facilement accessible à n'importe quel francophone. J'avance même l'hypothèse qu'il s'agit de la langue la plus proche du français.

Car le catalan est une langue, ne nous méprenons pas. Nous ne sommes pas ici en face d'un dialecte ou d'un patois. Le catalan est abondamment codifié, fort de nombreux dictionnaires, de grammaires et d'une orthographe normalisée depuis plus d'un siècle. C'est une langue vivante qui jouit de statuts officiels dans plusieurs législations d'Europe, une langue parlée par une dizaine de millions de personnes tant en Espagne que dans le sud de la France, à Andorre et même en Italie. Et enfin, c'est la langue d'un peuple qui ne peut qu'inspirer la sympathie pour les Québécois, tant la situation de la Catalogne ressemble à celle du Québec. J'irais même plus loin en affirmant qu'on ne peut honnêtement vouloir attirer la sympathie sur la cause identitaire du Québec sans afficher la même sympathie envers la même cause en Catalogne, et que s'initier à la culture catalane, notamment en en apprenant la langue, est, sinon un devoir, la moindre des choses.

Or, il se trouve qu'il est désormais facile d'apprendre le catalan au Québec grâce au module de langue et culture catalanes offert à l'Université de Montréal. Les cours débutant, intermédiaire et avancé sont donnés de manière intensive et s'étalent sur deux sessions. On en ressort, au bout d'un an, beaucoup plus apte à travailler ou à étudier à Barcelone, mais aussi meilleur citoyen.

Pour plus d'information: http://www.delce.umontreal.ca/cours/catalan/

2008/05/13

Encore une niaiserie dans la Presse:

C'est encore plus vrai au Québec, une société au statut flou dont les citoyens ont souvent des identités multiples.
-Alain Dubuc, Cyberpresse

Born a 12th of May

Le téléphone a sonné très tôt ce matin. Endormi, j'ai grogné à la Catalogne: "Veux-tu ben me dire qui ... oh! C'est mon frère!"
J'ai couru répondre: c'était ma mère qui m'appelait pour m'annoncer que j'étais devenu mononcle Gousse. Voilà. Pour ma belle-soeur c'est une toute autre histoire, mais pour moi, ça s'est passé tout doucement, pendant la nuit.

2008/05/11

Meurtre in utero

Pel desig d'aquest espai, els fetus de bessons desenvolupen una agressivitat prepart com no es dóna en cap altre cas de la reproducció animal i és que els historials dels hospitals registren minuciosament casos de bessons que neixen morts, alguns per hemorràgies internes, alguns perquè s'han embolicat amb el cordó umbilical fins a matar-se i llavors sempre es diu, en un eufemisme terrorífic, que ha estat conseqüència d'una sèrie de complicacions imprevisibles. Suposo que ningú no gosa parlar d'assassinat a una mare desfeta.
-Borja Bagunyà, Defensa pròpia

2008/05/10

Maniwaki fait encore jaser

Après Boomer le lion, voici que Maniwaki défraie encore les manchettes.

La Sûreté du Québec a procédé samedi après-midi à l'arrestation de l'homme qui aurait déchargé une arme à feu sur une résidence de la rue des Oblats, à Maniwaki, en Outaouais, dans la nuit de vendredi à samedi.
- Cyberpresse

2008/05/07

París és grisa, nano, i és freda i a mi la Diana em va acostumar a prendre el sol.
- Bojra Bagunyà, Defensa Pròpia

Deux squelettes

Hier au Téléjournal, l'animatrice a parlé de la découverte deux squelettes datant du XIXe siècle sur les Plaines d'Abraham, à Québec, en ajoutant que c'était un autre exemple de l'imposante histoire de Québec.

C'est vrai que, quand on y pense, peu d'endroits au monde se vantent de la valeur historique de cadavres anonymes vieux d'au plus deux cents ans. Il n'y a bien que dans l'est de l'Amérique du Nord que de telles fanfaronneries peuvent avoir lieu. Plus à l'ouest, rien n'est aussi vieux et ailleurs, partout ailleurs, dans le reste du monde au grand complet, non, on ne se targue pas de deux cents ans d'histoire.

Preuve de l'imposante histoire de Québec mon oeil.

