2011/01/30

Les crevettes et nous

Ça m'a frappé devant les congélateurs des produits surgelés au supermarché. Bon, d'accord, je l'avais toujours un peu su avant, mais j'ai vu dans ces crevettes frigorifiées, décapitées, déveinées, décortiquées, embrochées et, pour finir, plastifiées, la preuve ultime de l'effort collectif que représente pour nous de manger un fruit de mer.

Lorsque j'étais enfant, dans ma forêt natale, même si nous mangions régulièrement les poissons que nous pêchions nous-mêmes dans les lacs environnants, les produits marins, réellement marins, n'étaient pour moi que des rectangles enchapelurés de marque High Liner ou encore un concept télévisuel. De Passe-Partout qui hésitait longtemps avant de manger sa salade de crevettes, à Passe-Montagne heureux de manger une huître, en passant par les annonces de Red Lobster, le petit écran nous passait chaque fois le même message : même si les fruits de mer vous écoeurent, vous les aimez quand même. Essayez-les, pour voir.

Au fond, c'est un peu grâce à Marie Eykel si je ne me suis pas trop méfié, la première fois que j'ai mangé des crevettes. Et, je vous en fais la confidence, la première fois que j'ai mangé une huître, je pensais à Jacques L'Heureux.

J'aurais pu m'arrêter là. Mais il a fallu que la Catalogne entre dans ma vie et m'emmène me noyer dans des festins méditerranéens. Ah ! Que de poissons grillés, de pieuvres et de crustacés ai-je mangé sous le soleil du Ponant ! Que de poissonneries ai-je visitées où les produits de la mer, franchement pêchés, s'achetaient en vrac avec un gant de plastique et un panier ! Et où les crevettes ont des têtes ! Le saviez-vous, que ces bestioles étaient pourvues de têtes ? Les Catalans adorent cuisiner leurs crevettes entières. Une fois qu'elles sont dans leur assiette, ils les décapitent pour sucer le jus qui s'écoule de leur chef. Du jus de ciboulot de crevette... Tsé.

De retour au Québec, devant la porte vitrée me séparant des crevettes surgelées, invariablement étêtées et toutes précuites, surtout précuites, rougement précuites, à l'exception de celles disposées en brochettes, la mer me paraît bien loin. Je sais qu'au marché Jean-Talon, les poissonniers ont une offre bien plus intéressante, mais c'est l'exception qui confirme la règle : au Québec, on veut bien manger des fruits de mer, mais pas trop souvent. Remarquez, on a bien le droit. Mais pour celui qui a une fringale crevettière en dehors des heures d'ouvertures du fameux marché, s'il ne veut pas ses crustacés surgelés et précuits, il n'a pas le choix de sortir du supermarché et se diriger vers l'épicerie africaine sur Saint-Denis. Là-bas, on congèle les crevettes, mais on ne les précuit pas. Ça se voit facilement : au lieu d'être rouges, elles sont grises. Le saviez-vous, que les crevettes étaient grises ?

2011/01/26

Encore un petit effort...

J'en ai presque terminé avec mon projet de traduction. Dernières retouches avant la livraison finale. L'oeuvre paraîtra en avril.

2011/01/15

Flashback

Je ne pouvais quand même pas ne pas citer ce passage de Bakakaï :
Mme Philidor frissonne de froid et de honte. (Witold Gombrowicz, Bakakaï, "Philidor doublé d'enfant"

2011/01/14

Comme un refus

Où étaient les craintes, l'effroi, la gêne et la honte ? (Witold Gombrowicz, Bakakaï, "Dans l'escalier de service")
À sa fondation, ce blogue se basait sur la honte et le froid (mes plus fidèles lecteurs s'en souviendront - et les autres peuvent consulter les archives), deux thèmes remplis de potentiels si l'on considère que la honte, l'indignation, le scandale sont partout et que la plus grande utopie de notre époque néo-posto-moderno-machin est de construire un monde plus froid.

Mais soudain en 2006 la Catalogne est arrivée dans ma vie. Ça vous réchauffe un monde, ça, une catalogne, LA Catalogne. Et j'ai reçu mon totem de Gousse craintive lors d'un rite initiatique en forêt. Ça vous rebaptise un blogue, ça, une gousse qui craint. Mais ça ne va pas plus loin. La crainte, ça ne mène à rien. Je ne sais pas ce que mon shaman a pensé.

Bon, alors je fais quoi ? Je rebaptise ces lieux ? Je les refonde au nom de la chaleur, du métissage et des métamorphoses ? J'y ai songé et pendant ce temps, ben, ça stagnait par icitte. J'y songe encore, mais ce n'est plus ça qui va m'empêcher de blogasser. C'est fini, ce temps-là. "Place à la magie !"

2011/01/09

Rechute

Je ne pouvais refuser ça à Dirce. Elle n'avait pas de déca, mais elle se faisait un tel plaisir à m'offrir un cappuccino que j'ai cédé. Une fois n'est pas coutume. Et puis, ça aurait pu être pire : j'aurais pu être alcoolique.

2011/01/07

Mon emploi du temps

Le jour, je programme et le soir, je traduis. On pourrait penser que cela explique ma longue absence sur ce blogue, mais ce serait une erreur : cela explique plutôt mon retour ici. À un moment donné, un gars veut écrire ce qui lui plait et non pas ce que lui dicte un algorithme ou un texte à traduire.

2011/01/05

S'exposer aux souillures

En tant qu'homme, je ne puis ni ployer les épaules, ni m'exposer innocemment aux souillures. (Witold Gombrowicz, Bakakaï)
Gombrowicz n'a pas écrit que des nouvelles, il a aussi écrit des romans, dont l'un, fort agréable à lire, s'intitule La Pornographie.

2011/01/04

Bakakaï

Qu'est-ce que je lis ces temps-ci ? Bakakaï, un recueil de nouvelles de Witold Gombrowitcz. C'est drôle, c'est absurde souvent. En lisant, je me suis dit qu'on devrait faire lire ça à des collégiens. J'aimais ça, adolescent, lire des choses drôles. Je suis sûr que les ados d'aujourd'hui aimeraient ces drôleries-là. Puis je suis tombé sur des mots regrettables, comme nègre, et une panoplie de clichés tribaux. Un texte qui vieillit mal, quoi. On ira sûrement pas mettre ça dans les collèges, foi de Gousse.

Retour

Je pense que vous pouvez voir ça comme une résolution du nouvel an. Vous pensez que ça ne vaut rien ? La dernière fois que j'en ai pris une, c'était il y a deux ans. No more coffee for me. Ça tient toujours...