2005/03/30

"J'ai honte, Mister Murphy. J'ai honte d'avoir pensé qu'il serait facile d'assister à votre mort comme à un spectacle édifiant, j'ai honte d'avoir cru que vous pourriez demeurer jusqu'à la fin anonyme."
- Monique Proulx, Les Aurores montréales

Dehors l'hiver

"L'hiver est dehors, l'hiver tout ce temps continuait de vivre à notre insu, avec sa blancheur. [...] Les truffes à la main, je ne m'avance pas en direction de la porte, je marche dans la neige pour sentir le froid m'agresser les pieds."
- Monique Proulx, Les Aurores montréales

2005/03/29

On the road to Chibougamau

La route vers Chibougameau est longue. On part tôt le matin et le soir on laisse le soleil derrière soi.



Mais entre temps, pendant que la neige s'épaissit et que les épinettes se multiplient, des gens frissonnent sur le bord de la route isolée.


Et les coupes à blanc font honte.

2005/03/24

Nicolas Champderoses

"Éliane avait oublié que Nick Rosenfeld est grand et froid comme un paysage polaire."
- Monique Proulx, Les Aurores montréales

Ce livre ne contient pas autant de froid que je ne l'avais espéré.

Ceci est mon dernier billet avant mon départ pour le congé de Pâques. Je pars pour le Grand nord. À mardi.

2005/03/23

Miracle sur mon lit de mort

Voilà, c'est fini, je suis guéri. Un gros merci à tous ceux qui m'ont supporté dans mon épreuve.
Je profite également de l'occasion pour saluer Xenodus, qui est devenu formidable cette semaine. Bravo.

2005/03/22

Teuf teuf

Ça m'arrivait si rarement que j'en étais presque rendu à me croire immunisé, mais c'est maintenant officiel, pour la première fois depuis, oh un bon trois ans, je suis enrhumé.
Je souffre, comprenez-vous?

2005/03/21

26e jour de grève

Si ç'avait été une grève de la faim, je serais déjà mort.

2005/03/19

Samedi martini




Beaucoup de gin,
Quelques gouttes de vermouth.

Des cagoules roses contre la honte et le froid.

Je suis un chevreuil

Trouvé ce blog contenant une belle suite de billets sur les chevreuils aggrémentée de photos enneigées. Vous connaissez ma passion pour les chevreuils et le froid.

Et en plus la Française fait référence à mon blog. :)

Content de voir que mes photos servent à quelque chose.

2005/03/18

Les Panthères roses

On ne sait jamais comment les journées se passeront. Un jour on se lève et plus tard on se retrouve dans la rue avec une cagoule rose, dans une manif ayant pour figure de proue un travesti hurlant des slogans dans son porte-voix: "So-So-So... So-do-mie!"

2005/03/15

Next

Prochaine proie: Monique Proulx, Les Aurores montréales, que j'ai pris dans la bibliothèque de ma coloc. Sur la première page, en haut, elle a écrit au plomb: "1994->27/02"

Déjà, dès le début, ce livre promet beaucoup:
"Le mot "nordique" veut dire qu'il fait froid comme tu ne peux pas imaginer même si c'est seulement novembre. [...] Mais on s'habituera, c'est sûr, le chemin de la richesse est un chemin froid."

Une rafale de honte et de froid.

La Belle Bête, finalement, n'était pas si mauvais. Ce livre était froid, très froid. Ci-joint un blitz glacial et honteux.

"Tout à coup, il crut distinguer Louise et Lanz étroitement enlacés qui fuyaient entre les buissons."

"Lanz se sentait devenir froid, lui qui n'avait jamais songé à la mort ni à l'esprit-mort, lui qui n'avait que ses habits, ses femmes, les bijoux de Louise et la canne d'or."

"Michael ouvrit les yeux. Il les écarquilla et, à sa façon de la regarder, Isabelle-Marie comprit qu'il voyait. Aussitôt elle eut honte."

"Louise s'écarta du jeu d'échecs abandonné:
- Oh! Isabelle-Marie, tu viens me montrer ta petite fille?
Isabelle-Marie dissimula l'enfant et disparut dans sa chambre.
Dans un coin, Patrice soignait ses ongles comme une coquette."

