2005/12/21

Le site web de Radio-Canada a parfois de drôles de phrases:

Cependant, la plupart des démocrates et des républicains modérés ont estimé qu'il était plus important de préserver la faune variée vivant dans cette réserve, où s'ébattent notamment des ours polaires et des faucons pèlerins.

Qui est top? L'ours ou le faucon pèlerin?

2005/12/16

Ce blogue a un an. Certains le croient mort, mais détrompez-vous. Cette fin de bac prend tous mes temps libres. Du nouveau à partir de mardi prochain.

2005/11/30

Pour ceux qui ne connaissent pas ce site: urbanphoto.net.

2005/11/22

Je suis flatté. Un homme a cru bon d'afficher une de mes photos sur son blogue.
Pour m'y trouver plus facilement, si ça vous tente de m'y trouver, faites une recherche sur mon nick.

Des photos de l'Île Verte disponibles sur Flickr.

2005/11/21

Trouvé ceci sur le site de Radio-Canada:
"S'il est acquis que le gouvernement va perdre le vote de ce soir sur la résolution néo-démocrate, laquelle prévoit un scrutin le 13 février, par contre il est certain aussi que le résultat n'aura aucune conséquence politique directe. "

2005/11/18

Le stylo Bic

Je viens de découvrir quelque chose.

Ce n'est un secret pour personne que les stylos bic ont un petit trou au bout.J'ai toujours trouvé que ce trou était stupide, parce que je croyais que le capuchon ne servait qu'à éviter que l'encre ne sèche. Mais en vérité, le capuchon n'est pas là pour éviter l'assèchement du stylo, non, il est là pour empêcher que le stylo ne laisse des traces un peu partout quand on le trimballe.

Mais même dans ce cas, le mystère reste entier: pourquoi laisser un petit trou au bout? Je viens de trouver la réponse.

Quand j'étais en cinquième année, le rebelle Dominic s'était soudain levé de sa chaise pour se diriger vers la porte de la classe. La prof, qui écrivait au tableau, a suspendu son geste. L'élève commettait un sacrilège en se levant ainsi, mais il s'est arrêté juste devant la porte, portant la main à son cou. Il a dit: "l'bouchon est pris" Et nous tous avions en tête, horrifiés, l'image si coutumière de ce Dominic grignotant sans relâche un capuchon de stylo.

La prof lui a fait la prise qu'il faut quand les gens s'étouffent, mais aujourd'hui je sais que, si Dominic pouvait parler, c'est qu'il n'étouffait pas. Sans le trou, cet enfant serait peut-être mort.

Aujourd'hui, j'ai réalisé que ce trou existait peut-être précisément pour ce genre de choses.

2005/11/17

Nous avons reçu un très séduisant conférencier hier dans notre cours de Nouvelles expériences de la textualité. Sur son t-shirt: "Not gay as happy, but queer as fuck you." Je l'adore.

2005/11/08

Celle qui bousillait ses enfants

Je suis arrivé avec une heure d'avance à la station centrale d'autobud pour l'achat des billets. Comme il n'y avait pas vraiment de file, j'avais une heure d'errance à tuer et j'ai décidé d'explorer le petit restaurant de la station, puisque je n'y étais jamais allé. J'y ai pris un café et me suis assis dans ces tables avec des banquettes. Autour de moi une jeune fille étudiait, deux autres parlaient en langage des signes. Un gros monsieur mangeait en rotant.

Soudain, une famille est venue s'asseoir à la table en face de moi. C'était une famille pauvre, visiblement défavorisée par tout ce que la vie n'avait pu lui offrir. La mère était jeune, grosse, et n'inspirait aucune sympathie. Le père non plus, mais celui-là avait l'air d'une misérable racaille sans échine. Le seul espoir qui leur restait était ces enfants, tout jeunes. Ils avaient encore l'innocence de leur côté. Mais la mère semblait à tout pris leur refuser cette innocence. Elle les culpabilisait et les punissait de tout et de rien.

Ils avait deux et quatre ans. La mère tenait fermement le plus jeune par le bras, le forçait, par de brusques mouvements, à aller aussi vite qu'elle, même s'il allait déjà aussi vite qu'elle. Elle l'a poussé sur la banquette, lui ordonnant de s'asseoir. Le pauvre s'est retrouvé cul par-dessus tête et pendant qu'il se redressait pour s'asseoir, la mère a lancé son sac à dos au bout du siège, accrochant sa tête au passage. Elle s'est assise à côté de lui, agacée qu'il ne soit pas déjà installé, et l'a redressi assez raide. J'étais stupéfié par cette scène qui ne faisait que commencer.

Elle et son fils me tournait le dos, tandis que le père et l'aîné s'assoyaient en face d'eux, et de moi-même par le fait même. Le père et la mère discutaient dans un charabia mou et désorganisé. Je reconnaissais parfois des mots anglais, parfois des mots français. Mais en général, c'était incompréhensible. La mère commençait toutes ses phrases par "je". J'ai compris qu'elle se plaignait.

À côté d'eux, les enfants ne disaient pas un mot. J'étais à me dire que peut-être les enfants avaient été turbulents, même si ça n'excusait rien, quand la mère a donné une taloche sur le bras du plus jeune en lui disant de se tenir tranquille. Quelques instants après, le père a fait la même chose avec l'aîné. J'étais scandalisé. Je ne savais trop que faire, je voulais intervenir, mais j'avais peur de faire une scène. J'avais peur que toute la violence n'éclate soudain. Et personne autour ne semblait remarquer ce qui se passait.

Le père n'a retouché personne, mais la mère, tout en se plaignant, donnait par moments des claques à son enfant. L'enfant ne faisait rien. On aurait dit qu'elle se défoulait sur lui des troubles dont elle se plaignait.

Soudain la mère a donné un coup de coude au petit. Le coup a atteint son oreille. Là, j'avais de la rage au coeur. Ça n'avait aucun sens. L'enfant s'est mis à pleurer.
Sa mère s'est approché à un pouce de son visage et lui a dit, en le menaçant du doigt, de se tenir tranquille. Or, parce qu'elle s'était ainsi penché, je faisais face au père et j'ai voulu me cacher en buvant mon café. J'ai soulevé ma tasse, mais je tremblais tellement que je ne pouvais rien faire. J'ai dû reposer ma tasse sur la table. Je tremblais tant.

Le père a dit à sa femme qu'elle ambitionnait. À moins qu'il ne l'ait dit à l'enfant. Je ne sais pas. Il a dit: "Là tu ambitionnes."

Elle n'a plus retouché à cet enfant par la suite, mais l'autre a dû l'accrocher avec son pied sous la table car je l'ai entendue dire: "J'vas t'en donner des coups de pied, moi itou." Et j'ai entendu des bang! bang! Elle essayait de lui remettre son coup.