2008/05/06

Ce qu’on voit beaucoup ces jours-ci, ce sont les dindes sauvages, il s’agit en fait d’un dindon et de sa dizaine de concubines. Lui fait la roue en plein milieu du champ, elles s’énervent tout autour, il en zigone
une, hop là, et puis une autre, et puis une autre, et puis la première revient, on voit bien à ses plumes toutes ébouriffées près du croupion qu’elle est déjà passée, salope, lui caquètent les autres, ça fait deux fois.
- Pierre Foglia

2008/05/05

Les beaux dimanches

Hier le chant distinctif d'un oiseau dans la ruelle me ramena brusquement à ces matins de camping au bord des lacs sablonneux entourés de pins rouges. Le soleil commençait à chauffer l'intérieur de la tente et l'oiseau nous tirait doucement du sommeil. J'ai ouvert la fenêtre pour mieux l'entendre et laisser un peu d'air frais entrer. La pluie réveillait l'odeur des arbres en fleurs et de mille autres choses dans la cour arrière. L'oiseau chantait toujours, ses pauses étaient relevées par le discret murmure des gouttes d'eau. Et aux carillons de l'église Saint-Édouard quelqu'un s'est mis à joué ce qui ressemblait à un menuet de Bach.

Catalonia My Love

Dans un mois, jour pour jour, je m'envolerai vers la Catalogne pour la seconde fois.

2008/05/04

RODOMONT, subst. masc. et adj.
I. Subst. masc., littér. Personnage fanfaron et hautain, homme qui se vante de prétendus actes de bravoure. Synon. fam. fier-à-bras. Faire le rodomont. Synon. de faire le matamore*.

II. Adj. [En parlant d'une pers.] Qui se conduit en bravache, en fanfaron.

De l'italien Rodomonte, nom d'un roi d'Alger courageux mais fier et insolent, personnage de l'Orlando innamorato de Boiardo, poème épique écrit de 1476 à 1492, puis de l'Orlando furioso de l'Arioste, continuation de l'œuvre de Boiardo écrite de 1506 à 1532.

Source: Le trésor de la langue française

2008/05/02

Mais à qui appartient ce lion?

On la croyait finie, mais la saga se poursuit. Un homme prétend être le véritable propriétaire du lion, qu'il avait envoyé se faire garder à Maniwaki:

M. Day explique que Boomer était sous la garde de son ami, Stanley Dumont Whiteduck, qui habite sur la réserve autochtone de Kitigan Zibi, lorsqu'il s'est échappé.
-Cyberpresse

Pendant ce temps, M. Dumont Whiteduck attaque des journalistes avec son camion:

M. Dumont-Whiteduck a foncé vers eux une première fois en s'arrêtant tout près de leur véhicule. Il aurait ensuite reculé pour reprendre son élan et emboutir leur voiture, la traînant sur plusieurs mètres avant de la coincer contre une remorque.
-Cyberpresse

Non mais y s'en passe-tu des affaires?

Enfin, Cyberpresse présente un album photo du lion mignon comme tout. On y voit aussi, accessoirement, des gens que je connais.

Se faire violer au Pôle Sud

La tragique histoire du pingouin violé par une otarie.

De Bruyn and a colleague were on Trypot beach at Marion Island to study elephant seals when they noticed a young, adult male Antarctic fur seal, in good condition, attempting to copulate with an adult king penguin of unknown sex.
- BBC

2008/05/01

Je pense que c'est la fin de l'histoire: le lion s'en va à Granby.

Ti-lion

Hier j'ai téléphoné à ma belle-soeur, qui habite tout près de Kitigan Zibi (la journaliste à Radio-Canada a dit Kitigan Ziggy).

Gousse: Ouin, comme ça il y a un lion proche de chez vous ?
Belle-soeur: Ouin, ton frère m'a appelé pour me dire de pas trop sortir de la maison.
Gousse: Il est où, mon frère?
Belle-soeur: Parti faire un tour en canot...

Et nous avons tergiversé sur les possibilités qu'un lion ose se tremper la patte dans les eaux froides du Lac des Cèdres dès sa première journée de liberté.

En me couchant hier, j'imaginais mon frère donner des coups de rames au félin transi qui essaierait de monter dans l'embarcation. Puis j'ai imaginé ma parturiante belle-soeur se faire attaquer par l'animal, alors qu'elle monte dans l'auto qui devait l'emmener accoucher à l'hôpital.

Enfin, cette nuit, ils ont retrouvé le lion perdu.


Le bébé est prévu pour ce weekend. Mon neveu. J'espère qu'ils l'appeleront Léo.