2008/12/31

Pétrone et le désir

Ce qui est permis paraît sans valeur, et l'esprit, aveuglé, ne chérit, dans son erreur, que ce qui est défendu.
- Pétrone, Le Satiricon

2008/12/22

Décourager les plaisantins

Un autre titre idoine de Cyberpresse : 
Le SPVM veut décourager les plaisantins

Un sénateur de mon coin de pays

Patrick Brazeau est un membre de la nation algonquine et un citoyen de la réserve indienne de Kitigan Zibi, limitrophe de la ville de Maniwaki, au Québec. Ardent défenseur des droits des Autochtones, il devient, en février 2006, le Chef national du Congrès des Peuples Autochtones. Il utilise cette tribune pour promouvoir le développement économique et social des Autochtones, principalement ceux vivant hors réserve. M. Brazeau a une ceinture noire en karaté et a servi au sein de la Réserve navale des Forces canadiennes du NCSM Carleton, à Ottawa. (Blogue de Chantal Hébert)

Je me petit débrouille

Dans mon temps, les émissions jeunesse nous préparaient au monde des adultes. Tenez, par exemple, l'autre jour, l'envie m'a pris d'aller me faire cuire un oeuf. Je dis un oeuf, mais en vérité, c'était quatre. Je voulais une omelette à partager avec la Catalogne. J'ouvre donc le frigidaire et sors le paquet d'oeufs qui y traînait depuis un bout. Date de péremption: quatre jours plus tôt. Ces oeufs étaient-ils pour autant foutus ? Pouvais-je faire mon omelette en cassant des oeufs sans risquer d'empester le manoir d'émanations sulfureuses ? Pour le savoir, j'avais mon truc, une leçon apprise à écouter assidûment les Débrouillards quand j'étais gosse.

Voici la recette : mettre tous les oeufs dans le même grand bol et ajouter de l'eau. Ceux qui flottent sont bons pour la poubelle; les autres sont bons pour une omelette. Dans mon cas, il n'y en avait qu'un qui flottait. Les autres se tenaient au fond. C'est ainsi que j'ai pu séparer le bon grain de l'ivraie. L'omelette était délicieuse.

Mais comment fonctionne ce prodige ? vous demandez-vous. Hé bien voici. Il faut d'abord savoir que la poule pond naturellement des oeufs qui coulent, mais laissés à eux-mêmes pendant un certain temps ces curieux objets se putréfient. Or, la putréfaction est d'abord une affaire de gaz dont sera à ce point gorgé l'oeuf le plus pourri qu'il ne pourra faire autrement que flotter. L'oeuf sain, lui, encore plein et de blanc et de jaune, est trop dense pour fréquenter la surface.

Ce soir-là, en brassant mes oeufs, j'ai eu une pensée toute spéciale pour Marie-Soleil. Dieu ait son âme.

D'un océan à l'autre

Ce Noël sera la premier Noël blanc à la grandeur du Canada depuis 1971. C'est ici que c'est écrit.

2008/12/21

Je parcourais, exalté, la rocaille, me répétant que chaque brindille ici s'appelait thym, origan, romarin, basilic, ciste, laurier, lavande, arbousier, câprier, lentisque, qu'elle possédait ses lettres de noblesse et qu'elle avait reçu sa charge privilégiée.
- Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques

2008/12/19

Comment je suis devenu la Gousse craintive

Je reçois des milliers de courriels qui me demandent d'où me vient ce nom de Gousse qui craint. Pour répondre à cette question, il me faut d'abord vous expliquer, fidèles lecteurs, comment il se fait que j'ai, dans les veines, un peu de sang rouge, c'est-à-dire du sang indien. Car je n'ai pas obtenu ce précieux sang du Nouveau Monde par la méthode habituelle. Normalement, il suffit de verser quelques gouttes de ce plasma dans l'œil en pleurs du bébé naissant et le tour est joué. C'est un jeu d'enfants comparativement à la circoncision, à un point tel que, bien souvent, ce n'est pas le docteur, mais les frères et sœurs du nouveau-né qui s'offrent généreusement, en se taillant eux-mêmes l'index au-dessus de la jeune pupille. Mon cas est différent. Sans en connaître les détails, il s'agirait d'une histoire de semences et d'ovaires qui commence au début du XXe siècle derrière la poudrière d'un poste de traite et qui se termine sous une tente, à la chasse à l'orignal en 1977. L'histoire ne dit pas si la chasse a été fructueuse cette année-là, mais on peut parier, en se basant sur les traditions du clan, que le cas échéant, mon totem eut été celui du puissant cervidé et non celui d'un bulbe blanc de peur.

Car il s'agit bien d'un totem. À l'adolescence, prêt à devenir un homme, je fus envoyé nu en forêt pendant une semaine, sans manger, comme le prescrit la tradition. Dès mes premiers pas sur le tapis de feuilles mortes, d'épines et de crottes de lièvre, je maudissais le ciel de n'être pas né en Papouasie, où les rites d'obtention de la virilité étaient bien plus en accord avec mes bas instincts que cette sordide escapade. Je n'avais pas fait dix pas dans les fardoches que j'étais déjà couvert de brûlantes éraflures.

Je garde un vague souvenir de cette mystique semaine. Je me souviens que deux corbeaux passaient souvent dans le ciel en croassant, volant toujours dans la même direction; le bruit des manducations du porc-épic qui, à la tombée du jour, faisait son souper d'un peuplier. Chaque soir il revenait à l'entaille de la veille, continuant sa longue et patiente ingestion de l'arbre. J'enviais le sort de ce rongeur qui, au fond, devait jouir comme un enfant devant une maison de pain d'épice.

Au bout d'une semaine, mes congénères du clan de l'Orignal au bras coupé ne s'inquiétèrent pas de mon non-retour. Il arrivait souvent, en effet, qu'il faille aller chercher le jeune initié agonisant de famine dans la forêt. Ils le faisaient chaque fois en chantant et le pas léger, comme s'ils allaient cueillir des champignons ou comme les Sept Nains rentrant de la mine. Mais leur chant s'arrêta lorsqu'ils me trouvèrent, trop stupéfaits de voir ma situation. J'étais en effet bien enfoui sous l'humus, littéralement enterré vivant, n'ayant que le derrière de la tête d'exposé aux intempéries. Ce sont les deux plumes, qui y étaient accrochées, qui signala ma présence. On déterra mon corps, nu et blanc, terriblement blanc et sans aucune souillure, tout à fait aseptisé. On eût dit un ange. Le shaman me demanda : Kitigan zibi anishihabed ? Ce à quoi je répondis oui. Puis il me demanda : Ajawajiwesi bitobi ? Il voulait savoir pourquoi je m'étais caché sous terre. Je lui répondis : J'avais froid, j'avais si froid, à cause de la peur. J'étais terrifié. Le shaman remarqua mon haleine. N'ayant pu supporter le jeûne, j'avais triché en croquant de l'ail des bois. Alors le shaman comprit que mon totem était une Gousse craintive. Et c'est là qu'il me sodomisa, pour éprouver ma virilité.

Non, c'est une blague, il ne m'a pas sodomisé. J'ai plutôt été banni du clan, pour n'avoir pas respecté le jeûne. Voilà. Vous savez tout, maintenant.

2008/12/18

Souvenir de Wildwood

Malgré tout ce que l'on raconte sur le réchauffement du monde, la mer, en 2003 à Wildwood, ne s'était toujours pas réchauffée. Nous trempions timidement l'orteil dans ces eaux glaciales où flottaient les méduses, seule source probable de brûlures. Au loin, deux dauphins passaient. Nous sommes restés sur le sable, à croquer des fromages et à réciter des vers, spectacle étrange pour la gente suintante et vulgaire de cet endroit. Parfois, une belle créature passait et nous suspendions nos mots à plus tard pour mieux accrocher nos regards à ces corps. C'était de beaux moments. Et nous rentions le soir au môtel, la peau brûlée par le soleil, car nous avions oublié ses ardeurs à trop nous méfier des jellyfish qui s'échouaient à nos pieds.

2008/12/15

Qui l'eût cru ?

Traiter quelqu'un de chien et lui lancer des chaussures sont deux gestes considérés comme des signes de mépris dans le monde arabe. (Radio-Canada.ca)

2008/12/12

Il fait si beau dans le métro

Il neige dans ce coin-ci du monde depuis toujours, ou presque. Disons prudemment qu'il neige ici depuis 6000 ans.  Je ne comprends pas qu'on s'en étonne encore. 

Le transport en commun n'est pas un système d'appoint, c'est l'automobile qui en est un. Ainsi, on peut aller où on veut, été comme hiver, sous les tempêtes et intempéries de toutes sortes autant que sous le ciel bleu, le soleil et les fleurs.  C'est-y pas beau, ça ? 

Quand on fait le contraire, quand on prend le bus seulement dans les cas extrêmes, ça donne ça: 
Pu capable ! Pu capable de lire les curés de l’écologie blâmer les gens qui osent prendre leurs autos en temps de tempête de neige. Quelqu’un me demande : Oui, mais pourquoi t’as pris ton auto, l’autobus, ça te tentait pas ?

C’est pas la solution-miracle, le bus et le métro, dans une tempête de neige.

Primo, quand il neige toute la nuit, c’est ce que je fais. J’annule des rendez-vous, je déplace des engagements, je m’arrange pour faire du bureau. Je prends le métro et je marche. Là-dessus, vous avez raison.

Deuzio, la neige a commencé à tomber en après-midi, et quand on parle de 20 centimètres, ça inclut toute la bordée. Il n’y avait pas, à 17h, en plein bordel, 20 centimètres. Il y avait (encore) une opération déneigement mal fignolée. Comme bien d’autres gens, je suis monté dans ma voiture en me disant que la chute de neige n’étant pas si importante, « ça l’allait ben aller », comme qu’on dit. Ce ne fut pas le cas.


2008/12/11

Mon petit nombril aujourd'hui

Un fort joli acteur s'est coupé la gorge devant son public après que son faux couteau ait été secrètement remplacé par un vrai (toute l'histoire ici).

2008/12/09

Un véritable conte de fée

Je crois rêver : 
Stéphane Dion et Mario Dumont qui démissionnent la même semaine.

2008/12/08

La cerise sur le sundae

J'ai des raisons de penser que je ne supporte plus les cerises même en confiture. 

Pourquoi je n'offirai L'Aveuglement à personne ce Noël

N'ayant rien lu d'aussi bon depuis des lustres, il va sans dire que L'aveuglement faisait partie des cadeaux que j'ai l'intention d'offrir cette année. Que voulez-vous, j'aime partager mon bonheur.

Hier, j'ai donc voulu acheter un exemplaire de ce délicieux ouvrage. Chez Raffin, j'ai trouvé une édition différente de la mienne, une édition post-film à l'effigie des acteurs qui ont incarné les personnages. Parce que vous savez ce que je pense de cette adaptation cinématographique, comprenez-vous que j'ai décidé de remettre le livre sur la tablette et traverser la rue jusqu'au Renaud-Bray ?  Mais là-bas aussi, il y avait cette fichue édition. 