Puis elle a dit à son mari d'aller acheter du jus, pous le plus jeune. Et elle a dit au plus vieux qu'il n'en aurait pas. Elle a mouché le plus jeune, qui morvait à cause de pleurs et lui a donné le jus. L'autre le regardait. On voyait bien qu'il en voulait. Sa mère a fini par lui tendre la bouteille. Lui n'y croyait pas. Il était incrédule. Il a pris la bouteille et a bu, méfiant, en ne quittant pas sa mère des yeux, qui elle-même ne lâchait pas de le dévisager. Il buvait comme un chien battu, voilà.

La crise était passée. Mon café était fini et je n'en pouvais plus. Je suis reparti, rongé par les scrupules.

Que tous les coeurs sensibles se réjouissent, je suis rentré bredouille de la chasse. Quelques images disponibles sur Flickr.

2005/11/03

Pour un Québec solidaire. À lire, bon sang, à lire!

2005/11/01

Pour voir Michaëlle Jean faire une vraie folle d'elle: son discours.

2005/10/31

Paysage du belvédère

Pb et moi, assis au bout du bar, à croquer des Skittles en buvant bière par-dessus bière. Dans notre champ de vision, les deux barmen s'activent pour servir les clients. Le premier est affublé d'une perruque de femme, l'autre est déguisée en séduisant cowboy au visage ensanglanté. En arrière-plan, à l'autre bout du bar, un réduit fait office de loge pour les artistes. Pb et moi, en croquant nos Skittles, avons tout le loisir d'y voir les travestis enfiler leurs plus beaux atours.

Des photos de mon passage à Ottawa peuvent être visionnées sur Flickr.

Le garçon qui mangeait des oiseaux

Nous savions peu de choses sur ce jeune homme. Il était assis devant nous, dans ce restaurant de la rue Elgin, sirotant son thé matinal pendant que nous prenions notre café. Nous attendions les déjeuners.

Ses lèvres paraissaient rugueuses, sèches. À droite, sur la lèvre d'en bas, un petit trou trahissait le passage d'un piercing. Il était joli, mais il ne s'intéressait qu'à lui-même. Il n'avait parlé que de sa personne jusqu'à présent: comment il occupait un poste puissant dans un hôpital, comment il contrôlait la morgue, comment ses études le propulseraient en haut de l'échelle sociale, comment il faisait plus d'argent que nécessaire, bla bla bla. Il nous avait aussi avoué qu'il aimait fumer des joints le matin en se levant, mais que son travail rendait cette activité difficile. En gros, résumait-il, sa vie alternait entre le travail et les bars. Et maintenant, il ne parlait plus.

Il ne s'intéressait pas à nous. Il nous fallait s'intéresser à lui, l'interroger. Il collectionnait les insectes. Comment faisait-il? Il les achetait parfois, il les capturait aussi lui-même. Il nous a expliqué comment il les tuait et les épinglait. Il n'épinglait que les plus beaux spécimens et gardait les autres ailleurs. "J'en ai capturé beaucoup, beaucoup", a-t-il ajouté avant de passer à sa collection de minéraux.

Je ne sais plus trop comment la discussion en est arrivé à la chasse, mais toujours est-il que cet homme chassait par choix. Moi, je chasse par perversion. Il s'est alors mis à parler de calibre. Il voulait savoir avec quoi je tirais. Je n'en savais rien, je m'en fichais tellement. Je m'intéressais surtout au gibier et à l'entendre, il avait tué un peu de tout. Même des oiseaux: "Je tue des oiseaux et je les mange", a-t-il dit avant de se demander, à voix haute, avec quel calibre il tuerait le prochain.

Partir sur un nowhere

"PB, on dirait que plus on avance, plus on s'approche de rien."
- Myriosis, sur la route

2005/10/26

2005/10/25

La reine Émilie

Parce qu'Émilie a enfin décidé d'alimenter son blogue.

2005/10/20

Ma photo qui fait fureur

VOIR publie une de mes photos pour la seconde fois. Voici l'original en guise de preuve:
pantheres roses

Et je vous invite à regarder mes autres oeuvres, par le fait même, sur le site de Flickr.

2005/10/13

Des nouvelles d'Anne-Marie

"Pour le moment je subviens à mes modestes besoins grâce à un petit commerce de cartouches de cigarettes trouvées dans un sac abandonné à l’auberge de jeunesse, et contenant essentiellement des fruits pourris, des chandelles parfumées et d’innombrables bouteilles de médicaments avec étiquettes en russe – j’ai également songé à assurer le trafic de ces derniers, mais ne me suis pas sentie les ambitions criminelles nécessaires. De toute façon je suis dans une phase de paresse et d’inertie, et j’apprécie les plaisirs simples de l’aménagement intérieur. Faire le ménage, assembler mon lit en pièces détachées, le changer de place et remplir ma chambre d’objets trouvés dans le jardin occupe la majeure partie de mon temps."
- Anne-Marie, depuis sa commune de Londres

2005/10/12

Coup d'oeil sur mon travail avec le Classificateur

On me demande de choisir parmi les items suivants:

  • catgut

  • human hair

  • silk-worm gut

  • textile material


  • Si je choisis les vicères de chat, je devrai spécifier si elles serviront dans un contexte chirurgical ou si j'en ferai une corde pour un instrument de musique. Si je choisis la corde, je tombe dans une boucle infinie. C'est le noeud coulissant de ma pendaison. Si je choisis la chirurgie, ce sera encore une fois une boucle infinie, la boucle de mon point de suture.

    Si je choisis les cheveux humains, je devrai avouer qu'ils sont raidis, réduis, ou bleachés. Dans un cas comme dans l'autre, le CLASSIFICATEUR me dira: 670300

    Si je prends les tripes de ver à soie, je devrai dire si elles serviront pour une chirurgie, comme fil à pêche ou pour autre chose. J'éviterai la boucle infinie si je choisis: "autre chose". Le fil à pêche, c'est celui avec lequel je m'ouvre les poignets. Quand je choisis "autre chose", le CLASSIFICATEUR me crache: 500600

    2005/10/05

    Guy dit:

    Que fait cette pilule? Elle te rend joyeux? Je veux la pilule du bonheur. Certains croient que la pilule du viagra est la pilule du bonheur. Voilà pourquoi la compagnie Pfizer fait tant de profits.

    Et les gens fourrent, des heures durant. Ils fourrent les cons, les anus, ils s'en fouttent. Ils n'ont même plus à être excités par ce qu'ils fourrent. Ils n'ont, au fond, qu'à fourrer jusqu'à l'épuisement. Les composés chimiques s'occupent du reste.

