2008/12/22

Je me petit débrouille

Dans mon temps, les émissions jeunesse nous préparaient au monde des adultes. Tenez, par exemple, l'autre jour, l'envie m'a pris d'aller me faire cuire un oeuf. Je dis un oeuf, mais en vérité, c'était quatre. Je voulais une omelette à partager avec la Catalogne. J'ouvre donc le frigidaire et sors le paquet d'oeufs qui y traînait depuis un bout. Date de péremption: quatre jours plus tôt. Ces oeufs étaient-ils pour autant foutus ? Pouvais-je faire mon omelette en cassant des oeufs sans risquer d'empester le manoir d'émanations sulfureuses ? Pour le savoir, j'avais mon truc, une leçon apprise à écouter assidûment les Débrouillards quand j'étais gosse.

Voici la recette : mettre tous les oeufs dans le même grand bol et ajouter de l'eau. Ceux qui flottent sont bons pour la poubelle; les autres sont bons pour une omelette. Dans mon cas, il n'y en avait qu'un qui flottait. Les autres se tenaient au fond. C'est ainsi que j'ai pu séparer le bon grain de l'ivraie. L'omelette était délicieuse.

Mais comment fonctionne ce prodige ? vous demandez-vous. Hé bien voici. Il faut d'abord savoir que la poule pond naturellement des oeufs qui coulent, mais laissés à eux-mêmes pendant un certain temps ces curieux objets se putréfient. Or, la putréfaction est d'abord une affaire de gaz dont sera à ce point gorgé l'oeuf le plus pourri qu'il ne pourra faire autrement que flotter. L'oeuf sain, lui, encore plein et de blanc et de jaune, est trop dense pour fréquenter la surface.

Ce soir-là, en brassant mes oeufs, j'ai eu une pensée toute spéciale pour Marie-Soleil. Dieu ait son âme.

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