J'aurais pu passer outre cette malheureusement association entre un roman magistral et un film pourri et offrir le livre malgré tout. Mais il y a pire. Bien pire. Le livre, figurez-vous, a changé de titre. La version française s'intitule désormais Blindness. Oui oui, vous avez bien lu : "La version française s'intitule désormais Blindness." En sous-titre, entre parenthèses, on spécifie qu'il s'agit de (L'Aveuglement). Oui, oui, en sous-titre (donc en plus petits caractères) et entre parenthèses. Le summum de l'indécence. J'ai remis le livre à sa place et suis sorti, indigné. 

Marcher dehors à -15C

Le froid a asthmatisé mon respire. Je prends du café pour me rétablir, moi qui avais fait voeu, jeudi, de ne plus en boire. 

2008/11/28

Je le savais

Je vous l'avais dit...:

Au lieu de faire preuve de leadership en période difficile, au lieu de s'élever au-dessus de la mêlée et de proposer une vision, le gouvernement Harper semble vouloir profiter de la crise économique pour faire passer son agenda, la réduction de l'État, l'interdiction du droit de grève pour les fonctionnaires, ou pour se lancer dans des manoeuvres partisanes franchement vulgaires, comme l'abolition des subventions aux partis politiques. 
- Alain Dubuc, "Est-ce qu'ils sont tombés sur la tête?", Cyberpresse

2008/11/25

Perronnisme

En regardant le débat des chefs, il me vient une envie de perronnisme :
Ce soir nos chefs de parti se battent à couteaux rompus.

En février dernier, écoeuré de l'hiver, je me suis juré de m'acheter une semaine dans le sud s'il se remettait à neiger en novembre cette année... 

Aujourd'hui, 25 novembre, la première neige est tombée sur le Chinatown.

Soupir. 

Je n'ai pas les moyens de mes ambitions. 

2008/11/24

Dis-moi qui tu manges...

Je pensais en avoir pour mon argent en louant Cannibal Holocaust, dans la section "Gore - Cannibalisme" (complètement dans le fond, dans le bas, à droite, de la section Horreur) du club vidéo Beaubien, mais j'ai été déçu. Imaginez, quand le film est sorti en 1980, les réalisateurs ont dû prouver devant les tribunaux que les acteurs n'étaient pas morts pour le bien du tournage. Pour ma part, j'ai trouvé que ça manquait sang et de cris. C'est vrai, quoi. On peut difficilement se faire ouvrir la panse et répandre ses tripes dans les mains tremblantes des indigène sans lâcher un cri déchirant... et encore moins sans saigner abondamment.

Par ailleurs, les scènes les plus difficiles à regarder n'étaient pas celles auxquelles je m'attendais, car le bras qu'on croque se laisse croquer sans crier; le foie qu'on dévore se laisse dévorer comme les foies dans nos assiettes; mais la femme qu'on viole dans une mare de boue se défend, elle; celle qu'on attache et frappe à la tête souffre. C'est la souffrance qui est difficile à regarder, pas ces gens qui s'empiffrent d'autres gens. Rien n'est plus pittoresque qu'une bande de quidams évachés, repus et rotant à l'ombre d'un arbre parasol.

Ce film ennuyant terminé, je suis tombé sur une de ces présentations de fin de soirée à TVA, un film idiot au titre idoine, Rencontre fatale, l'histoire d'une mère divorcée qui reçoit des appels anonymes après s'être fait coller au cul sur l'autoroute, la nuit, par un chauffard. Rudement plus efficace, côté suspens, que Cannibal Holocaust. Imaginez, la femme rejoint son auto dans un stationnement désert, à la fermeture des bars. Elle remarque une crevaison. Elle prend peur, retourne se réfugier au bar, qui lui appartient, et appelle son ex-mari. Moi, je sais pas, ça me fout la trouille.

Puis le lendemain matin, pris d'une quinte de toux, je sens un morvion dans ma bouche. Je cours le cracher avec dégoût aux toilettes. Ainsi penché au-dessus de la cuve, je sens mon estomac se tordre, mon déjeuner remonter mon oesophage... je me ressaisis. J'ai presque vômi de dégoût. Comme quoi une petite boule de morve, venue de ma propre personne, peut faire bien plus que tous les Cannibal Holocaust.

2008/11/18

Mystère

Il paraît que ce matin, sur la chaussée de la rue d'Iberville, à la hauteur du parc Molson, deux miches de pain troublaient la circulation. À deux pas de là, sur le trottoir, gisait un pigeon mort.

2008/11/17

Une mauvaise nouvelle

Ce matin, en me rendant travailler, j'ai vu un homme de mon âge sortir en trombe d'une clinique médicale. Il balbutiait dans son cellulaire tout en cachant ses yeux avec sa main libre. Il s'est enfui dans une ruelle en pleurant. Je pouvais entendre ses pleurs, ils s'entendaient de très loin.  Ces sanglots me glaçaient le sang tant ils étaient profonds et chargés de chagrin. Deux coins de rue plus loin, je les entendais encore.

2008/11/13

Mon troisième oeil

Mes prévisions semblent vouloir se réaliser.

Guy et moi, sur la défection et la grippe

Gousse: 
Je suis pris de violentes diarrhées.

Guy dit :
Tiens, moi aussi ce matin. C'étaient les épices d'hier.

Gousse dit :
Pour ma part, j'ignore ce que c'est. Mon ventre est parcouru de spasmes qui me traînent de force au sale trône de porcelaine. Je m'y assis et j'y souffre.  Mes mains tremblent. J'ai des frissons. Mais je n'ai plus mal à la gorge, c'est déjà ça.

Guy dit :
C'est dans l'air. Docteur ché pu qui en parlait ce matin.

Gousse dit :
On dirait que mon rhume a amorcé une descente. Parti des poumons, il atteint maintenant mon anus. 

Guy dit :
Tu chies ta grippe. Delirium tremens intestinaux.

Gousse  dit :
Oui, je chie ma grippe. J'ai la grippe dans les trippes. Une grippe trippante. 

2008/11/10

Voyager en novembre

Des fleurs dans les prés, des manches courtes au soleil, Barcelone sans touristes.  Voilà un aperçu de mon weekend en Espagne.  J'avais l'impression d'être en mai.  Novembre en Catalogne a des allures de printemps. Novembre est vert, là-bas, alors qu'ici il est gris. 

Barcelone... bon sang... que dire. C'était ma troisième fois là-bas, seulement quelques heures, mais je n'ai jamais autant aimé cette ville qu'à ce moment-là, sans les touristes. Les Ramblas aux Catalans. Merveilleux, merveilleux, merveilleux. Je veux dire, vraiment merveilleux. Cet émerveillement dont tout le monde parle en revenant de cette ville, je l'ai eu samedi. 

Je recommande à tout le monde au Québec de faire cette folie, partir quatre petits jours en Europe et revenir. Ça brise encore plus la routine qu'une fin de semaine au chalet dans les Laurentides. 

2008/11/05

Entendu un soir d'élections américaines

"C'est un changement de... de transformation, oui un changement de transformation."


Alors qu'Obama avait 207 votes électoraux sur les 270 requis, Bernard Derome n'arrêtait pas de répéter, pendant une vingtaine de minutes au moins, qu'il manquait 73 votes au candidat pour remporter la victoire. 

Miss Meteo a parlé de précipitations liquides quelque part Canada. 

Quelqu'un à TVA a dit: "on l'a venu venir".

Sophie Langlois n'en revenait pas que la grand-mère kenyanne d'Obama lui ait dit qu'elle était sa petite-fille. " Elle m'a tenu la main pendant toute l'entrevue! J'ai une grand-mère, maintenant, une grand-mère kenyanne!" Bernard Derome, agacé, a fait signe qu'on la fasse taire. Quelques secondes plus tard la communication était coupée.


De retour la semaine prochaine. Je prends l'avion pour Majorque et Barcelone et reviens dimanche. 

2008/10/31

Ce matin, au Palais de justice

«Je ne serai pas là pour mon procès», a lancé Claude Saint-Charles, du box des accusés. Il a alors sorti ce qui pourrait être une lame de rasoir et a commencé à se couper devant le juge Martin Vauclair et le personnel de cour stupéfaits. [...]La salle d'audience a été fermée au public et, au moment d'aller sous presse, une équipe de nettoyage s'affairait à nettoyer les lieux. (Cyberpresse)

2008/10/29

Un autre bloguesque coup de coeur : Les humeurs d'une ex-pucelle.

2008/10/28

CALLIPÉDIE, subst. fém.

Conditions nécessaires pour avoir de beaux enfants.

(Source: le dictionnaire)

Deux blogues valent mieux qu'un

J'ai deux coups de coeur, deux blogues à dessins: 

Papa me fourre  Un blogue rempli de fiel et d'amertume.

Mon petit nombril Pour se remonter le moral après être passé par le premier blogue. 

Courroux

N'ouvrir qu'un oeil, mais le bon. Garder l'autre fermé. Pencher la tête vers la droite. Rien ne se passe. 

Fermer le bon oeil, ouvrir l'autre, le MAUVAIS OEIL. Pencher la tête vers la droite. Le vertical devient horizontal, l'horizontal devient vertical, le flou s'éclaircit et le clair s'embrouille. Magie ?  Non, astigmatisme. 

Maintenant, refaire la même expérience avec les lunettes de l'opticienne. Même résultat. J'en ai assez de l'entendre  me répondre sèchement que mon problème c'est mon cerveau qui refuse de reconnaître que mes yeux sont moins myopes. Elle dit cela, puis elle augmente la force grossissante de mes verres. J'ai l'impression de porter des loupes. Et pendant ce temps, les lignes horizontales continuent de s'embrouiller. 

Lundi, j'ai rendez-vous avec un nouveau spécialiste de la vue. Il faut que cette saga se termine.

2008/10/27

Jour de Gousse

Aujourd'hui, dans le métro, j'ai vu un homme jeter son journal Métro par terre et le piétiner. Sur la une, on voyait une photo de Pauline Marois qui partait promouvoir la souveraineté. Puis j'ai vu un autre homme s'asseoir devant le premier, sur un siège recouvert de journaux abandonnés. Je me suis dit que ces deux-là n'avaient pas de fierté, à tolérer comme ça les déchets autour d'eux.

Puis, dans les escaliers roulants du métro Namur, un homme, n'en pouvant plus, s'est allumé une cigarette.

Dehors, j'ai traversé le viaduc de la rue des Jockeys en courant pour ne pas manquer le feu vert de l'autre côté du boulevard Décarie. En croisant un homme, j'ai mal calculé mes distances et nos épaules se sont violemment accrochées. C'était un homme grand et fort qui regardait par terre en marchant. Il s'est retourné. Moi aussi, mais sans arrêter de courir. J'avais bien trop peur.