    2005/09/28

    L'élégant jeune homme

    Il faut savoir qu'où je travaille les lieux sont trop petits pour avoir une salle de réunion, mais que le hall d'entrée est assez grand pour être à la fois un hall et un endroit propice aux réunions. D'où je suis assis, je peux aisément voir ce qui s'y passe et avoir une idée de ce qui s'y dit.

    Le jeune homme élégantAlors donc une réunion a cours. Les collègues échangent des idées performantes, cherchent des solutions novatrices pour notre compagnie proactive et chef de file, quand soudain un élégant jeune homme entre sans frapper, interrompt la réunion et s'informe dans l'accent de Paris si tout le monde est présent. Cet homme, visiblement, est prêt. Il va faire un exposé. Mais personne ne le connait. Personne ne sait ce qu'il fait là. Et devant les regards hagards il remet en question la pertinence de sa présence. Il explique alors qu'il est ici pour une démonstration de produits de beauté. On lui explique qu'il est dans une compagnie de recherche et développement en informatique. Il rougit de honte et puis s'enfuit.

    2005/09/23

    Photorama

    Je vous invite à regarder mes oeuvres sur Flickr.

    Arrêter les ouragans

    Bon sang, il y a bel et bien eu des recherches pour contrôler les ouragans! Les méthodes peuvent se résument en deux approches: l'approche chaude et l'approche froide.

    Evidemment, ici, on s'intéresse au froid. L'article de CNN mentionne deux méthodes froides pour contrôler les cyclones:

    1. Researchers dropped silver iodide, a substance that serves as an effective ice nuclei, into clouds just outside of the hurricane's eyewall. The idea was that a new ring of clouds would form around the artificial ice nuclei. The new clouds were supposed to change rain patterns and form a new eyewall that would collapse the old one. The reformed hurricane would spin more slowly and be less dangerous.


    La deuxième est vraiment ma préférée:
    2. Other storm modification methods that have been suggested include cooling the tropical ocean with icebergs.


    Quant à la méthode chaude, elle parle d'elle-même:
    Occasionally, somebody suggests detonating a nuclear weapon to shatter a storm.

    2005/09/21

    Hier soir mon coloc a tué le plus gros cloporte qu'il ait jamais vu. Il l'avait trouvé dans sa chambre et l'avait tué avec un kleenex. Il reste maintenant en paix dans la poubelle de la cuisine, enveloppé dans son liceul, jusqu'à la prochaine collecte des ordures, c'est-à-dire demain.

    2005/09/13

    Bibittes d'humidité

    Le cloporte est un crustacé. On en trouve chez les gens, dans les maisons, quand il fait humide. On le tue avec un kleenex ou une semelle. Ou les deux.

    2005/09/08

    Promenade sous la pluie

    En sortant du métro je n'avais pas de parapluie. Il pleuvait et j'ai dû affronter l'intempérie au nom du devoir m'appelait, traverser Décarie comme on traverse une rivière, malgré toute l'eau qui tombe du ciel. Mais au lieu d'ajouter à mon trouble cette douche me secouait la torpeur. Elle me lavait de quelque chose. Et je souriais d'attendre le feu vert sur le viaduc. Je ralentissais le pas. J'étais fait en chocolat.

    Puis un peu plus loin, je me suis à courir, à sauter par-dessus les obstacles, j'ai couru à m'arracher l'air des poumons et à mes brasser les sangs qui stagnent. Là encore, j'avais l'impression de me débarrasser de quelque chose, je me secouais la torpeur. Je me la serais arrachée du corps si je l'avais pu. Voilà. Sous la pluie, je me débattais.

    2005/09/06

    Histoire d'une pendaison

    C'était écrit dans le ciel que la Mort serait de cette pendaison. Elle vint et dans son cortège l'accompagnaient l'éternelle Perséphone et un certain Gabriel qui, nul doute, était l'archange des Saintes Écritures. Celui-ci distribuait aux convives les restes d'une liqueur à l'anis, saveur que je déteste par-dessus tout. Et pourtant l'ange insistait, transformant en lait, à l'aide d'un peu d'eau, cette liqueur, sans toutefois en altérer l'horrible goût. Il en vantait l'allure, suggérant que, dans ma condition, je ne pouvais qu'apprécier ce caractère laiteux. Je lui répondis que pour quelqu'un qui n'était pas dans ma condition, il l'appréciait déjà pas mal, ce laiteux-là. Il ne put qu'être d'accord. Ça ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd. Il était d'accord là-dessus aussi.

    Mais déjà les rumeurs couraient, tels les chevaux de l'Apocalypse, selon quoi le funeste cortège se touchait tellement sur le divan que ça ne pouvait que mal finir. Puis tout a fini. Tout le monde est rentré chez lui. La pendaison était terminée. Et il ne s'est rien passé.

    2005/08/28

    "Les derniers restes de l'hiver, des sortes d'os sales, achevaient de fondre sur le béton du trottoir, cette sorte de mur horizontal."
    - Réjean Ducharme, L'hiver de force

    2005/08/21

    De mon été, à la manière de Céline

    La belle saison a commencé pour moi avec les cours de chinois. On y apprenait à dire des phrases idiotes d'une manière incompréhensible. J'ai excellé. Mais pendant ce temps, on se souvient que j'ai dû me faire arracher des dents. J'ai plus souffert de l'opération que du mal qui l'avait suscitée. C'est à ce moment-là qu'il s'est mis à faire chaud, très chaud. On n'en finissait plus de suer et de ne plus dormir. Il avançait l'été et on s'épuisait de plus en plus.

    Malgré cela il fallait trimer dur, parce qu'on avait décidé de déménager et qu'il fallait tant laver et peinturer. On peinturait dans ces grandes chaleurs qui font tant parler les femmes enceintes et moi, par pudeur, je n'osais pas enlever mon chandail. J'ai sué au point que mes glandes n'en pouvaient plus. Ce soir-là, au moment de la douche, j'avais le corps picoté de rouge. On eut dit une truite mouchetée. Oui, voilà ce que j'étais quand l'eau tombait sur moi. Le lendemain j'ai bien pris soin de me déshabiller pour peinturer. Beaucoup m'ont suivi dans cette démarche. On aurait pu croire à un bordel.

    Une fois le déménagement complété, mais vraiment complété, un mois plus tard, je me suis reposé. On m'avait trouvé un chalet quelque part dans les Laurentides et là je me baignais beaucoup, parce que l'eau était bonne et qu'il faisait toujours chaud. Par chance il y avait un enfant là-bas. Je l'accompagnais dans ses chasses aux grenouilles. Il me montrait des carcasses de tortues et d'écrevisses. Je ne faisais plus mon âge.

