2008/06/30

Sudbury et Valence

En Catalogne, demander à un étranger s'il est déjà allé en Espagne, c'est comme demander, à celui qui arpente les rues du Vieux Québec, s'il est déjà allé au Canada. La question, bien qu'elle puisse sembler absurde à ceux de l'extérieur, est révélatrice de ce qui se passe à l'intérieur. L'Espagne se prend par morceaux, on n'en fait pas qu'une bouchée. Et bien sûr, je mords dans le meilleur, ce petit coin du nord-est qui résiste toujours et encore à l'envahisseur. Comme nous en Amérique.

- Non, je ne suis jamais allé en Espagne, ai-je répondu au Catalan qui me questionnait.
- Ah mais si, tu es allé à Valence.
- Mais c'est un pays catalan.
- C'est déjà l'Espagne, dit-il amer de mettre en évidence ce recul de sa culture.

J'ai beau chercher, je ne trouve pas d'équivalent au Québec. Le Pontiac ? Les Cantons de l'Est ? Le West Island ? Rien de tout cela n'a l'ampleur de l'inexorable érosion du royaume de Valence et de ce que cela représente pour les pays catalans. C'est sous le spectre du Canada français, ou mieux, de l'Amérique française, qu'un semblant d'analogie est possible: tous ces francophones hors-Québec (Cajuns, Acadiens, Franco-ontariens) qu'on a peut-être laissé tomber pour mieux nous affirmer et qui, chaque jour, se dissolvent dans ce grand melting-pot anglo-saxon qui, tel le Blob, avale tout. Mais encore l'analogie s'arrête là où se dresse l'imposante culture de ces pays millénaires. Perdre Sudbury n'est pas comme perdre Valence.

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