Plus loin, j'ai vu cinq ou six étourneaux frétillants prendre leur bain dans une flaque d'eau.

Puis, en arrivant à mon bureau, j'ai trouvé un sac rempli de brocoli. C'était pour moi, de la part d'une collègue. Je n'avais jamais vu ça.

Enfin, j'ai passé la journée à suivre, sur les sites de nouvelles, l'histoire de cette femme enceinte ligotée et kidnappée dans une agence de voyage de l'est de Montréal, puis finalement relâchée. Elle est rentrée chez elle en taxi avant d'appeler les flics. La fourgonnette utilisée dans l'enlèvement a été retrouvée incendiée dans le West Island, pas tellement loin d'où je travaille.

Une bien drôle de journée.

2008/10/24

Faire usage de la force

Je clignais des yeux en regardant partout dans la clinique. "Oh, mais pas tout de suite ! Il faut prendre le temps de s'habituer", m'a dit la préposée à l'accueil, comme si je ne le savais pas déjà. La lunettière m'a dit la même chose il y a trois semaines. Et voyez où ça me mène : des lunettes plus fortes que de raison.

2008/10/23

L'aveuglement

J'aimerais pouvoir dire que le plaisir que j'ai lu à lire L'aveuglement est inversément proportionnel à celui que j'ai ressenti en en regardant l'adaptation cinématographique, mais je ne peux pas, car il faudrait pour cela que le film soit complètement nul, or ce n'est pas le cas, pas complètement, puisque les images y sont belles, ce qui, pour un film sur la cécité, est assez paradoxal, vous en conviendrez. Il reste que mon déplaisir n'a rien de surprenant. On a beau entendre qu'une image vaut mille mots, les romans surclassent souvent, sinon toujours, les films qui en découlent.

Mais ici le roman partait avec une longueur d'avance. En effet, lire l'histoire d'une épidémie de cécité a l'avantage de permettre au lecteur d'être à la fois aveugle et voyant, selon le point de vue narratif, mais aussi par le fait que lire une histoire force le lecteur à se faire une représentation mentale des évènements, exactement comme chez l'aveugle. En revanche, le cinéma ne permet au spectateur que de "voir" des gens agir comme des aveugles ou de voir un écran blanc, symbole de leur cécité, mais jamais les deux à la fois. Devant cette impasse, aussi bien prendre le parti de tout montrer et de bien le montrer. Je pense à l'insoutenable scène de viol qui, sur de nombreuses pages, me faisait littéralement trembler d'angoisse et de rage. Mais voilà, par un désolant jeu de clair-obscur, le film suggère plus l'horreur qu'il ne la montre. On frissonne donc là où on aurait pu regarder ailleurs devant l'insupportable, sinon vômir. Foutue rectitude.

Puis le film finit par finir. Mais quelle fin. Une fin à l'eau de rose, une morale bourgeoise à souhait qui n'était pas dans le roman : l'essentiel n'est visible que pour les yeux du coeur. Si j'ai eu envie de vômir durant ce film, c'est bien à ce moment-là. Je l'aurais fait volontier sur la tombe de Saint-Exupéry.

2008/10/22

Parole de lunettière (bis ou rebis, j'ai perdu le compte)

Il fallait s'y attendre. L'optométriste a balayé mes arguments du revers de la main, avec un sourire railleur : ne te fie pas à ces affaires-là, qu'elle m'a dit. J'ai fourré dans mon sac mes tests trouvés sur internet et lui ai demandé ce qu'elle avait à proposer dans ce cas. Voici ce qu'elle va faire: augmenter juste un peu la force de mes lunettes.  J'étais déçu. "Qu'est-ce que t'aimes pas là-dedans ? Qu'est-ce qui fait pas ton affaire ?"  Je ne savais trop quoi lui répondre. J'aurais aimé plus de tests, j'aurais aimé que mon inconfort se mesure. Je n'aime pas qu'on corrige ma vue à l'aveuglette.  "Ne t'inquiète pas, c'est normal. Tout est sous contrôle."   Si elle le dit. 

2008/10/21

Astigmate, mon oeil!

- Tu es astigmate.
- Astigmate!? Mon dieu, je vais mourir! 

Non, c'est une blague, je n'ai pas cru mourir, mais j'avais un peu honte, comme si j'avais sur moi des marques de violence. L'optométriste me parla de ballon de football et de plans verticaux et horizontaux. C'était à n'y rien comprendre. L'important est que je vois mal, de près comme de loin, à cause d'une cornée difforme qui garroche la lumière n'importe comment dans le fond de mon oeil. C'est un peu comme le premier tiroir de ma commode, où les bobettes et les bas s'entassent pêle-mêle. Il faut y fouiller longtemps avant d'en sortir de quoi mettre. Je suis la cornée astigmatisée de mon tiroir. Et mon tiroir est mon oeil. Quoi, ne riez pas. J'ai déjà vu des gens à télé parler du tiroir de leur mémoire. Ils l'ouvraient et y rangaient des souvenirs. Moi, j'ouvre mon oeil et n'en sort pas grand chose.

Astigmate, donc. Voir flou de près comme de loin. Et myope peut-être aussi, je ne sais pas, je ne sais plus, les explications de l'optométriste sont aussi floues que ma vision, même avec mes lunettes. Car mes lunettes, qu'on se le tienne pour dit, ne suffisent pas et je dois attendre encore une semaine avant de retourner voir la spécialiste.  En tout, elle m'aura fait poireauter trois semaines.

En attendant, je fais des tests de vision sur internet. J'en ai trouvés pour l'astigmatisme. Je les fais sans les lunettes et m'exclame :  Oh mon dieu, quelle horreur! Je n'aurais jamais pensé! Puis je mets les verres et refais le test : Oh mon dieu, quelle horreur! Mais je m'en doutais un peu. 

J'ai bien hâte de voir ce qu'elle aura à me dire, la lunettière, quand je lui montrerai les résultats. Peut-être que je la verrai pâlir, mais ce ne sera pas à cause de mon oeil astigmate, mais bien à cause de la honte.

2008/10/16

Chaque fois que ma vue n'est pas à la hauteur, je peste et  rage contre ma lunettière. 
Plus que douze jours. Douze jours de rage, oui, SANS RELÂCHE
Je revendique le droit de voir plus loin que le bout de mon nez. 

2008/10/15

Si la tendance se maintient...

J'ai comme l'impression que le gouvernement conservateur fraîchement renouvelé se servira de la crise économique comme prétexte pour réduire les dépenses et, par ricochet, la taille de l'État.

2008/10/14

Parole d'optométriste

- Voilà dix jours que je porte mes nouvelles lunettes, madame, et je ne vois toujours pas mieux. 
- Pourtant vos tests donnent les mêmes résultats qu'auparavant. Portez-les encore deux semaines, sans relâche, j'insiste, SANS RELÂCHE!
- Madame, je plisse les yeux quand j'entre dans le métro. 
- SANS RELÂCHE!
- Madame, si mes yeux voyaient naturellement comme je vois à travers ces lunettes, je viendrais voir un optométriste comme vous.
- Je ne comprends pas. 
- Mes lunettes ont besoin de lunettes. 
- ... N'oubliez pas : SANS RELÂCHE!

2008/10/07

Écolo-gousse

Par ma fenêtre, j'aperçois un couple qui pousse un carosse. La mère s'arrête pour replacer quelque chose que le bébé a déplacé. L'homme, en attendant, jette tout naturellement un verre de plastique dans le gazon devant notre immeuble. L'homme m'aperçoit alors sortir dudit immeuble, m'approcher d'un pas décidé et ramasser le déchet que je brandis ensuite devant lui : "Ce n'est pas une poubelle, ici", dis-je avant de courir me réfugier à l'intérieur et lancer le verre au recyclage. 

Les concierges, qui fumaient devant la porte, n'ont pas dit un mot.

Tests neurologiques

"Docteur, voilà dix jours que j'ai mal à la tête et aux yeux. Je ne vois pas bien. La lumière me donne des nausées."
La femme docteur mâche son chewing-gum, prend son petit marteau et me cogne les genoux et l'intérieur des coudes : "Votre vue n'a pas baissé. Vos sinus ne sont pas congestionnés. Vous n'avez pas de rhume. Que faites-vous dans la vie ?
- Je regarde un écran d'ordinateur, madame. Ces derniers temps, je l'ai regardé beaucoup, cet écran. Vraiment beaucoup.
- C'est sûrement cela. Vos tests neurologiques sont parfaits. Je vous prescris des anti-inflammatoires. Si ça ne passe pas, revenez."

Je suis sorti du cabinet deux minutes après y être entré. A-t-elle parlé de tests neurologiques ? Oui, elle a bien dit "tests neurologiques".  Cette femme m'a fait subir des tests neurologiques : un coup de marteau sur le genou droit, un autre sur le gauche, et voilà monsieur, vos réflexes sont bons, votre cerveau fonctionne, ciao bye. 

Je n'ai évidemment pas pris les anti-inflammatoires prescrits. Je me suis contenté de quelques pastilles d'Advil et le mal est parti comme il est venu.

2008/10/04

Gousse citoyenne

Aujourd'hui, j'ai fait mon devoir de citoyen :
1. en allant voter.
2. en sauvant des vies (plusieurs vies innocentes).

Que voulez-vous, quand ça sent le gaz, moi, j'appelle le 911, c'est plus fort que moi. Même quand je ne suis pas chez moi.

(Mais quand ça sent les gaz, je dis pouah, c'est pas moi! Et je m'éloigne.)

2008/10/03

Parole de lunettière

- Je vois encore embrouillé, madame.
- C'est normal, ça peut prendre dix minutes à s'habituer, comme ça peut prendre trois ou quatre jours. Si dans une semaine ce n'est pas mieux, reviens nous voir. 

2008/10/01

Le miracle

Ça va peut-être te surprendre, mais ta vue s'est améliorée depuis ton dernier examen.
- Mon optométriste

2008/09/30

Entendu à Québec en fin de semaine : Le Québec se porterait tellement mieux si tout le monde y était bilingue.

2008/09/25

Humour noir

Il parait qu'en Chine, on bourre les bébés de mélanine pour leur donner du lustre :

[ Atlantique ] – Mélamine

Avertissement aux parents

Les parents qui ont récemment adopté un enfant en Chine devraient lui faire subir un examen médical par précaution pour vérifier s'il est en bonne santé, recommandent les agences d'adoption.
(Radio-Canada.ca)

2008/09/24

Je lis : Nancy Huston, Ligne de faille.

Merci Simon !

2008/09/19

La culture en péril

2008/09/18

Une remarquable remarque de notre très pertinente ministre fédérale de la culture :
La ministre du Patrimoine du Canada, Josée Verner, est catégorique : les compressions budgétaires dans le domaine de la culture n’intéressent pas les citoyens sur le terrain. «Les gens ne m’en parlent pas. Et quand ils m’en parlent, je n’oserais même pas répéter ce qu’ils disent à ce sujet», a-t-elle affirmé hier au Soleil.  (Cyberpresse)
MISE À JOUR: Marie-Andrée Chouinard en parle justement aujourd'hui dans Le Devoir.