    Puis il y a eu les championnats du monde. C'était dans les environs de mon anniversaire. On a regardé des hommes se bousculer dans l'eau et d'autres plonger du haut d'une tour. C'était impressionnant de les voir se jeter dans le vide les plongeurs. Tellement qu'à la fin ils ont reçu des médailles. Nous, pour célébrer ma vie qui vieillissait, on est passé par le karaoké. On chantait des vieilles chansons d'hommes qui avait déjà été jeunes, il y a longtemps. On se prenait sans vergogne pour ces jeunesses dépassées en massacrant leur chanson encore un peu. Ode à la honte. On ne pouvait pas mieux fêter.

    Enfin les vacances sont arrivées. Les vraies. J'ai commencé par aller à Sudbury. Là-bas, ils nous criaient Mary Poppins les ivrognes au volant dans la nuit. Ils s'enfuyaient dans leurs voitures et les taxis n'arrêtaient pas. On passait les journées à la plage et les soirs dans les bars. C'est là qu'en tant que touristes, nous nous laissions prendre en photo par un jeune éphèbe.

    Ce jeune-là, plus tard dans la soirée, on le retrouvait sans chandail. Il s'appliquait à descendre son pantalon à la limite de l'acceptable et du physiquement possible. À tout instant le vêtement menaçait de ne plus tenir et de tomber par terre. Nous lui regardions le pubis et on pouvait deviner son âge: barely legal, qu'ils disent dans cette province.

    Quand il nous a vu, lui, il a quitté ses amis pour venir danser avec nous. En s'en foutait nous. Ou plutôt on se moquait bien de lui. Mais il nous tenait par les fesses et ne les abandonnait qu'un instant, pour faire une pirouette. Son torse suait encore plus que moi durant la peinture. Il était poisseux. À un moment donné, il s'est arrêté pour reprendre un peu son souffle. Il ne bougeait plus. Il n'osait pas nous regarder dans les yeux. Il attendait. Il s'offrait. Comme une vierge dans les tribus. Nous on en voulait pas de sa virginité ni même de sa saloperie si s'en était une. Comme on ne bougeait pas, il s'est remis à faire des pirouettes et à se trémousser. Il était prisonnier de son offrande. Par orgueil il n'irait jamais retrouver ses amis bredouille. Heureusement pour lui une amie s'est approchée. Il s'est jetée sur elle.

    On l'a revu à la fin, à cette heure si jeune où les bars ferment en Ontario. Le rythme des chansons avait beaucoup baissé. Des couples s'enlaçaient. C'était le moment de partir et nous on partait. Le jeune homme dansait avec un autre monsieur torse nu lui aussi. Ça devait poisser ferme entre ces deux-là. Et ils s'embrassaient pour échanger encore plus de liquide. On savait que dans peu de temps ils auraient fini de tout échanger quelque part chez lui ou chez l'autre ou ailleurs dans une ruelle peut-être. Toujours en embrassant, il nous a aperçu qui partions le jeune. Et comme on passait tout près, il a pris la fesse de mon ami et son autre main est aller saisir tout ce que j'avais de bijoux de famille et de verge d'or. Moi je n'en revenait comment qu'il faisait flèches de tout bois pour s'occuper tant d'hommes à la fois. On ne se trompe pas si on dit qu'il était volage.

    Les vacances continuaient et cette fois c'était dans le bas du Saint-Laurent, sur l'Île Verte. On y faisait du vélo en regardant la mer. Mais on ne pouvait rien faire d'autre que prendre des photos et tourner en rond avec le vélo. Si bien que je suis reparti de là pas tellement mécontent de dire au revoir. Puis on a traversé le fleuve jusqu'à Tadoussac et là c'était tellement plein de gens qu'il fallait absolument prendre l'auberge de jeunesse même si on en avait peur nous de tous ces ados en mal d'identité.

    Mais c'était quand même un bel endroit, cette auberge. On eut dit une utopie. Les gens entraient là et demandaient la clé. On leur répondait qu'il n'y avait pas de clés dans ces lieux. Puis on ajoutait, par-dessus l'étonnement général, qu'il n'y avait pas de vols non plus. Et des garçons grattaient des guitares, d'autres jonglaient. Il y avait pour tous les goûts tous les âges tous les sexes. Une belle ambiance. Nous on souriait tout le temps en buvant notre vin.

    Puis je suis allé dans mon pays natal. Et là-bas, j'étais stupéfait de constater à quel point Maniwaki produit de beaux hommes. Je me souviens d'un urbain qui y en était revenu un jour d'un voyage d'affaire tout à fait excité d'avoir vu tant de beauté. Je ne sais pas par quel prodige il y en a tant. Mais c'est partout la même beauté, toujours le même air la même allure sauvage et virile. Je m'en suis rendu compte en revenant à Montréal. Le métro était rempli de gens si différents que ça m'a fait sourire. J'ai souri tout le long du trajet.

    Demain le travail reprend.

    Les arpents de neige

    On m'excusera d'avoir été en vacances et d'avoir négligé cet endroit. Pour récupérer un peu de ce qui s'est perdu en ce temps-là, j'annonce avoir lu Candide, dont il était abondamment fait mention dans La nuit des princes charmants.

    Très peu de froid dans cette histoire et pour ainsi dire aucune honte. On devait ne pas encore avoir inventé la fierté, à cette époque. Et pour tout froid, il n'y avait que les fameux arpents de neige: "Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu'elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut." - Voltaire, Candide

    Enfin, les habitués de ce blogue ne sont pas sans savoir que je m'amuse ces temps-ci à choisir ma prochaine lecture en fonction de la précédente. Hélas Candide ne m'a rien inspiré de mieux de Voyage au bout de la nuit. Je n'irai quand même pas le relire.

    J'ai donc décidé de repartir sur de nouvelles bases: L'hiver de force, de Réjean Ducharme. Déjà le titre promet beaucoup.

    2005/08/01

    L'absence de honte

    C'était une petite promenade dans un sentier battu de la forêt laurentienne, à flanc de collines et de montagnes, que nous empruntions, Pb et moi, pour faire un pique-nique sur les rives d'un torrent où tremper nos mollets frileux. Çà et là des falaises escarpées cédaient le terrain à des cerisiers sauvages aux branches desquels pendaient de lourdes grappes à peine mûres. J'y mordais non sans grimace et plaisir.

    Nous marchions en scrutant le ciel, nous amusant à imaginer que de l'eau allait bientôt en tomber. Nous riions de nous voir trempés et transis sous les épinettes et les pins blancs alors que nous étions venus précisément pour nous baigner.

    C'était un sentier battu, je l'ai déjà dit. Et nous le partagions avec d'autres plaisanciers, certains à vélo, d'autres à voile et à vapeur. Vraiment, on croisait de tout dans cet endroit, jusqu'à deux jeunes hommes sur leurs deux roues, filant à vive allure vers le bas de la colline. Au passage, voilà, la parole est tombée: "Moi les tapettes, j'veux ben, mais..." C'était le second qui, suivant le premier à quelques mètres à peine, prenait haut et fort position, le temps d'une minuscule seconde, le temps qu'ils passent et que, déjà trop loin, nous ne soyons plus qu'un vain souvenir oublié.

