2008/12/31

Pétrone et le désir

Ce qui est permis paraît sans valeur, et l'esprit, aveuglé, ne chérit, dans son erreur, que ce qui est défendu.
- Pétrone, Le Satiricon

2008/12/22

Décourager les plaisantins

Un autre titre idoine de Cyberpresse : 
Le SPVM veut décourager les plaisantins

Un sénateur de mon coin de pays

Patrick Brazeau est un membre de la nation algonquine et un citoyen de la réserve indienne de Kitigan Zibi, limitrophe de la ville de Maniwaki, au Québec. Ardent défenseur des droits des Autochtones, il devient, en février 2006, le Chef national du Congrès des Peuples Autochtones. Il utilise cette tribune pour promouvoir le développement économique et social des Autochtones, principalement ceux vivant hors réserve. M. Brazeau a une ceinture noire en karaté et a servi au sein de la Réserve navale des Forces canadiennes du NCSM Carleton, à Ottawa. (Blogue de Chantal Hébert)

Je me petit débrouille

Dans mon temps, les émissions jeunesse nous préparaient au monde des adultes. Tenez, par exemple, l'autre jour, l'envie m'a pris d'aller me faire cuire un oeuf. Je dis un oeuf, mais en vérité, c'était quatre. Je voulais une omelette à partager avec la Catalogne. J'ouvre donc le frigidaire et sors le paquet d'oeufs qui y traînait depuis un bout. Date de péremption: quatre jours plus tôt. Ces oeufs étaient-ils pour autant foutus ? Pouvais-je faire mon omelette en cassant des oeufs sans risquer d'empester le manoir d'émanations sulfureuses ? Pour le savoir, j'avais mon truc, une leçon apprise à écouter assidûment les Débrouillards quand j'étais gosse.

Voici la recette : mettre tous les oeufs dans le même grand bol et ajouter de l'eau. Ceux qui flottent sont bons pour la poubelle; les autres sont bons pour une omelette. Dans mon cas, il n'y en avait qu'un qui flottait. Les autres se tenaient au fond. C'est ainsi que j'ai pu séparer le bon grain de l'ivraie. L'omelette était délicieuse.

Mais comment fonctionne ce prodige ? vous demandez-vous. Hé bien voici. Il faut d'abord savoir que la poule pond naturellement des oeufs qui coulent, mais laissés à eux-mêmes pendant un certain temps ces curieux objets se putréfient. Or, la putréfaction est d'abord une affaire de gaz dont sera à ce point gorgé l'oeuf le plus pourri qu'il ne pourra faire autrement que flotter. L'oeuf sain, lui, encore plein et de blanc et de jaune, est trop dense pour fréquenter la surface.

Ce soir-là, en brassant mes oeufs, j'ai eu une pensée toute spéciale pour Marie-Soleil. Dieu ait son âme.

D'un océan à l'autre

Ce Noël sera la premier Noël blanc à la grandeur du Canada depuis 1971. C'est ici que c'est écrit.

2008/12/21

Je parcourais, exalté, la rocaille, me répétant que chaque brindille ici s'appelait thym, origan, romarin, basilic, ciste, laurier, lavande, arbousier, câprier, lentisque, qu'elle possédait ses lettres de noblesse et qu'elle avait reçu sa charge privilégiée.
- Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques

2008/12/19

Comment je suis devenu la Gousse craintive

Je reçois des milliers de courriels qui me demandent d'où me vient ce nom de Gousse qui craint. Pour répondre à cette question, il me faut d'abord vous expliquer, fidèles lecteurs, comment il se fait que j'ai, dans les veines, un peu de sang rouge, c'est-à-dire du sang indien. Car je n'ai pas obtenu ce précieux sang du Nouveau Monde par la méthode habituelle. Normalement, il suffit de verser quelques gouttes de ce plasma dans l'œil en pleurs du bébé naissant et le tour est joué. C'est un jeu d'enfants comparativement à la circoncision, à un point tel que, bien souvent, ce n'est pas le docteur, mais les frères et sœurs du nouveau-né qui s'offrent généreusement, en se taillant eux-mêmes l'index au-dessus de la jeune pupille. Mon cas est différent. Sans en connaître les détails, il s'agirait d'une histoire de semences et d'ovaires qui commence au début du XXe siècle derrière la poudrière d'un poste de traite et qui se termine sous une tente, à la chasse à l'orignal en 1977. L'histoire ne dit pas si la chasse a été fructueuse cette année-là, mais on peut parier, en se basant sur les traditions du clan, que le cas échéant, mon totem eut été celui du puissant cervidé et non celui d'un bulbe blanc de peur.