Le ministre fédéral des Transports était de passage à Maniwaki aujourd'hui.

J'ai le sang qui bout après cette déclaration :
Darlene Lannigan, employée du ministre, réplique que les Autochtones obtiendraient une rencontre, à condition qu'ils se comportent convenablement et qu'ils soient sobres. (Radio-Canada.ca)

2008/09/16

Le monde n'est pas exactement le même quand chaque objet a deux noms différents ; c'est bizarre de penser à ça. - Lignes de faille, Nancy Huston

Mon combat

J'ai d'abord pensé que ma vie était un long combat contre la fatigue, jusqu'à ce que je range le réveil-matin dans un tiroir. Il suffit d'avoir un emploi à horaire flexible et la fatigue s'envole, pour ne revenir nous hanter que de temps en temps, quand on l'a bien cherché, à se saoûler de café sans raison ou à se stresser pour pas grand chose. On dort mal une nuit puis on se reprend la nuit suivante et le tour est joué. Ça n'a rien de sorcier. Récupérer d'une ou deux mauvaises nuits est aussi facile que de satisfaire sa faim après avoir sauté un repas. On dort un bon coup et on se sent bien. Problème réglé.

Mais le combat, lui, dure toujours, car le véritable ennemi est le sommeil. Ou plutôt l'éveil. Ma vie est un long combat contre l'éveil. M'étendre dans mon lit et fermer les yeux ne suffit pas. Ne penser à rien non plus. Quatre heures plus tard, je dors enfin, sans que j'aie moins pensé, pendant que je pensais probablement à quelque chose, ou peut-être à rien du tout car j'ai des années d'expertise dans le domaine, les yeux toujours fermés, toujours dans mon lit. Il faut se rendre à l'évidence, si je réussis enfin à m'endormir, quatre heures après m'être couché, ce n'est pas grâce à mes efforts. Il y a autre chose. Le problème est, je crois, d'ordre sémantique.

Les spécialistes du sommeil donnent tous la même recette pour régler les problèmes de sommeil. Il faut se lever et faire autre chose si on ne dort pas après vingt minutes. Il faut absolument refuser que le fait de se coucher soit associé à autre chose que le sommeil. Même le sexe. Non, c'est une blague. Sauf le sexe. Mais quand on en est à sa ennième semaine d'insomnie, je me dis fuck it, même le sexe. Parallèlement à ces pieuses manoeuvres, il faut développer une routine qui sera rigoureusement exécutée chaque nuit, à la même heure, avant d'aller se coucher. Peu importe les détails de cette routine, pourvu qu'ils ne soient pas excitants. L'idée est que le corps en vienne à associer cette routine au sommeil.

Et ça marche. Après quelques jours, ça dort tout seul. On se couche et bang. On a beau avoir la tête ailleurs, le sommeil est irrésistible et on passe alors plusieurs nuits de pur bonheur. Mais les semaines passent et on finit par retourner à la case départ. On a beau avoir fait tous les gestes, tous les rituels, prononcé toutes les incantations, balayé tous les tracas, imposé tous les vides à son esprits, rien n'y fait. Les heures avancent et la fatigue aussi, mais le sommeil, lui, n'est plus au rendez-vous. C'est que la routine, après un certain temps, ne veut plus rien dire. Elle se fait toute seule, automatiquement, sans qu'on s'en rende compte, et l'esprit part divaguer ailleurs, se concentre sur quelque trivialité, jusqu'à ce qu'il découvre que minuit a passé, qu'il est deux heures et que, aïe! demain sera pénible. Vite, dormir ! dormir ! Bref, la routine de sommeil produit exactement le contraire de ce qu'on attend d'elle.

Puis j'entends la Catalogne sortir de la pièce d'à côté pour aller se chercher un verre d'eau dans la cuisine. Elle a fait ses devoirs toute la nuit et vient sûrement se coucher. Chacun de ses pas m'enfonce un peu plus dans le sommeil, mon corps s'épuise, je me sens cogner des clous. Fausse alerte, la Catalogne retourne à ses devoirs. Deux heures plus tard, je l'entends à nouveau marcher, elle va se brosser les dents, ma conscience titube. C'est l'heure. La Catalogne s'allonge à mes côtés, mon éveil ne tient plus qu'à un fil. La Catalogne dort déjà, je l'entends dans sa respiration. Et aussitôt je m'endors. Voilà pourquoi je dis que le sommeil est un problème de sémantique. Plus rien n'arrive à signifier le sommeil à mon corps sinon le sommeil des autres. Je ne peux plus dormir seul.

Hier j'apercevais le V des outardes dans le ciel. Aujourd'hui, on annonce que les glaces de l'Arctique ont atteint leur minimum estival il y a quatre jours et amorcent leur croissance hivernale. Le gel est commencé. L'hiver est à nos portes.
The US National Snow and Ice Data Center (NSIDC) says the ice covered 4.52 million sq km (1.74 million sq miles) at its low on 12 September. - BBC

2008/09/15

Je viens d'apercevoir une volée d'outardes. Il me semble qu'elles migrent tôt, cette année.

2008/09/09

L'art de l'hyperbole

Un commentaire laissé par une dénommée sapine sur Cyberpresse:
Je ne pardonnerai jamais à S. Harper de déclencher une élection cet automne. J’ai autant envie d’aller voter que de me jeter au fleuve un 15 janvier, c’est vous dire. Et je n’ai pas plus envie de vivre une campagne électorale.

Bon sang! Ce matin sur Cyberpresse, par pur hasard, cet article qui parle des îles de Sorel. En canot, ça semble beaucoup plus pittoresque. Et pas de place pour la guitare.

Pour rendre l'expédition plus sportive (même si elle l'est déjà en soi), nous avons tenté à deux reprises d'imiter les voyageurs de jadis, qui avironnaient au rythme fou de 60 coups à la minute. Les coureurs des bois pouvaient maintenir cette cadence de 15 à 18 heures par jour, dans un canot débordant de fourrures! Au bout d'une minute, on a rendu les armes, complètement lessivés. Dire que notre canot ne transportait que deux ou trois sacs à dos. De quoi rougir devant nos ancêtres!

2008/09/08

Sorel my love

Sorel a ses îles, qui s'inondent au printemps et pètent au frette en hiver. Certaines de ces îles sont si rapprochées que les arbres de chaque côté se rejoignent pour faire, en été, une voûte de verdure. En automne, je ne sais pas, j'imagine que les chenaux étroits se couvrent d'un tapis multicolore à mesure que les branches se dégarnissent. Si vous ne saviez pas que Sorel a ses îles, vous devriez peut-être y aller faire un tour, mais juste peut-être, pas plus, ou lire Le Survenant, mais ça c'est plus impératif, rapport qu'à l'université on nous parlait de mythe fondateur et que dans un cours sur le téléroman, les madames assises en avant soupiraient de chaleur chaque fois qu'on évoquait le personnage. Lire Le Survenant, donc, par acquis de conscience plus que par plaisir, peut-être, puis aller voir là-bas si c'est vraiment aussi beau qu'on le dit. Une réserve de la biosphère, quand même, a le devoir de charmer l'oeil, se dit-on.

Les Européens pensent à bien des choses quand ils viennent visiter le Québec, Montréal, Québec, Tadoussac, la Gaspésie, mais pas à Sorel. On évoque le nom et les voilà qui parlent de Le rouge et le noir, puis on glousse tous ensembles en évoquant les chaleurs de madame de Rénal lorsqu'elle se fait tâter la main par le fougueux Julien. Il y a Kamouraska, aussi. Kamouraquoi? Kamour, juste Kamour pour les intimes, le plus beau village, celui que je rêve de visiter, enfin l'histoire du roman du même nom se situe autant là-bas qu'à Sorel. Y tâte-t-on des mains avec chaleur ? Seulement celles des mourants, un fiévreux qu'on veut voir crever. Enfin, passons. Le téléphone sonne. C'est ma mère et quatre billets pour une croisière dans les îles. Les îles de Sorel, s'entend, pas les Caraïbes. Une heure et demi de bateau au pays du Survenant. Justement j'ai deux Espagnols ici qui n'auraient jamais espéré y aller. Avec la Catalogne et moi, ça fait quatre. Le compte est bon, partons.

- Z'avez jamais pensé aller à Sorel, vous autres, hein?
- Où ?
- C'est pas toi qui lis Le rouge et le noir ?
- Oui.
- On s'en va à Sorel, comme dans Julien Sorel.
- Oh oh oh!

Et la Gousse-mobile file à travers les champs de maïs de l'autoroute 30, fenêtres grandes ouvertes. "C'est ça que vous mangiez hier, avec du beurre." L'un d'eux en a encore mal au coeur, mais ça lui rappelle son Asturie natale, là où on jette les épis au bétail, pas aux touristes. Puis on arrive en ville, les noms de rue prennent des allures littéraires : rue Geneviève Guèvremont, du Survenant, du Chenal du Moine. Ça me rappelle la rue Stendhal, où j'ai resté quand j'étais à Paris, mes quatre jours de pluie là-bas. Tiens, Stendhal... je n'y avais pas pensé... Sorel, Stendhal, Le rouge et le noir... on y revient toujours.

Enfin bref, nous montons à bord du bateau. Pour bien comprendre l'ambiance à bord, il faut d'abord regarder Cruising Bar, première cuvée. C'est long, je sais, mais à peine plus qu'un tour en bateau. Vous avez vu le film ? Bon. Pensez au gros Roger, à la soirée dansante où il drague, au chacha, etc. Bingo. C'est ce genre-là de kitsch. La seule différence est que nous sommes le jour et que ce n'est pas un truc de célibataires. Personne ne drague et c'est bien tant mieux, mais ça donne un air raté à l'ensemble. Le bateau prend le large (pas l'eau, le large), un membre de l'équipage a sa guitare et un micro. Le voici qui chante Partons la mer est belle... On a le goût de partir, mais on ne peut pas, on est prisonnier. "C'est du folklore", que j'ai dit pour tempérer les élans.

Puis la magie des îles opère. D'abord la première île, bordée d'une rangée de chalets sur pilotis, de quais brinquebalants qui flottent sur les eaux boueuses, les hors-bords ancrés, on se croirait dans un bayou en Louisiane, les crocodiles en moins, la joie des vacances en prime : des gens se font bronzer, quatre fillettes pratiquent leur chorégraphie de ballet-jazz sans nous prêter attention, une femme qui passe la tondeuse nous fait des tatas pendant que notre musicien de fortune entonne Tous les palmiers tous les bananiers, de Beau Dommage, puis Ça fait rire les oiseaux de la Compagnie créole. Créole, oui, quel beau mot bien placé. Tout le monde nous faisait des tatas, les gros qui sirotent leur bière assis dans leur chaise sur la galerie, ceux qui sirotent leur bière dans leur chaloupe en pêchant, la fille en sea-doo, son chum, les enfants en pédalo, les amoureux dans leur voilier, tous. Délire total. Il doit y avoir quelque chose dans cette eau-là.