    Il m'a été étrange de penser que le message, bien plus qu'au compagnon de vélo, s'adressait spécifiquement et directement à nous. C'était pourtant bien le cas. Nous étions ces tapettes que ce jeune homme voulait ben, mais...

    Pendant ce temps, au centre-ville, on achevait de célébrer à grands cris de fierté la marche inéluctable de la libération de l'homo, alimentée par des années de mépris et d'oppression, ce mépris que je devais comprendre précisément dans cette petite remarque, cette petite pointe lâchement lancée par un idiot à vélo.

    Il était déjà loin, l'idiot. Son vélo lui avait donné des ailes, l'avait rendu si brave. C'était le vélo de la bravoure qu'il avait enfourché pour faire flèche de tout bois avec ses bravades puériles.

    Je devais m'indigner. Un carnaval tout entier m'exortait depuis une semaine à m'indigner, des groupes, des lobbys, des livres épais comme ça, des articles, des journaux, un courant, une mode, l'air du temps au grand complet me poussait vers l'indignation. Et pourtant, je n'avais pour m'indigner que mon manque d'indignation, l'absence totale de sentiment d'injustice.

    J'avais beau m'y appliquer, je n'arrivais tout simplement pas à sentir l'insulte. Toute ma vie j'ai entendu des gens se traiter entre eux de tapettes, à la blague. Je me souviens même d'une époque où, enfants, nous lancions ce mot sans en connaître encore le sens. Étrangement, j'ai toujours échappé à ces tirs, jusqu'à hier, ce garçon à vélo.

    Au fond, c'est peut-être ça. À force d'entendre ce mot-là s'appliquer à d'autres et à n'importe quelle sauce, il a fini par vouloir tout dire sauf ce pourquoi on l'utilise. Et quand enfin on me le lance, ce mot dénaturé me passe au travers du corps comme s'il s'adressait à un autre que je ne suis pas.

    2005/07/31

    Une définition de la honte

    "La honte n'est pas un sentiment qu'on ressent uniquement dans les grandes humiliations de la vie; elle surgit souvent, cuisante, oppressante, dans des moments plutôt sans conséquence, imprévus, alors que votre vulnérabilité, désarmée, est la plus sensible et votre combativité à son point zéro. Elle vous paralyse alors, vous laisse sans voix, sans pensée, vide et malheureux."
    -Michel Tremblay, La nuit des princes charmants

    Le froid et l'hiver

    "De plus, nous étions en hiver, période plutôt creuse pour les amateurs de célébrations bucoliques à la belle étoile et j'étais en manque. La neige, jamais ramassée, s'accumulait jusqu'à six ou huit pieds dans le parc Lafontaine, les chemins pour piétons étaient souvent impraticables, les nuits trop froides et les vêtements matelassés peu commodes au dézippage rapide. De toute façon, l'amour dans les congères n'a jamais été mon genre."
    - Michel Tremblay, La nuit des princes charmants

    La nuit des princes charmants

    Je prends un malin plaisir depuis quelques temps à choisir ma prochaine lecture en fonction de la précédente. Ainsi les Aurores montréales de Monique Proulx ont été suivies de The apprenticeship of Duddy Kravitz de Mordecai Richler, histoire de voir Montréal à travers les deux solitudes. Pour faire suite à Richler, j'ai trouvé qu'il serait intéressant de lire un livre écrit par un antisémite. Ainsi suis-je tombé sur Céline et son Voyage au bout de la nuit, que j'ai décidé de faire suivre par La nuit des princes charmants, de Michel Tremblay. Comme quoi nos nuits ne sont pas peuplées que de cauchemars.

    2005/07/26

    Pour en finir avec le bout de la nuit

    Voyage au bout de la nuit avait tant de passages qui aurait mérité d'être cités dans ce blogue que je n'en finissais plus de plier le coin des pages pour ne pas les perdre. Mais le roman était si passionnant qu'entre venir le citer ici et poursuivre ma lecture, j'ai préféré encore la seconde option.

    Je ne récrirai pas ici tout le roman. Plutôt, je vais faire un lien entre ce dernier et un passage des Cahiers de Malte Laurids Brigge tant ils se répondent bien.

    La mort du chambellan Christoph Detlev Brigge à Ulsgaard. Car il était étendu, débordant largement de son uniforme bleu foncé, sur le plancher, au milieu de la chambre, et ne bougeait plus. Dans son grand visage étranger que personne ne reconnaissait, les yeux s'étaient fermés; il ne voyait plus ce qui arrivait. On avait d'abord essayé de l'étendre sur le lit, mais il s'en était défendu, car il détestait les lits depuis ces premières nuits où son mal avait grandi. Le lit d'ailleurs s'était montré trop court, et il n'était resté d'autre ressource que de le coucher ainsi sur le tapis; car il n'avait plus voulu redescendre.
    Et voici qu'il était étendu, et qu'on pouvait croire qu'il était mort. Comme il commençait à faire nuit, les chiens s'étaient, l'un après l'autre, retirés par la porte entrebâillée; seul le rubican à la tête maussade était assis auprès de son maître, et l'une de ses larges pattes de devant, au poil touffu, était posée sur la grande main grise de Christoph Detlev.
    [...]
    La mort de Christoph Detlev vivait à présent à Ulsgaard, depuis déjà de longs, de très longs jours, et parlait à tous, et demandait. Demandait à être portée, demandait la chambre bleue, demandait le petit salon, demandait la grande salle. Demandait les chiens, demandait qu'on rît, qu'on parlât, qu'on jouât, qu'on se tût, et tout à la fois. Demandait à voir des amis, des femmes et des morts, et demandait à mourir elle-même: demandait. Demandait et criait.
    [...]
    Ce n'était pas la mort du premier hydropique venu, c'était une mort terrible et impériale, que le chambellan avait portée en lui, et nourrie de lui, toute sa vie durant. Tout l'excès de superbe, de volonté et d'autorité que, même pendant ses jours les plus calmes, il n'avait pas pu user, était passé dans sa mort, dans cette mort qui à présent s'était logée à Ulsgaard et galvaudait.
    Comment le chambellan Brigge eût-il regardé quiconque lui eût demandé de mourir d'une mort autre que celle-là? Il mourut de sa dure mort.
    - Rainer Maria Rilke, Les cahiers de Malte Laurids Brigge