"-Mère, demanda Patrice en l'embrassant, qu'y a-t-il?
- Rien, mon grand. J'ai eu si froid. Le froid me fait toujours pleurer. Tu le sais bien."

"Distraite de son mal honteux par son fils, Louise continuait de croire en sa vie, nourrie de vanité.
Mais sous le fard elle sentait souvent le pus qui se répandait. Elle enfouissait alors sa joue dans un mouchoir."

"Louise rentrait vite, prétextant qu'elle avait besoin de sommeil. Le ver mangeait perfidement sa joue."

"Effrayée par la nouvelle voix, l'enfant s'agenouilla devant Louise:
- J'ai froid, pleura-t-elle.
Quand Anne regarda sa mère elle eut plus froid encore."

"Une nuit, la main de Patrice l'aplatit sans le vouloir, cette main d'homme à moitié enfant étouffa l'araignée d'un ongle froid."

"-Bien sûr, je suis riche.
Mais sa vieille bouche nageait dans le pus."

La tisane à la mangue.

Je bois une tisane à la mangue.
Cette tisane me brûle la langue.
Au fond de ma gorge, le mucus est dissout.
Bientôt, je ne goûterai plus rien.

2005/03/13

"Ma vitre est un jardin de givre."
-Émile Nelligan, Soir d'hiver


Le sinistre frisson des choses.

2005/03/12

On ne le dirait pas, mais le printemps est presque là. L'arrivée de la saison chaude marquera-t-elle la fin de ce blogue consacré au froid? Non. Car il y aura toujours de la honte et tant qu'il y aura de la honte il y aura ce blogue.

2005/03/10

"Arrêté sur le seuil, pour la première fois, elle éprouva de la honte devant elle-même et devant cet homme qui dormait, comme si elle l'eût trouvé gisant sous sa propre peau."
- Marie-Claire Blais, La Belle Bête

"Mais Patrice était un idiot. Isabelle-Marie savait que sous ce pâle visage il y avait le lourd assoupissement de l'intelligence, la léthargie des cerveaux qui ne vivent pas. "Comme il doit faire froid derrière sa peau", pensait-elle - et elle avait honte de le voir dormir, sans trouble, protégé par l'épaule maternelle, tandis que le regard de sa mère, toute cette femme, s'appuyait sur cette seule et fragile beauté."
- Marie-Claire Blais, La Belle Bête

Marie-Claire Blais, La Belle Bête

J'ai enfin terminé Le père Goriot, non pas que ce roman soit mauvais, bien au contraire, j'ai eu un plaisir fou à le lire, mais j'ai tant traîné, j'avais hâte de passer à autre chose.

Prochaine proie: Marie-Claire Blais, La Belle Bête, qui n'est pas si bon que Une saison dans la vie d'Emmanuelle, mais qui se lit si vite que je l'ai presque déjà terminé.

Je ne sais plus trop comment ce livre est arrivé dans ma bibliothèque. À l'endos de la couverture, un ancien propriétaire a inscrit "007" avec un crayon de feutre noir. Il a fait la même chose sur le fil des pages, en bas. Sur la page-titre, on trouve une estampe de la bibliothèque de l'école Le Carrefour, à Gatineau. Non, vraiment, je ne vois pas comme ce livre a pu aboutir dans mes mains.

2005/03/06

L'amante

"Si je sens le bonheur d'être riche, c'est pour mieux vous plaire. Je suis, à ma honte, plus amante que je ne suis fille."
- Honoré de Balzac, Le père Goriot

Pouah!

" - Delphine ! tu es une...
Le père Goriot s'élança, retint la comtesse et l'empêcha de parler en lui couvrant la bouche, avec sa main.
- Mon Dieu ! mon père, à quoi donc avez-vous touché ce matin ? lui dit Anastasie."
- Honoré de Balzac, Le père Goriot

La beauté et le froid

" - Si, elle t'aime, Nasie, cria le père Goriot, elle me le disait tout à l'heure. Nous parlions de toi, elle me soutenait que tu étais belle et qu'elle n'était que jolie, elle !
- Elle, répéta la comtesse, elle est d'un beau froid."
- Honoré de Balzac, Le père Goriot