Le bateau poursuit sa route, passe cette île hallucinante, débouche sur le majestueux lac Saint-Pierre, vire à tribord et s'engage dans quelques chenaux étroits et inhabités. Les marécages se succèdent, les arbres, la lande, les grands hérons qui pêchent les poissons. C'est joli et apaisant. Puis on regagne le chenal du Moine, mais à l'autre bout complètement, en face de chez Didace Beauchemin, la légendaire maison. On passe devant la maison où Geneviève Guèvremont a écrit son roman, maison dotée d'une rallonge où on a tourné le film inspiré du roman. Le chenal s'étire, la croisière s'éternise, malgré ses moments forts, le chansonnier a tout chanté, non, il lui reste une chanson : Ginette, que tout le monde connaît et qu'on chante avec plaisir : "Je sais d'ailleurs où elle est rendue, mon chum l'a vue, elle dans tout nue dans un motel dans le bout de Sorel." Bang. Encore Sorel. Ça n'arrête pas. Et ça ne s'invente pas. Au fond, Sorel, c'est comme Le rouge et le noir. On y revient toujours.

Trouvé ce délicieux commentaire sur le blogue de Patrick Lagacé :
Mon fils avait coutume de ramasser des petites roches et de les sucer quand il avait 2 ans. Parfois il y avait un peu de fumier dessus ! Eh bien il n’a jamais fait de rhumes, angines ni grippe dans son jeune âge.

2008/09/05

Je crois rêver : 

Mme Palin, 44 ans et mère de cinq enfants, est sortie d'un relatif anonymat lors de sa désignation par John McCain pour être sa colistière la semaine dernière. Comme gage de son expérience en politique étrangère, les conservateurs du parti républicain ont notamment mis en avant la proximité de son État de l'Alaska avec le Canada et la Russie.  -Cyberpresse.ca

2008/09/02

Compare People

Parfois, l'application Compare People sur Facebook m'envoie des courriels pour m'encourager. Vous savez, c'est l'application où l'on compare ses amis sur la base de certains critères plus ou moins précis et où l'on est comparé soi-même, à son tour, par ses amis.

Alors voici le contenu du courriel que j'ai reçu en arrivant péniblement au bureau après un long weekend de trois jours ensoleillés:

Your friends have voted on your strengths and weaknesses:

STRENGTHS:

most famous
sexiest
best room-mate

Merci, Compare People, de m'encourager.

2008/08/31

El coronel Macià

Un long film catalan de 105 minutes que j'ai apprécié.

Truffe

Un long film québécois de 75 minutes que la Catalogne a apprécié.

2008/08/28

La mort en direct

Ce matin un peu passé 6h30, Michel Vastel annonçait sur son blogue qu'il prenait sa retraite : "Voilà. On y est. Je rentre dans mes terres, cultiver mes vignes […] Allez. Je vous dis au revoir. " On lui souhaite bonne chance.

Puis, moins de douze heures plus tard, Radio-Canada nous apprend qu'il est décédé.

Choc. Cet homme a blogué jusqu'à ses derniers instants.

J'ai des idées de perronisme: ménager le cigare et le chou.

2008/08/27

Que n'oeil

Un coup d'oeil par-dessus l'épaule d'un lecteur d'un quotidien gratuit du Métro de Montréal: "La STM en a assez des autobus". Ben voyons.

Un autre coup d'oeil, pour y croire : "La STM a assez d'autobus." Voilà, c'est mieux.

Mon oeil.

2008/08/26

SARAMAGO, José. L'aveuglement, Point/Seuil, 1997.

Dans mon top 5. Possiblement mon top 1.

EL HACHMI, Najat. L'últim patriarca, Planeta, coll. Ramon Llull, 2008, 332 p. Récipiendaire du prix Ramon Llull.

2008/08/25

Je rêve d'une autobiographie de lofteuse. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. Le vide m'attire.

2008/08/22

Je ne peux pas passer sous silence cet article sur Cyberpresse qui parle de la Haute-Gatineau, ma région natale.

2008/08/21

Qu'on chante l'hymne du Canada dans tous les pays du monde et dans toutes les langues imaginables et inimaginables ne risque pas de me gonfler de fierté, au mieux esquisserai-je un sourire amusé. Mais quand, au terme de la chanson, je distinguerai, dans l'incompréhensible charabia, le mot "Canada", mon sourire s'estompera et la froideur gagnera mon visage. Déçu, je conclurai : "Ils chantent une traduction de la traduction anglaise". Tant pis pour la version originale française.

Un question pour Bombardier et ses pubs olympiques: "Fuck you, c'est-tu français ?"

2008/08/19

Une journée qui promet

J'ai oublié le déo ce matin.

2008/08/18

Y a-t-il quelque chose qui ressemble moins à un laisser-passer mensuel de la Société de Transport de Montréal que la nouvelle carte Opus? Je n'ai jamais vu une carte aussi anonyme et générique que ça. Bon ok, on ne la voit pas souvent parce qu'on n'a plus besoin de la sortir du portefeuille, mais quand même. La première fois qu'un préposé m'en a offert une, j'ai refusé juste parce que j'avais honte d'être vu avec une carte ayant l'air aussi cheap.

Aperçu quelque part dans le bout de Yamaska: une pancarte annonçant le Festival des gros casques. C'était plus fort que moi, en riant j'ai tout de suite pensé aux coupures fédérales en culture.

2008/08/14

La rue des zombies

On y est allé un lundi soir, c'est bien gravé dans ma mémoire, je leur ai dit: Oui, on va y aller. J'vous dis pas où, je vous raconte, c'est ben assez, vous allez voir, pour que vous sachiez.

Y'avait pas de char sur c'te rue-là, juste des chassis faits à la main, comme des squelettes en broche à foins. Dedans, j'vous jure, y'avaient fichu des pots de plantes vertes, c'tait ben assez pour m'écoeurer.

C'était des fantômes, que ces chars-là, qu'on avait mis le long du trottoir pour nous faire croire qu'y était parqués. L'imaginaire des designers dans c'te bout-là est trop fuck all, he que j'haïs ça.

Il faisait noir, il faisait noir, comme je vous disais c'tait un lundi soir, ça fait que tout était fermé. Y'avait pu rien que les feux rouges au coin de la rue, qui clignotaient, pour éclairer.

Quand y'a pas de chars, c'est ben normal, y'a pas raison pour les lumières, fait que tout ce qui reste c'est ces feux-là. Ça donne un air sur le trottoir comme dans les vues où y'a des morts qui se relèvent.

De ces morts-là y en avait plein, tapis des coins, la seringue dans main, qui gémissaient comme des zombies. Quand ils se levaient, ils titubaient pis ils erraient les mains tendues jusque dans rue.

J'en ai vu un qui m'engueulait, j'ai continué sans le regarder, je sais pas ce que je lui avais fait. Je l'ai pas regardé, vous savez ben, sinon j'signais mon arrêt de mort.

J' en ai vu un devant un tas de quelque chose qui se dit pas, mais ça a l'air que ça se mangeait. Y regardait l'argent qu'y avait dans poches, pis y hésistait à en manger.

J'ai continué toujours dans l'Est avec mes chums qui venaient d'ailleurs, j'leur ai dit on va-tu danser? Ils voulaient pas, mais tant qu'à ça, y'a les tous nus qui dansent par-là, c'est là qu'on va.

2008/08/13

La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques étant un gros spectacle, il ne faut pas s'étonner d'y trouver du spectacle, de la poudre aux yeux et des écrans de fumée. Come on, gang.

2008/08/12

Guy et moi, sur la République dominicaine

Guy dit :
Il vient de rencontrer un dominicain.

Gousse dit :
Me parles-tu d'un Dominicain républiquain ou d'un dominicain ecclésiastique? Genre d'un frère dominicain ? Car ces dominicains existent. D'ailleurs la République dominicaine leur appartient.

Guy dit :
C'est un démocrate dans l'âme, pas un républicain. C'est un dominicain de la République Dominicaine.

Gousse dit :
On peut être Dominicain de la République dominicaine sans être dominicain. Mais on peut aussi être un Dominicain dominicain.

Guy dit :
Oui, tout à fait juste. Il faut se méfier de la majuscule. Mais moi, je tombe toujours dans le panneau.

Gousse dit :
Mais il peut aussi s'agir d'un dominicain dominicain. Bon sang, quelle langue, le français, et quelle île, que cette République dominicaine! On peut être à la fois Dominicain dominicain et dominicain dominicain. Dans les faits, c'est la même chose, mais syntaxiquement, c'est différent.

La tragique histoire de la petite rondouillarde aux dents mal alignées.

2008/08/11

Pourquoi s'enrichir?

Soudain dans un cocktail l'attention s'est portée sur moi: "Quoi ? Tu ne veux pas être riche ? Tu ne veux pas plus d'argent ?" Avec deux kirs et une bière derrière la cravate, allez savoir ce que j'avais dit pour mériter ça. Toujours est-il que le terrain devenait glissant. "Je ne dirais pas non à plus d'argent, c'est certain.
- Bon!"
Le problème avec le salaire, c'est qu'il sert de prétexte à nous faire travailler. Quand plus d'argent veut dire se faire fourrer un peu plus, je dis non merci. Mais ça, je l'ai gardé pour moi et ai décidé d'aller déambuler. Plus loin une femme se plaignait que ce cocktail n'en était pas vraiment un: "D'habitude, il y a du jus, dans les cocktails." C'est que vous confondez avec du punch, madame. Votre flûte contient du kir, et du royal en plus, alors réjouissez-vous et buvez. Vous boirez votre jus demain matin. Mais ça aussi, évidemment, je l'ai gardé pour moi, car malgré ces remarques la soirée était très agréable.

Puis il y a eu le souper. Au troisième service le serveur nous a annoncé que désormais le vin ne serait pas inclus. Si nous voulions continuer à le boire, nous devions le payer. Et moi sans hésiter: "Tant qu'à payer, peut-on en prendre un autre?
- Mais bien sûr, suivez-moi, je vais vous montrer la carte. (Et pendant que je le suivais, il m'a fait cette confidence :) Je ne saurais trop vous recommander de choisir une autre bouteille que celle qui venait avec le repas."

J'ai choisi un délicieux français qui a fait fureur autour de la table. Puis j'ai reçu la facture: 85$. Et tout le monde, y compris la madame qui veut être riche, de me dire que ça n'avait aucun sens de payer cette somme pour du vin, que celui offert à rabais aurait très bien fait l'affaire. Ce qui est fou, c'est que je gagne probablement moins d'argent que tout ce beau monde, mais ça aussi, je l'ai gardé pour moi.