    Maintenant que l'autre cancéreux est mort en bas, son public d'agonie furtivement remonte par ici. Tant qu'on est en train de passer la nuit blanche, qu'on en a fait le sacrifice, faut prendre tout ce qu'il y a à regarder en distractions dans les environs. La famille d'en bas vint voir si par ici ça allait se terminer aussi mal que chez eux. Deux morts dans la même nuit, [...] ça serait une émotion pour la vie! Tout simplement! Les chiens de tout le monde on les entend par coups de grelots qui sautent et cabriolent à travers les marches. Ils montent aussi eux. Des gens venus de loin entrent en surnombre encore, en chuchotant.
    [...]
    Fallait le trouver le mari pour pouvoir diriger sa femme sur l'hôpital. Une parente me l'avait proposé de l'envoyer à l'hôpital. Une mère de famille qui voulait tout de même aller coucher ses enfants. Mais quand on a eu parlé d'hôpital, personne alors ne fut plus d'accord. Les uns en voulait de l'hôpital, les autres s'y montraient absolument hostiles à cause des convenances. Ils voulaient même pas qu'on en parle. [...] La sage-femme méprisait tout le monde. Mais c'est le mari, moi, pour ma part, que je désirais qu'on retrouve pour pouvoir le consulter, pour qu'on se décide enfin dans un sens ou dans l'autre. Le voilà qui se met à surgir d'un groupe, plus indécis encore que tous les autres le mari. C'était pourtant bien à lui de décider. L'hôpital? Pas l'hôpital? Que veut-il? Il ne sait pas. Il veut regarder. Alors il regarde. Je lui découvre le trou de sa femme d'où suintent des caillots et puis des glou-glous et puis tout sa femme entièrement, qu'il regarde. Elle qui gémit comme un gros chien qu'aurait passé sous une auto. Il ne sait pas en somme ce qu'il veut. On lui passe un verre de vin blanc pour le soutenir. Il s'assoit.
    [...]
    "Pense donc un peu, Pierre!" que tout le monde l'adjure. Il essaye bien, mais il fait signe que ça ne vient pas. Il se lève et va vaciller vers la cuisine en emportant son verre. Pourquoi l'attendre encore? Ça aurait pu durer le reste de la nuit son hésitation de mari, on s'en rendait bien compte tout autour. Autant s'en aller ailleurs.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/07/24

    Rien à voir avec la honte et le froid, mais tout à voir avec les délires suréalistes de Madame B ce weekend dans Le Devoir:
    "Au milieu d'une rivière accessible uniquement par portage, au pied d'un pont métallique de 50 mètres et dans les remous de chutes spectaculaires, Claire et Pierre, un couple de vrai monde, de bon monde, d'honnêtes gens, intelligents et généreux, ont voulu parler de la piètre qualité de la langue parlée. Entre deux dorés, pêchés à la traîne, la discussion devient rapidement fondamentale. Pourquoi semblons-nous rejeter ce qui est beau et bien?"

    2005/07/23

    Le froid des nuits

    "Je cherchais quand même si j'y étais pour rien dans tout ça. C'était froid et silencieux chez moi. Comme une petite nuit dans un coin de la grande, exprès pour moi tout seul."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Le froid des sciences

    "Le véritable savant met vingt bonnes années en moyenne à effectuer la grande découverte, celle qui consiste à se convaincre que le délire des uns ne fait pas du tout le bonheur des autres et que chacun ici-bas se trouve indisposé par la marotte du voisin.
    Le délire scientifique plus raisonné et plus froid que les autres est en même temps le moins tolérable d'entre tous."
    Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    La honte des grossesses

    "Je voulus l'examiner, mais elle perdait tellement de sang, c'était une telle bouillie qu'on ne pouvait rien voir de son vagin. Des caillots. Ça faisait "glouglou" entre ses jambes comme dans le cou coupé du colonel à la guerre. Je remis le gros coton et remontai sa couverture simplement.
    La mère ne regardait rien, n'entendait qu'elle-même. "J'en mourrai, Docteur! qu'elle clamait. J'en mourrai de honte!""
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Il fait froid dehors

    "Elle était gaie la vieille Henrouille, mécontente, crasseuse, mais gaie. Ce dénuement où elle séjournait depuis plus de vingt ans n'avait point marqué son âme. C'est contre le dehors au contraire qu'elle était contractée, comme si le froid, tout l'horrible et la mort ne devaient lui venir que de là, pas du dedans.

    [...] Allez-vous-en de chez moi!... À me tracasser vous êtes plus méchants que l'hiver de six mois!"

    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/07/13

    Je fais le père, je fais la mère, comment veux-tu que je ne maigrisse pas: A+

    2005/07/12

    Patience Pb, il ne reste que 200 pages avant le bout de la nuit.

    2005/07/09

    Superbe description:

    Pour voir le soleil, faut monter au moins jusqu'au Sacré-Coeur, à cause des fumées.
    De là alors, c'est un beau point de vue; on se rend bien compte que dans le fond de la plaine, c'était nous, et les maisons où on demeurait. Mais quand on les cherche en détail, on les retrouve pas, même la sienne, tellement que c'est laid et pareillement laid tout ce qu'on voit.
    Plus au fond encore, c'est toujours la Seine à circuler comme un grand glaire en zigzag d'un pont à l'autre.
    Quand on habite Rancy, on se rend même plus compte qu'on est devenu triste.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    "Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. Tout de même, j'ai défendu mon âme jusqu'à présent et si la mort, demain, venait me prendre, je ne serais, j'en suis certain, jamais tout à fait aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m'a fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d'Amérique." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Sur le bilan d'une vie, comparez:
    "Et si je meurs demain, c'est que tel était mon destin." - Brigitte Bardot chantant Harley Davidson

    Amusant contraste. Cette chanson fait d'une moto le but de la vie, alors que le roman fait du contact avec les autres la principale, sinon la seule richesse de la vie.

    "Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson."

    Bardamu observe une Américaine pleurer:

    C'est un peu humiliant, mais tout de même, c'est bien du chagrin, c'est pas de l'orgueil, c'est pas de la jalousie non plus, ni des scènes, c'est rien que de la vraie peine du coeur et qu'il faut bien se dire que tout ça nous manque en dedans et que pour le plaisir d'avoir du chagrin on est sec. On a honte de ne pas être riche en coeur et en tout et aussi d'avoir jugé quand même l'humanité plus basse qu'elle n'est vraiment au fond.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit


    Peut-être la première lueur positive dans ce roman, et encore, elle est dans le chagrin.