Chaleur humaine

"J'en mourrai, dit le père Goriot. Voyons, reprit-il en remuant son feu de mottes, approchez-vous toutes les deux. J'ai froid."
- Honoré de Balzac, Le père Goriot

Être un fripon

" - Mais c'est donc un fripon ?
- Eh bien ! oui, mon père, dit-elle en se jetant sur une chaise en pleurant."
- Honoré de Balzac, Le père Goriot

Les jeux de l'amour

"- Je suis si peureuse, si superstitieuse, donnez à mes pressentiments le nom qu'il vous plaira, que je tremble de payer mon bonheur par quelque affreuse catastrophe.
- Enfant, dit Eugène.
- Ah ! c'est moi qui suis l'enfant ce soir, dit-elle en riant."
- Honoré de Balzac, Le père Goriot

2005/03/02

Vautrin ira en tôle

Le métro allait bientôt quitter la station Snowdon et en attendant, les wagons se remplissaient jusqu'à ce que devant moi s'assoie une grosse fille suivie de peu par un jeune flanc mou à lunettes solaires. Ce dernier s'assoie à quelques pas d'elle et lui demande, d'une voix assez forte pour non seulement couvrir le bruit des conduites d'air, mais pour aussi remplir la voiture au grand complet: Qu'est-ce t'as, merde?

À bien y penser, il ne le lui demande pas, le ton de sa voix étant trop sec pour qu'il s'agisse d'une question, non, plutôt il lui ordonne de répondre: Qu'est-ce t'as, merde!! Et la fille de l'envoyer paître.

Je ne transcriverai pas ici tout le contenu de leur vaine conversation, il suffit simplement au lecteur de savoir que les deux tourmentés s'interpellaient dans un anglais aussi relâché que ponctué d'injures, de jurons et autres fuck! mal placés. Leur ton était celui de l'engueulade perpétuelle, blasée, familière. Et pour l'aspect visuel, il faut les voir vêtus de noir, non pas le noir qu'arborent les gothiques, mais plutôt un noir coulé dans le rock.

La fille s'est rapidement lassé de cet interrogatoire et s'en est libéré ma foi assez facilement d'un signe exaspéré. Le garçon ne pouvant tenir sa langue sale bien longtemps, il s'est aussitôt mis à la faire bruyamment claquer dans son palais jusqu'au départ du train. À partir de cet instant, ce n'était plus possible de l'entendre.

Mais le train n'avait pas encore quitté complètement la station qu'il a freiné brusquement. Le garçon s'est aussitôt mis à cracher son fiel à l'endroit de quelqu'un que je n'ai pu identifier à l'autre bout du wagon. Le traitant d'imbécilité dans toutes les nuances de la langue anglaise, il l'accusait d'être la cause de l'arrêt soudain. Il parlait fort. On n'entendait que lui, jusqu'à ce qu'un jeune noir lui demande: "Qu'est-ce t'as merde?" Et le garçon de répondre que les niaiseries de son ami avaient provoqué l'arrêt du train et que son ami était stupide et qu'il en avait assez des gens stupides, etc. De son siège, la fille renchérissait en jurant comme jappe une chienne et en approuvant tout ce que sa loque de compagnon pouvait cracher comme grossièreté.

Le noir a répondu que ces amis n'étaient pas ces amis. "Et bien si ces amis ne sont pas tes amis, ferme ta gueule.
- Ouais, ferme-la ta sale gueule, d'ajouter la fille. Pourquoi tout le monde me regarde?"
Moi, je ne regardais déjà plus depuis longtemps. J'avais le nez plongé dans Le père Goriot et j'essayais de me concentrer sur le passage où Vautrin se fait arrêter. Écouter me suffisait pour avoir une bonne idée de ce qui se passait. Surtout, ne pas lever les yeux.

- Qui te regarde? demande le garçon.
- Mais regarde! répond la fille. Et je l'aperçois du coin de l'oeil pointer des usagers en silence. Fuck! Arrêtez de me regarder!

N'en pouvant plus de tous ces regards, elle se tourne vers la fenêtre à sa gauche et essaie d'oublier. Alors que le métro reprend la route, et jusqu'à ce que je débarque à la prochaine station, elle risque un oeil ici et là et, se jugeant encore observée, retourne immédiatement la tête vers le hublot.