2008/08/08

Cet hiver le Québec entier pelletait la neige qui ensevelissait sans relâche, pendant quatre longs mois, les enfants, les voitures et les maisons. On entendait la tempête mugir: "Après moi, le déluge." Et elle avait bien raison.

Un enfant se noie dans l'indifférence.

Un nouveau tyran s'apprête à conquérir le monde.

2008/08/06

La Catalogne est revenue de son pays. Il était temps. Je constate, en regardant mes derniers billets, que je commençais à être vachement amer.

2008/08/05

Quand on confond l'eau et la suie

Il fait aussi valoir que la brume et l'humidité sur Pékin sont souvent confondues avec la pollution. - Radio-Canada.ca
Je me souviens des jours d'hiver de Lima, où le soleil était caché pendant toute la saison par une épaisse couche de nuages. L'humidité était à son comble: le brouillard cachait tout à partir de quelques mètres, les vêtements ne séchaient jamais et les lits donnaient l'impression qu'on y avait pissé. Mon Lonely Planet expliquait qu'il s'agissait de la garua, un phénomène tout ce qu'il y a de plus naturel. Wikipedia en parle en ces termes: "Garua is the dry winds that hit the lower western slopes of the Andes creating a low-level of cloud. Within the Andes Mountains the garua blocks out the sun for the cooler six months of the year, and there is almost no rainfall during this period. (Wikipedia)".

De retour au Québec, mes camarades de voyage n'hésitaient pas à raconter à tout le monde que le smog était si intense à Lima qu'on ne voyait plus le soleil. Et moi de répliquer qu'il ne s'agissait pas d'un smog, mais de la garua, que ces nuages étaient tout à fait normaux, nenni, rien n'y fit, on persistait à croire au smog. Encore aujourd'hui, six ans plus tard, mes amis sont convaincus que la pollution cache pendant six mois le soleil à Lima. Je ne sais pas pourquoi c'est comme ça. Peut-être que ça les rassure de penser que le monde est plus sale qu'il ne l'est vraiment.

2008/08/04

Il y a plus de policiers, les règles sont plus sévères, il y a des travaux sur les routes et, en plus, le prix de l’essence augmente. Tout ça milite en faveur… mais au lieu d’avoir un bilan routier qui s’améliore, c’est le contraire.
- Jean Charest.
C'est parce que les gens, pour sauver de l'argent, s'entassent dans les voitures. Quand ils s'écrasent dans les fossés ou contre un mur, ça fait plus de morts. Et puis des travaux sur les routes, ça n'aide rien, bien au contraire.

Par ailleurs, "le 5 juillet 2007, la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, a annoncé que les cours de conduite redeviendraient obligatoires, 10 ans après qu'on les eut rendus facultatifs. Elle a aussi indiqué que la durée du permis d'apprenti conducteur passera de huit à 12 mois." (Cyberpresse). Et s'il était là le problème, dans ces dix ans de conduite auto-didacte ?

2008/08/01

Revenir de Chine

L'afficheur dans le métro de Montréal décide d'y aller d'une éphéméride: "1er août 1904. Le Japon déclare la guerre à". Les cyniques et blasés badauds de la postmodernité se demandent à quel pays le Japon peut bien avoir déclaré la guerre en 1904 pour que cela soit digne d'intérêt aujourd'hui, en 2008, dans les souterrains montréalais. L'afficheur poursuit et répond: "la Chine."

Alors que le contexte médiatique en Occident est franchement hostile à l'Empire du Milieu, et ceci dans une humanité où le mimétisme joue depuis toujours un rôle aussi fondamental qu'insoupçonné, une telle réponse ne peut qu'inspirer aux mêmes badauds si doucement bercés par les rails la pensée suivante: "Et pourquoi pas nous?" Et l'Occident de continuer.

Il faudrait qu'on en revienne, de la Chine. Et ça vaut pour tout le monde, à commencer par la Chine elle-même.

INDÉCENCE, subst. fém.

A. 1. Caractère de ce qui est indécent, contraire aux règles de la bienséance. Synon. impolitesse, inconvenance, incorrection.

2. En partic. [Avec une connotation sexuelle] Caractère de ce qui est contraire à la morale, aux bonnes mœurs. Synon. grivoiserie, immodestie, impudicité.

B. P. méton. Acte, parole, chose contraire à la décence, à la bienséance ou à la morale. Synon. grossièreté, impertinence, incongruité, obscénité. Commettre, dire une indécence.

C. P. exagér., rare. Caractère de ce qui choque par sa démesure insolente.


Je vote pour le point C. Que son usage soit rare ne fait que confirmer qu'on ne la dénonce pas assez, cette grossière indécence.

Méchants pétards

Mon manoir s'est mis à trembler hier soir, un peu après 22h00. Ma porcelaine de Chine et ma collection de coquilles d'oeuf anciennes ont pris le chemin de la poubelle après un détour par la plancher. Mon grand lustre baroque a continué de se balancer bien au-delà des trente minutes qu'a duré la secousse. Dehors, le ciel grondait.
Je crois que quelqu'un pourrait profiter des feux d'artifices pour faire sauter des bombes en catamini. Montréal n'y verrait que du feu. C'est pas des farces, ces pétards-là ont fait trembler le monde jusque chez nous, dans le bout du métro Beaubien.

Tenez, ça me donne l'idée d'investiguer un peu sur le concept d'indécence. Je pense que ça manque à notre culture.

(Pis allez chercher "feux d'artifices" sur Google Images. Un seul constat s'impose: criss que c'est laid. C'est lette à mooooort.)

2008/07/31

Un bon gars, vraiment?

C’était un homme vraiment poli, il payait toujours son loyer en temps et il était toujours habillé propre. Il était invalide, donc il ne pouvait pas travailler, mais il venait quand même nous donner un coup de main sur la ferme. C’était un vrai bon gars.
En tout cas, si Richard Bérard n'a pas tué Mélissa Beaudin, il fourrait le système, ça c'est sûr. Quand on est invalide, on ne charrie pas des bailes de foin.

Où sont les cons?

Patrick Lagacé s'interroge sur la pertinence des commentaires sur les blogues. J'avoue que dans son cas, la question se pose. Il y a toujours, à la suite de ses billets, un rammassis de ce que l'humanité dit de plus laid.

Il y a tellement de niaiseries qui s’y disent, de « trollisme », de crêpage de chignons, de réponses à des trolls, d’erreurs factuelles, de partisanerie, de haine des idées d’autrui et d’insultes inutiles que, parfois, j’ai bien envie de ne plus vous lire…
[...] Je lis les commentaires et je me demande : Est-ce que je ne suis lu que par des cons ?
[...]
Je n’ai pas de réponses définitives sur l’utilité des commentaires sur les blogues. Je sais seulement que, bien souvent, ils me découragent un peu.
- Patrick Lagacé

Ironiquement, les commentaires qui suivent ce billet sont beaucoup plus sympathiques que d'habitude. On pourrait penser que c'est le billet qui forme les commentaires, mais en vérité, c'est que les «cons» sont occupés ailleurs:

Vers 10h ce matin, une foule de curieux s'est massée autour du palais de justice pour attendre l'arrivée de Bérard. Lorsqu'il est sorti du camion, quelques hommes lui ont crié des injures comme «osti de rat» et «restant de vidange».
- Daphné Cameron, «Meurtre de M. Beaudin: Richard Bérard sera accusé de meurtre»

Voilà. Les cons qui perdent leur temps à écrire des bêtises sur les blogues les plus en vue sont les mêmes qui perdent leur temps à aller crier des injures aux accusés de meurtre.

2008/07/24

Déjà 8000 visites dans mon Photorama. Lâchez pas, j'ajoute régulièrement des photos de mon dernier voyage.

2008/07/16

Une haleine de paysage

Je connais quelqu'un à l'haleine de paysage agricole engraissé de fumier, au souffle rappelant le vent au sortir de l'étable. C'est toute une odeur, voyez-vous, quelque chose de grandiose ramené à une échelle humaine, un alliage de puissance et d'intimité qui ne se retrouve, au fond, qu'à peu d'endroits de l'univers: dans cette bouche et dans le cul des chevaux. Pour l'éviter, il faut reculer la tête, porter la main à la bouche et créer, entre la paume et les narines, un havre d'odeurs bien à soi, dernier refuge contre l'envahissant parfum.

Nous ne nous rendons pas compte à quel point nous portons notre propre odeur avant que celle-ci nous ait protégé des attaques de ce genre, à moins d'avoir inséré ses doigts dans la bouche de cet homme - ce que je ne saurais conseiller à personne.

2008/07/09

Histoire de lapins

Un tueur en série s'en prend à des lapins en Allemagne:

They are examining rabbit torsos for possible traces of DNA and they have questioned 300 people. But police admit they still have no idea who is decapitating the rabbits and why.

It is also unclear how the killer has been locating his victims.
- BBC
Est-ce la solution pour Kelowna, BC?

2008/07/07

Sur l'autoroute des plages

La Presse annonçait avec fierté les dix meilleures plages autour de Montréal. À voir où ça nous a mené dimanche, mes amis et moi, je suis en droit de me questionner tant sur la pertinence de ces listes que sur la qualité des plages environnantes, quoique, quand un cas comme dans l’autre, la Presse ne s’en sort pas : ou bien elle publie n’importe quoi, ou bien elle publie n’importe quoi (bis).

Nous étions donc sur le chemin d’Oka à bord de la Gousse-mobile, rutilante sous le soleil de juillet, pour une autre mémorable escapade jusqu’à Sainte-Marthe-du-Lac, où nous attendait, aux dires de la Presse, le calme et l’anonymat d’un lac artificiel. « Cette ancienne sablière a été aménagée en plage par un groupe de citoyens, qui se gardent bien d’ébruiter le secret. - La Presse » Secret mes fesses. La 43e avenue et toutes les avenues avoisinantes étaient bordées d’autos de plaisanciers qui eux-mêmes faisaient la queue pour payer leur droit d’accès à cette grosse pataugeoire. Le Gaspésien que nous avions à bord a refusé de descendre de l’auto, nostalgique des endroits déserts dont regorge sa région natale et moi-même, nostalgique des plages blanches de Menorque, j'ai refusé de garer le véhicule. Il nous restait toujours Oka, malgré ses indécents hors-bords. « Cap à l’ouest ! » nous sommes-nous exclamés.