    ""On placera nos économies... on s'achètera une maison de commerce... On sera comme tout le monde..." Elle disait cela pour calmer mes scrupules. Des projets. Je lui donnais raison. J'avais même honte de tant de mal qu'elle se donnait pour me conserver."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    "Après c'était tout à fait froid entre nous deux dans son auto. Les rues que nous franchissions nous menaçaient comme de tout leur silence armé jusqu'en haut de pierre à l'infini, d'une sorte de déluge en suspens. Une ville aux aguets, monstre à surprises, visqueux de bitumes et de pluies. Enfin, nous ralentîmes. Lola me précéda vers sa porte.
    "Montez, m'invita-t-elle, suivez-moi!""
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/07/05

    "Précairement vêtu je me hâtai, transi, vers la fente la plus sombre qu'on puisse repérer dans cette façade géante, espérant que les passants ne me verraient qu'à peine au milieu d'eux. Honte superflue. Je n'avais rien à craindre. Dans la rue que j'avais choisie, vraiment la plus mince de toutes, pas plus épaisse qu'un gros ruisseau de chez nous, et bien crasseuse au fond, bien humide, remplie de ténèbres, il en cheminait déjà tellement d'autres de gens, des petits et des gros, qu'ils m'emmenèrent avec eux comme une ombre. Ils remontaient comme moi dans la ville, au boulot sans doute, le nez en bas. C'était les pauvres de partout."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    La découverte de l'Amérique

    Après avoir traversé l'Atlantique en ramant dans une gallère, Bardamu arrive à New York.

    Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait [...]

    Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.

    On en a donc rigolé commes des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n'en pouvait rigoler nous, du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose, et rapide et piquante à l'assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la villes, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Nunavut, Empire du Froid

    Ici un lien vers le blogue d'un ami qui partira jeudi pour le Pôle Nord.

    2005/07/04

    Honte latine

    Ce Mateo écrit trop bien. Cette fois, il parle de honte et mérite sa place ici:

    Yo una vez conté un chiste mientras Natasha y ernesto tomaban y les salió la Fanta ® por la nariz. Juraron venganza. Ayer, mientras me bañaba, ernesto y Natasha tiraron una radio prendida adentro de la bañadera. Cuando, en el hospital, los acusé de intento de homicidio, ellos sacaron a colación el incidente de la Fanta y yo callé avergonzado.
    - Mateo, Se exactamente lo que hago

    2005/07/03

    "Les indigènes eux, ne fonctionnent guère en somme qu'à coups de trique, ils gardent cette dignité, tandis que les Blancs, perfectionnés par l'instruction publique, ils marchent tout seuls.
    La trique finit par fatiguer celui qui la manie, tandis que l'espoir de devenir puissants et riches dont les Blancs sont gavés, ça ne coûte rien, absolument rien." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    À Guy

    "Mille diligents moustiques prirent sans délai possession de mes cuisses et je n'osais plus cependant remettre un pied sur le sol à cause des scorpions, et des serpents venimeux dont je supposais l'abominable chasse commencée. Ils avaient le choix les serpents en fait de rats, je les entendais grignoter les rats, tout ce qui peut l'être, je les entendais au mur, sur le plancher, tremblants, au plafond."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Le froid qui émascule

    "À entendre certains habitués, notre colonisation devenait de plus en plus pénible à cause de la glace. L'introduction de la glace aux colonies, c'est un fait, avait été le signal de la dévirilisation du colonisateur." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/06/26

    "Tout le monde devenait, ça se comprend bien, à force d'attendre que le thermomètre baisse, de plus en plus vache." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/06/25

    Cruel et froid (bis)

    Tout ce chapitre où Barmadu passe de l'Europe à l'Afrique est absolument brillant.

    "Dans le froid d'Europe, sous les grisailles pudiques du Nord, on ne fait, hors les carnages, que soupçonner la grouillante cruauté de nos frères, mais leur pourriture envahit la surface dès que les émoustille la fièvre ignoble des Tropiques.[...]"

    "D'ailleurs, dans la vie courante, réfléchissons que cent individus au moins dans le cours d'une seule journée bien ordinaire désirent votre pauvre mort, par exemple tous ceux que vous gênez, pressés dans la queue derrière vous au métro, tous ceux encore qui passent devant votre appartement et qui n'en ont pas, tous ceux qui voudraient que vous ayez achevé de faire pipi pour en faire autant, enfin, vos enfants et bien d'autres. C'est incessant. On s'y fait. Sur le bateau ça se discerne mieux cette presse, alors c'est plus gênant." Louis-Ferdinant Céline, Voyage au bout de la nuit

    Cruel et froid

    "Elle était heureuse de me retrouver ma mère, et elle pleurnichait comme une chienne à laquelle on a rendu enfin son petit. Elle croyait aussi sans doute m'aider beaucoup en m'embrassant, mais elle demeurait cependant inférieure à la chienne parce qu'elle croyait aux mots elle qu'on lui disait pour m'enlever. La chienne au moins, ne croit que ce qu'elle sent." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Le froid, dernier refuge

    "Pendant l'alerte, protégés dans leurs réduits, les locataires échangeaient des politesses guillerettes. Certaines dames en peignoir, dernières venues, se pressaient avec élégance et mesure vers cette voûte odorante dont le boucher et la bouchère leur faisaient les honneurs, tout en s'excusant, à cause du froid artificiel indispensable à la bonne conservation de la marchandise." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    "Je lui suggère peut-être seulement que je suis immonde. Je suis peut-être un artiste dans ce genre-là. Après tout, pourquoi n'y aurait-il pas autant d'art possible dans la laideur que dans la beauté? C'est un genre à cultiver, voilà tout." Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Et Céline y parvient mieux que quiconque.

    "Fortune elle s'était mise à faire en quelques mois, grâce aux alliés et à son ventre surtout. On l'avait débarassée de ses ovaires il faut le dire, opérée de salpingite l'année précédente. Cette castration libératrice fit sa fortune. Il y a de ces blennoragies féminines qui se démontrent providentielles. Une femme qui passe son temps à redouter les grossesses n'est qu'une espèce d'impotente et n'ira jamais bien loin dans la réussite." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Et quelques années plus tard, on inventa la pilule.

    2005/06/17

    Merci, Gimpe, d'être là.

    2005/06/16

    Du sacrifice

    Dans Des choses cachées depuis la fondation du monde, René Girard place le sacrifice à l'origine de toute culture. À mesure que nous prenons conscience de la gratuité du bouc émissaire, l'effet rassembleur du sacrifice diminue. Girard prévient qu'au lieu de délaisser le sacrifice, les hommes en viennent alors à multiplier les sacrifiés. Céline, apparament, a vu la même chose:

    La religion drapeautique remplaça promptement la céleste, vieux nuage déjà dégonflé par la Réforme et condensé depuis longtemps en tirelires épiscopales. Autrefois, la mode fanatique, c'était "Vive Jésus! Au bûcher les hérétiques!", mais rares et volontaires après tout les hérétiques... Tandis que désormais, où nous voici, c'est par hordes immenses que les cris: "Au poteau les salsifis sans fibres! Les citrons sans jus! Les innocents lecteurs! Par millions face à droite!" provoquent les vocations. Les hommes qui ne veulent ni découdre, ni assassiner personne, les Pacifiques puants, qu'on s'en empare et qu'on les écartèles!
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    La honte des condamnés