Car il s'agit bien d'un totem. À l'adolescence, prêt à devenir un homme, je fus envoyé nu en forêt pendant une semaine, sans manger, comme le prescrit la tradition. Dès mes premiers pas sur le tapis de feuilles mortes, d'épines et de crottes de lièvre, je maudissais le ciel de n'être pas né en Papouasie, où les rites d'obtention de la virilité étaient bien plus en accord avec mes bas instincts que cette sordide escapade. Je n'avais pas fait dix pas dans les fardoches que j'étais déjà couvert de brûlantes éraflures.

Je garde un vague souvenir de cette mystique semaine. Je me souviens que deux corbeaux passaient souvent dans le ciel en croassant, volant toujours dans la même direction; le bruit des manducations du porc-épic qui, à la tombée du jour, faisait son souper d'un peuplier. Chaque soir il revenait à l'entaille de la veille, continuant sa longue et patiente ingestion de l'arbre. J'enviais le sort de ce rongeur qui, au fond, devait jouir comme un enfant devant une maison de pain d'épice.

Au bout d'une semaine, mes congénères du clan de l'Orignal au bras coupé ne s'inquiétèrent pas de mon non-retour. Il arrivait souvent, en effet, qu'il faille aller chercher le jeune initié agonisant de famine dans la forêt. Ils le faisaient chaque fois en chantant et le pas léger, comme s'ils allaient cueillir des champignons ou comme les Sept Nains rentrant de la mine. Mais leur chant s'arrêta lorsqu'ils me trouvèrent, trop stupéfaits de voir ma situation. J'étais en effet bien enfoui sous l'humus, littéralement enterré vivant, n'ayant que le derrière de la tête d'exposé aux intempéries. Ce sont les deux plumes, qui y étaient accrochées, qui signala ma présence. On déterra mon corps, nu et blanc, terriblement blanc et sans aucune souillure, tout à fait aseptisé. On eût dit un ange. Le shaman me demanda : Kitigan zibi anishihabed ? Ce à quoi je répondis oui. Puis il me demanda : Ajawajiwesi bitobi ? Il voulait savoir pourquoi je m'étais caché sous terre. Je lui répondis : J'avais froid, j'avais si froid, à cause de la peur. J'étais terrifié. Le shaman remarqua mon haleine. N'ayant pu supporter le jeûne, j'avais triché en croquant de l'ail des bois. Alors le shaman comprit que mon totem était une Gousse craintive. Et c'est là qu'il me sodomisa, pour éprouver ma virilité.

Non, c'est une blague, il ne m'a pas sodomisé. J'ai plutôt été banni du clan, pour n'avoir pas respecté le jeûne. Voilà. Vous savez tout, maintenant.

2008/12/18

Souvenir de Wildwood

Malgré tout ce que l'on raconte sur le réchauffement du monde, la mer, en 2003 à Wildwood, ne s'était toujours pas réchauffée. Nous trempions timidement l'orteil dans ces eaux glaciales où flottaient les méduses, seule source probable de brûlures. Au loin, deux dauphins passaient. Nous sommes restés sur le sable, à croquer des fromages et à réciter des vers, spectacle étrange pour la gente suintante et vulgaire de cet endroit. Parfois, une belle créature passait et nous suspendions nos mots à plus tard pour mieux accrocher nos regards à ces corps. C'était de beaux moments. Et nous rentions le soir au môtel, la peau brûlée par le soleil, car nous avions oublié ses ardeurs à trop nous méfier des jellyfish qui s'échouaient à nos pieds.