Nous ignorions que Pointe-Calumet et son fameux Beach Club se trouvaient sur notre route : « Pas le temps ou les moyens de vous payer une semaine à Punta Cana? L’espace d’une journée, vous pourrez retrouver l’ambiance et les activités propres aux complexes hôteliers des Caraïbes… à 40 minutes du centre-ville de Montréal. » Le stationnement situé à l’ombre des glissades d’eau était rempli non seulement d’autos, mais aussi et surtout de post-adolescents qui calaient leurs bières avant de franchir les tourniquets, de l’autre côté desquels une immense cannette de Bud light gonflable leur promettait de leur faire payer cher chaque consommation. La musique tonitruante, les corps d’athlètes et les huttes de paille achevèrent de nous convaincre qu’il s’agissait du party perpétuel des annonces de bière et des radios commerciales. 12 piasses chaque pour ça ? No fucking way. Il a donc fallu remonter la file auto-bronzante et multi-cellulaire, passer le long des terrains de volleyball exhibito-abdos, tourner le dos à la calice de musique, repasser entre les auto-épilés, nous méfier des ados qui se saoûlaient et se réchauffaient, pour remonter dans la Gousse-mobile où nous attendait une bonne bouffée de chaleur.

Oui, ils étaient beaux, tous ces éphèbes et ces jouvencelles, on peut rêver d’eux pour une nuit, ou dix fougueuses minutes sur la banquette arrière, j’avoue que ça me titillait, mais il y avait aussi quelque chose de triste à les voir s’exciter dans cette pastiche caraïbéenne, dans ce faire-semblant-que-le-party-continue. Il me semble qu’à leur place, je profiterais de ma beauté pour m’ouvrir d’autres portes que des portes de char, mais bon, traitez-moi de pute si ça vous amuse, je vous réponds qu’on peut toujours rêver. À la radio, alors que nous quittions ce lieu sordide et si terrifiant pour l’avenir du monde, une fille téléphonait à l’animateur : « Ouin... c’est juste pour dire qu’on est dix filles super hots au coin de telle rue et telle rue, pis on lave des autos toute la journée... » Assez!

Prochaine étape, Oka, la mythique plage : « D’une capacité de 10 000 personnes, la plage est située tout près du camping du parc. On peut y louer toutes sortes d’embarcations et des vélos, ce qui est idéal puisque la Route verte traverse le parc. » Comme d’habitude, une auto dudit parc barrait l’accès et nous renvoyait chez nous, les 10 000 personnes étant déjà arrivées. Sur l’accotement recommençait l’inlassable galerie des torses bien découpés, des bikinis tout petits et de l’alcool sur le capot de l’auto en attendant que des places se libèrent. Il ne sera pas dit que l’attente aura mis un terme au party qui, comme le show, must go on.

Avec tous ces détours il était déjà 15h00, l’heure que les Majorquains appellent l’heure basse, sage appellation qui nous rappelait avec beaucoup de justesse qu’il fallait se dépêcher, ravaler notre morve de pleurnichards, prendre une bonne respiration et retourner au trou de bouette de Sainte-Marthe-du-Lac, notre premier amour. Là-bas, le sable avait beau nous brûler les pieds, il était facile de les oublier en les plongeant dans l’eau, non pas tant à cause de sa fraîcheur que de son opacité. Le Gaspésien a eu l’idée folle d’y échapper ses lunettes de soleil et croyait bien ne jamais les revoir, jusqu’à ce que Simon les retrouve en tâtant aveuglément du pied. Imaginez maintenant qu’un enfant s’y noie, ce n’est pas pour rien que les bouées nous empêchaient d’aller au-delà de 1,6m de profondeur... J’étais bien loin des eaux cristallines de la Méditerranée où la nudité de tous était visible à des kilomètres. C’était huit jours plus tôt, mon dieu.

Enfin, malgré tout, l’endroit n’avait ni l’indécence sexuelle du Beach Club, ni celle, hors-borisée, de la plage d’Oka. Nous y avons passé deux jolies heures plutôt paisibles malgré la mère de Zacharie qui, de son parasol, ne pouvait supporter de voir vivre son enfant de 18 mois. Le pauvre ne faisait rien, ne disait rien, parfois il se levait : « Zacharie, fait attention, tu vas tomber! » parfois il s’assoyait : « Zacharie, tu vas te salir! Zacharie, fais pas ci, Zacharie, fais pas ça! » Pauvre Zacharie. Un jour, il voudra se libérer de sa mère en roulant jusqu’au Beach Club.

2008/07/04

Dans la forêt des mal-aimés

En Catalogne il y avait une plage bordée d'un boisé fréquenté par de nombreuses créatures masculines. C'était une forêt des mal-aimés, un repère à bears habillés d'un simple cock ring. Mon Catalan et moi avions peur de ces rencontres et devions prendre garde où nous mettions les pieds, car nous passions souvent par des talles de condoms. Je n'ai jamais vu autant de préservatifs que dans ces fourrés.
Nous avons rejoint la Gousse-mobile avant le coucher du soleil et fuit ces lieux sinistres.

2008/07/01

Entendu en Catalogne

L'Espagne est bien capable de crever l'oeil qui la nourrit.

Manger mieux

Sur l'échelle des délices, la nourriture servie à bord des avions d'Air Transat se situe juste au-dessus de la vase et des eaux d'égoûts.

2008/06/30

Sudbury et Valence

En Catalogne, demander à un étranger s'il est déjà allé en Espagne, c'est comme demander, à celui qui arpente les rues du Vieux Québec, s'il est déjà allé au Canada. La question, bien qu'elle puisse sembler absurde à ceux de l'extérieur, est révélatrice de ce qui se passe à l'intérieur. L'Espagne se prend par morceaux, on n'en fait pas qu'une bouchée. Et bien sûr, je mords dans le meilleur, ce petit coin du nord-est qui résiste toujours et encore à l'envahisseur. Comme nous en Amérique.

- Non, je ne suis jamais allé en Espagne, ai-je répondu au Catalan qui me questionnait.
- Ah mais si, tu es allé à Valence.
- Mais c'est un pays catalan.
- C'est déjà l'Espagne, dit-il amer de mettre en évidence ce recul de sa culture.

J'ai beau chercher, je ne trouve pas d'équivalent au Québec. Le Pontiac ? Les Cantons de l'Est ? Le West Island ? Rien de tout cela n'a l'ampleur de l'inexorable érosion du royaume de Valence et de ce que cela représente pour les pays catalans. C'est sous le spectre du Canada français, ou mieux, de l'Amérique française, qu'un semblant d'analogie est possible: tous ces francophones hors-Québec (Cajuns, Acadiens, Franco-ontariens) qu'on a peut-être laissé tomber pour mieux nous affirmer et qui, chaque jour, se dissolvent dans ce grand melting-pot anglo-saxon qui, tel le Blob, avale tout. Mais encore l'analogie s'arrête là où se dresse l'imposante culture de ces pays millénaires. Perdre Sudbury n'est pas comme perdre Valence.

Retour

J'ai fait un très beau voyage dans les pays catalans. Mais laissez-moi commencer par la fin: dans la file des passagers qui montaient à bord de l'avion pour retourner à Montréal, j'entendais l'accent québécois pour la première fois depuis longtemps. Chaque éclat de voix, chaque mot prononcé me ramenait un peu plus dans mon pays à moi, grugeait un peu plus de mon rêve catalan jusqu'à ce qu'il n'en reste plus, dans l'avion, que des souvenirs. Je ne trouve jamais les mots plus agressants que lors du voyage de retour.

2008/06/05

Catalogne 2008

Ça y est, c'est le jour du grand départ pour la Catalogne (bis). Ne soyez pas surpris de mon absence. Je reviens chez nous à la fin du mois.

2008/06/03

Sale histoire

Cette histoire de toilette bouchée dans la station spatiale internationale me fascine, non pas que j'ai des fantasmes scato, mais tous ces milliards, toute cette science, ces robots, ces scaphandres, cet exploit humain et technologique de construire un immense laboratoire dans le vide, et ces morts aussi, n'oublions pas qu'il y a eu des morts, tout cela, dis-je, compromis par une toilette bouchée, est le comble de l'ironie.

Pensez, tous ces scientifiques et ces pilotes de l'air qui ne peuvent s'empêcher de chier, remplissant plus rapidement qu'on pense leur étroit habitacle, au péril de leur vie, forcés d'évacuer (c'est le cas de le dire) une fois pour toute et tomber de haut en ta...

Cosmonaute #1: Capitaine, Capitaine... on est dans la marde.
Capitaine: Il faut évacuer.
Astronaute #2: Capitaine, c'est déjà fait.
Capitaine: Non, je veux dire nous, la station, quitter le navire. Houston, on a un problème.
Houston: He merde. Revenez, tout est foutu.
Spationaute #3: Capitaine, je pense qu'on vient de se faire flusher.
Capitaine: Ah, va donc chier!
Spationaute #3: Hum... y'a pu vraiment de place.

Puis un bon jour la station spatiale, à bout de souffle, s'écrase dans les steppes du Kazakhstan comme une grosse bouse de vache.

2008/06/02

Amer café

Lorsque la cafetière du bureau est encore pleine de 8 à 12 tasses, le bec verseur nous impose une délicatesse et une précision de mouvement digne des grands salons victoriens, sans quoi les dégâts sont nombreux. Chaque matin c'est la même histoire, j'en renverse partout avant de me calmer, de faire attention en remplissant ma tasse, puis, en épongeant mon gâchis, je me mets à imaginer la démonstration du petit ingénieur qui a dessiné le contenant. On comprend tout de suite que, l'heure étant extrêmement sérieuse pour sa carrière comme pour l'avenir de la compagnie, l'écoulement du café dans la tasse des patrons s'est faite de manière impeccable et dans les règles de l'art. Séduits par la solennellité de la présentation, les patrons ont approuvé le nouveau produit... et tant pis pour les milliards d'employés de bureau qui, pressés d'avoir leur dose de caféine le lundi matin, continueront de gaspiller des rivières de café et des forêts de papier essuie-tout.

2008/05/29

Un film de gars

** Attention, peut-être que vous ne voulez pas lire ce billet si vous comptez aller voir le dernier Indiana Jones. Je ne révèle aucun punch, mais bon, on ne sait jamais. Prudence, prudence. **
Mardi je suis allé voir le dernier Indiana Jones. La salle était bondée d'hommes. Deux d'entre eux, assis dans ma rangée, se caressaient sans vergogne, les femmes étant très rares. Je me serais cru à une projection d'Image et Nation, mais en réalité j'étais en plein mainstream (le mainstream mâle, s'entend). Indiana Jones et le royaume des titres improbables est un film de gars, c'est indéniable, un film aux cascades aussi rocambolesques qu'époustouflantes, du début à la fin. L'action n'arrête jamais, surtout pas pour manger ou dormir et les rares moments de répits ne sont là que pour mieux relancer la cascade suivante (prendre ici "cascade" au pied de la lettre, car tout film d'Indiana Jones qui se respecte contient sa descente de fleuve impétueux).