2008/12/15

Qui l'eût cru ?

Traiter quelqu'un de chien et lui lancer des chaussures sont deux gestes considérés comme des signes de mépris dans le monde arabe. (Radio-Canada.ca)

2008/12/12

Il fait si beau dans le métro

Il neige dans ce coin-ci du monde depuis toujours, ou presque. Disons prudemment qu'il neige ici depuis 6000 ans.  Je ne comprends pas qu'on s'en étonne encore. 

Le transport en commun n'est pas un système d'appoint, c'est l'automobile qui en est un. Ainsi, on peut aller où on veut, été comme hiver, sous les tempêtes et intempéries de toutes sortes autant que sous le ciel bleu, le soleil et les fleurs.  C'est-y pas beau, ça ? 

Quand on fait le contraire, quand on prend le bus seulement dans les cas extrêmes, ça donne ça: 
Pu capable ! Pu capable de lire les curés de l’écologie blâmer les gens qui osent prendre leurs autos en temps de tempête de neige. Quelqu’un me demande : Oui, mais pourquoi t’as pris ton auto, l’autobus, ça te tentait pas ?

C’est pas la solution-miracle, le bus et le métro, dans une tempête de neige.

Primo, quand il neige toute la nuit, c’est ce que je fais. J’annule des rendez-vous, je déplace des engagements, je m’arrange pour faire du bureau. Je prends le métro et je marche. Là-dessus, vous avez raison.

Deuzio, la neige a commencé à tomber en après-midi, et quand on parle de 20 centimètres, ça inclut toute la bordée. Il n’y avait pas, à 17h, en plein bordel, 20 centimètres. Il y avait (encore) une opération déneigement mal fignolée. Comme bien d’autres gens, je suis monté dans ma voiture en me disant que la chute de neige n’étant pas si importante, « ça l’allait ben aller », comme qu’on dit. Ce ne fut pas le cas.


2008/12/11

Mon petit nombril aujourd'hui

Un fort joli acteur s'est coupé la gorge devant son public après que son faux couteau ait été secrètement remplacé par un vrai (toute l'histoire ici).

2008/12/09

Un véritable conte de fée

Je crois rêver : 
Stéphane Dion et Mario Dumont qui démissionnent la même semaine.

2008/12/08

La cerise sur le sundae

J'ai des raisons de penser que je ne supporte plus les cerises même en confiture. 

Pourquoi je n'offirai L'Aveuglement à personne ce Noël

N'ayant rien lu d'aussi bon depuis des lustres, il va sans dire que L'aveuglement faisait partie des cadeaux que j'ai l'intention d'offrir cette année. Que voulez-vous, j'aime partager mon bonheur.

Hier, j'ai donc voulu acheter un exemplaire de ce délicieux ouvrage. Chez Raffin, j'ai trouvé une édition différente de la mienne, une édition post-film à l'effigie des acteurs qui ont incarné les personnages. Parce que vous savez ce que je pense de cette adaptation cinématographique, comprenez-vous que j'ai décidé de remettre le livre sur la tablette et traverser la rue jusqu'au Renaud-Bray ?  Mais là-bas aussi, il y avait cette fichue édition. 

J'aurais pu passer outre cette malheureusement association entre un roman magistral et un film pourri et offrir le livre malgré tout. Mais il y a pire. Bien pire. Le livre, figurez-vous, a changé de titre. La version française s'intitule désormais Blindness. Oui oui, vous avez bien lu : "La version française s'intitule désormais Blindness." En sous-titre, entre parenthèses, on spécifie qu'il s'agit de (L'Aveuglement). Oui, oui, en sous-titre (donc en plus petits caractères) et entre parenthèses. Le summum de l'indécence. J'ai remis le livre à sa place et suis sorti, indigné. 

Marcher dehors à -15C

Le froid a asthmatisé mon respire. Je prends du café pour me rétablir, moi qui avais fait voeu, jeudi, de ne plus en boire.