Un film de gars, dis-je, dans la salle comme à l'écran, avec pas plus de deux personnages féminins, lesquels, contrairement au couple de poilus de ma rangée, ne se sont pas caressés, ce qui, étant donné les rêves de l'assitance, est assez dommage. Mais l'archéologue vieillit et ses femmes aussi. Si montrer deux jouvencelles échanger des baisers aurait été dans l'air du temps, deux femmes d'expériences, ça... le monde n'est pas encore prêt. C'est peut-être notre prochain dernier tabou, allez savoir, mais pour l'heure, Indiana Jones et le royaume des crânes chauves s'inspire d'abord et avant tout de ses prédecesseurs. Donc no lesbian trip, okay? Oubliez ça. Les deux femmes sont ennemies : l'une d'elle conduira un véhicule amphibie pendant que l'autre lui tirera dessus avec une mitraillette. C'est la seule interaction qu'elles auront. (De grâce n'allez pas dire que je viens de vendre un punch. Les films d'Indiana Jones sont reconnus, entre autres, pour leurs poursuites effrenées et leurs fusillades sans effet.) Deux femmes, donc, dans ce film manichéen : une bonne et une mauvaise, la bonne femme étant celle qu'on veut épouser, la mauvaise, celle qu'on veut tuer.

Voilà peut-être l'originalité de cet Indiana Jones au royaume des têtes de mort: l'ennemi à abattre, le big boss, est une femme. On pourrait penser que mesurer une femme à un héros masculin est une victoire pour le féminisme, mais il n'en est rien, car faire d'une femme le gros méchant dans un film de gars ne va pas sans problème. Après tout, on imagine mal Indiana Jones lui donner une râclée, rapport que ce serait tout un exemple à donner à son public-cible masculin venu se changer les idées. Or les moyens déployés pour affronter et rendre affrontable la vilaine trahissent une pensée désesperément machiste. On dote d'abord la femme d'une épée, arme phallique à souhait, mais aussi arme d'agilité et de finesse plus que de force et de brutalité, de telle sorte que les hommes, pour l'atteindre, n'auront d'autre choix que d'utiliser la même arme. Mais cette mesure, à la limite astucieuse, n'est pas suffisante. L'homme est encore trop fort. Surtout Indy, reconnu par ailleurs pour sa maîtrise du poing et des coups de fouet plus que de la noble lame. Ce sera plutôt son jeune compagnon, pleurnichard, décrocheur, encore dans les couches de sa mère, mais qui excelle à l'escrime, qui la combattra. Mais là encore, les forces sont inégales. Si les scénaristes ont doté la vilaine d'un phallus de courtoisie, il leur faut aussi castrer le jeune homme: il recevra, pendant le combat, une série de cactus dans les couilles. Sérieux.

Et que fait la bonne femme pendant ce temps? Elle conduit son véhicule amphibie comme un jeep à la plage, encourage son fils pendant qu'il se bat avec la madame, décrit ses états d'âme à Indiana Jones quand ce n'est vraiment pas le moment. Déconnectée de ce qui se passe pour mieux se concentrer sur ses émotions, incapable de faire du mal, incapable aussi de s'enlever Indiana Jones de la tête, amoureuse indéfectible, mais aussi, bien sûr, mère aimante, ce qu'on ne lui reprochera certainement pas, voilà le portrait d'une bonne femme. Tout le contraire de la mauvaise, sorcière sans scrupule dont la faim pour la connaissance n'est motivée que par sa soif infinie de pouvoir, soif qui, comme toujours dans Indiana Jones, mènera à sa perte. C'est là que le film devient carrément sexiste, non pas tant parce qu'on marie la mère aimante qui s'en remet entièrement au héros, que parce qu'on le fait après qu'ait été punie la femme qui, épée à la main et idées dans la tête, avait l'ambition de tout connaître et n'hésitait pas à se servir du héros pour y arriver. C'est ce qui m'amène à dire que le gros méchant aurait dû être un homme... et peut-être aussi le héros, une femme, mais ça c'est un tout autre film.

2008/05/26

On trouve des nouvelles de Boomer sur le site web du zoo de Granby. Apparement le lion est si populaire qu'on a cru bon de prévenir les visiteurs: "Veuillez noter que Boomer ne sera pas visible aux visiteurs à la date d'ouverture du Zoo le 31 mai."

Se donner de l'importance en prenant un cappucino glacé à la barbe des autres est plutôt pathétique.
À vaincre sans péril on triomphe sans gloire.

2008/05/21

Grosse qui outre et lui qui passe outre

Je vais vous raconter une histoire. C'était dans un Tim Horton's du Québec profond où j'avais décidé d'arrêter pour me prendre un café. Il me restait encore beaucoup de route à faire et j'avais besoin d'un peu de chaleur dans la Gousse-mobile.

Je faisais la queue, comme tout le monde. Elle n'était pas très longue, mais elle n'avançait pas vite. À un moment donné une grosse femme est entrée. Elle devait avoir dans le début de la vingtaine, très grosse et d'apparence à la fois soignée et sensuelle, le genre de grosse qui n'a pas honte de sa taille, tout au contraire, elle considérait ses courbes comme un atout. Une grosse femme fatale, quoi, un immense assemblage d'attraction et de rétention qui va dans la vie en revendicant tout. Tout lui revient et pour cette raison elle refuse tout effort et ne travaille pas, préférant se laisser entretenir soit par un homme, soit par la famille, soit par l'État. Souvent par une combinaison des trois.

À moi, que la nature a rendu pratiquement insensible aux appâts féminins, ce genre de femmes, qui croient que rien ne leur résiste et qu'elles peuvent prendre tout ce qu'elles veulent, m'inspire d'autant méfiance que leur grosseur signifie qu'elles veulent beaucoup, beaucoup plus que le commun des mortels. Elles veulent à outrance, ces femmes outrancières. Bref, cette femme est entrée et je me suis senti outré. Elle m'outrait.

Elle était accompagnée d'un homme plus âgé et gros, tout de même, quoique moins imposant. La longueur de ses cheveux blancs suggérait qu'il considérait les salons de coiffure comme une dépense inutile. Il portait sa chemise à carreaux dans ses pantalons, lesquels étaient maintenus bien en haut de sa taille, autour de son ventre, par une ceinture qu'il serrait, on imagine, autant que les cordons de sa bourse. Les deux faisaient une drôle de paire, elle si éclatante et boulimique, lui si fade et radin. Mais les traits de leur visage (et peut-être aussi l'ampleur de leurs panses) suggéraient un lien de parenté.

En entrant, la grosse a pris tout de suite des airs familiers. Elle connaissait les employés au point de s'aventurer dans la cuisine pour jaser. L'homme, lui, attendait près de la porte jusqu'à ce que, profitant d'une caisse libérée, il s'approche pour commander un cappucino glacé au nez de tous les pauvres clients (dont moi-même) qui attendaient. Un héros, qui me précédait dans la file, l'a alors interpelé pour lui rappeler que la queue commençait là-bas et qu'il passait devant tout le monde. Le sale porc se retourne, lui lance un regard méprisant et hausse les épaules: "C'est pas plus grave que ça." Le héros lui parle ensuite de savoir-vivre mais n'obtient aucune réaction, sinon d'un autre client (un autre héros) qui, depuis la caisse où il est déjà rendu, reproche haut et fort l'effronterie de l'effronté. Le sale porc, de plus en plus agacé, lance un truc que je n'ai pas compris dans le détail à cause de bruit, mais qui, assez clairement, se résume à ce que les files d'attente étaient pour les imbéciles et les niais. Puis il va s'asseoir savourer cette boisson froide que Karla Homolka rêvait de déguster à sa sortie de prison. Et pendant qu'il s'éloigne, le premier héros lui fait remarquer qu'avec une pareille attitude, il ne devait pas avoir beaucoup d'amis.

L'instant d'après, je commandais mon petit café noir et infect et je retournais dans la Gousse-mobile en me disant que ce sale porc ferait mieux d'être plus poli avec ces "niais" qui attendent, car sans leur docilité, cet homme, pour avoir son cappucino, devrait se battre avec eux.

2008/05/14

Pourquoi vous devez apprendre le catalan

J'ai reçu des commentaires comme quoi les citations catalanes que j'ai publiées récemment étaient incompréhensibles pour mes lecteurs. Soit. Mais j'invite ces mêmes lecteurs à y regarder d'un peu plus près. Le catalan est très proche du français, à l'oral, mais aussi, et beaucoup, à l'écrit. Un francophone qui se penche sur un texte catalan y reconnaîtra facilement plusieurs mots et certaines formes syntaxiques. Tenez, par exemple: Jo me'n vaig, pour "je m'en vais". Il suffit ensuite de rudiments d'espagnol pour rendre intelligibles des pans entiers de textes. J'en tiens pour preuve que mon premier contact avec la langue fut un roman que je me suis aventuré à lire et que j'ai pu terminer. Au fil des pages j'ai appris à reconnaître certaines prépositions, certains mots et verbes typiquement catalans.

Aussi je crois que les lecteurs de ce blogue sauront comprendre en partie les citations qu'on me reproche. Le catalan est facilement accessible à n'importe quel francophone. J'avance même l'hypothèse qu'il s'agit de la langue la plus proche du français.

Car le catalan est une langue, ne nous méprenons pas. Nous ne sommes pas ici en face d'un dialecte ou d'un patois. Le catalan est abondamment codifié, fort de nombreux dictionnaires, de grammaires et d'une orthographe normalisée depuis plus d'un siècle. C'est une langue vivante qui jouit de statuts officiels dans plusieurs législations d'Europe, une langue parlée par une dizaine de millions de personnes tant en Espagne que dans le sud de la France, à Andorre et même en Italie. Et enfin, c'est la langue d'un peuple qui ne peut qu'inspirer la sympathie pour les Québécois, tant la situation de la Catalogne ressemble à celle du Québec. J'irais même plus loin en affirmant qu'on ne peut honnêtement vouloir attirer la sympathie sur la cause identitaire du Québec sans afficher la même sympathie envers la même cause en Catalogne, et que s'initier à la culture catalane, notamment en en apprenant la langue, est, sinon un devoir, la moindre des choses.

Or, il se trouve qu'il est désormais facile d'apprendre le catalan au Québec grâce au module de langue et culture catalanes offert à l'Université de Montréal. Les cours débutant, intermédiaire et avancé sont donnés de manière intensive et s'étalent sur deux sessions. On en ressort, au bout d'un an, beaucoup plus apte à travailler ou à étudier à Barcelone, mais aussi meilleur citoyen.

Pour plus d'information: http://www.delce.umontreal.ca/cours/catalan/

2008/05/13

Encore une niaiserie dans la Presse:

C'est encore plus vrai au Québec, une société au statut flou dont les citoyens ont souvent des identités multiples.
-Alain Dubuc, Cyberpresse

Born a 12th of May

Le téléphone a sonné très tôt ce matin. Endormi, j'ai grogné à la Catalogne: "Veux-tu ben me dire qui ... oh! C'est mon frère!"
J'ai couru répondre: c'était ma mère qui m'appelait pour m'annoncer que j'étais devenu mononcle Gousse. Voilà. Pour ma belle-soeur c'est une toute autre histoire, mais pour moi, ça s'est passé tout doucement, pendant la nuit.