    "Lorsqu'elle découvrit à quel point j'étais devenu fanfaron de mon honteux état, elle cessa de me trouver pitoyable le moins du monde... Méprisable elle me jugea, définitivement.
    Elle résolut de me quitter sur-le-champ."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    La peur vient du froid

    "Mais nous étions loin de là, titubants dans un idéal d'absurdités, gardés par les poncifs belliqueux et insanes, rats enfumés déjà, nous tentions, en folie, de sortir du bateau de feu, mais n'avions aucun plan d'ensemble, aucune confiance les uns dans les autres. Ahuris par la guerre, nous étions devenus fous dans un autre genre: la peur. L'envers et l'endroit de la guerre."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/06/15

    La honte des livres

    "D'avoir goûté ponctuellement les beignets pendant tout un mois, Lola avait grossi de deux bonnes livres! Son petit ceinturon témoignait d'ailleurs, par un cran, du désastre. Vinrent les larmes. [...] Je suggérai alors qu'elle abandonne son service à une collègue qui, elle, au contraire, rechercherait des "avantages". Lola ne voulut rien entendre de ce compromis qu'elle considérait comme une honte et une véritable petite désertion dans son genre."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Se frayer un chemin

    Je croyais avoir oublié mon livre au fond d'une armoire. Or, je n'avais pas regardé plus loin que le bord de mon sac où il s'était terré. J'adore ce roman qui invente une poésie de la guerre qui n'a rien à voir avec l'épopée.

    De certain, il n'y avait à opposer décidément à tous ces puissants que notre petit désir, à nous deux, de ne pas mourir et de ne pas brûler. C'était peu, surtout que ces choses-là ne peuvent pas se déclarer pendant la guerre.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    "Je les déteste, je voudrais qu'ils brûlent."
    - Myriosis, à tous vents.

    Il m'arrive de penser que nous sommes tous condamnés, de notre point de vue dans l'existence, à suivre la trajectoire la plus longue possible, c'est-à-dire la moins périlleuse de toute, la plus ennuyante, pour assister bêtement aux trépas des autres qui, eux-mêmes, vivent dans les mêmes conditions.

    Le Jours! Un de plus! Un de moins! Il faudrait essayer de passer à travers celui-là encore comme à travers les autres, devenus des espèces de cerceaux de plus en plus étroits, les jours, et tout remplis avec des trajectoires et des éclats de mitraille.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/06/14

    Une bataille, mais pas la guerre

    La soif m'a réveillé à 5 heures ce matin. Au bout de mon lit, le petit ventilateur soufflait sur mes pieds. Il me semblait entendre, malgré les bouchons dans mes oreilles, un bruit qui valait la peine que je m'y attarde. La pluie? Retirant un des bouchons, j'ai pu constater avec soulagement que l'eau tombait du ciel, transperçant sans appel le dôme de chaleur qui étouffait le pays.

    J'ai bu trois verres d'eau, puis je suis retourné me coucher. Des éclairs brûlantes zébraient le ciel. La chaleur n'avait pas dit son dernier mot. Sur les bruits de cette bataille je me suis rendormi. Deux heures plus tard, transis, je m'abritais sous les couvertures.

    Le froid avait gagné.

    La honte des couleurs

    C'est au moment d'acheter la peinture que j'ai soudainement changé d'idée: pas ce brun-là, plutôt celui-ci.

    Et pendant que le commis mélangeait les teintes, je retournais le carton pour vérifier le nom du ton que j'avais choisi: selle espagnole.

    Hilarité générale chez Rona: dans ma chambre il y aura du brun marde.

    2005/06/13

    Cruelle canicule

    Pendant que les masses s'agglutinaient sur l'île Notre-Dame pour mieux vivre le smog et la canicule, je m'enfermais dans le nouveau logement pour étendre la peinture sur les murs. Nous épongions autant la sueur sur nos fronts que les éclats de couleur sur les boiseries.

    Soudain, à la porte, cette jeune fille venue nous aider nous tendait toute heureuse des Mr Freeze chaudement accueillis. Livraison de froid à domicile.

    Merci à tous ceux qui sont venus nous aider. Pour les autres, vous pouvez vous reprendre dans le courant de la semaine. Qui eût cru qu'un 4 et demi puisse être si long à peinturer?

    2005/06/09

    Mes dents de sagesse

    À cause de ces orifices, de ces plaies ouvertes dans mes gencives, ma langue baignait dans un mélange d'eau salée, d'enzymes et d'acides aminées de tout acabit, bref, la soupe primordiale. Et la vie déjà s'installait.

    Pendant mon sommeil, des algues sanguines croissaient dans cette vase et descendait le long de ma gorge. Je les récoltais à mon réveil avec un mouchoir.

    Il n'en reste plus aujourd'hui que quelques gales poisseuses s'agrippant désespérément à mes orifices désormais colmatés. Après chaque repas, je les attaque à grands coups de rinçage à l'eau salée. Le règne de la mer morte. Plus rien ne grandit maintenant dans cette gorge.

    2005/06/06

    L'histoire de ma vie

    "Ah l'envie de s'en aller! Pour dormir! D'abord! Et s'il n'y a plus vraiment moyen de partir pour dormir alors l'envie de vivre s'en va tout seule."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    On n'a pas idée à quel point cette citation s'applique à moi.

    L'imagination et la mort

    "Quand on a pas d'imagination, mourir c'est peu de chose, quand on en a, mourir c'est trop. Voilà mon avis."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/06/05

    Ma nouvelle chambre

    Ma nouvelle chambre est pleine de promesse. Dans deux semaines je dormirai là.

    chambre

    Se cacher du froid

    "Quand il fait très froid, non plus, il n'y a personne dans les rues; c'est lui, même que je m'en souviens, qui m'avait dit à ce propos: "Les gens de Paris ont l'air toujours d'être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir; la preuve, c'est que lorsqu'il ne fait pas bon se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus; ils sont toujours dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C'est ainsi!""
    -Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/05/27

    Le chasseur

    "En fait, même s’il advenait qu’il trouve quelqu’un d’intéressant ce soir-là, dans l’esprit de tout le monde, il restera un homme seul. Comme un chasseur reste un chasseur même après avoir fait une belle prise."
    - Xenodus

    2005/05/26

    Au bout de la nuit

    J'ai pensé qu'après avoir lu un auteur juif, lire un auteur anti-sémite pourrait offrir un contraste intéressant. J'irai donc m'acheter Voyage au bout de la nuit, de Louis Ferdinand Celine. En attendant, je m'offre un livre ni chaud ni froid, Queer Theory: An Introduction, d'Annamarie Jagose.

    Les idiots

    Les idiots s'indignent comme des girouettes. Ils sont les girouettes de l'indignation.

    2005/05/24

    La chaleur

    À la décharge de la chaleur, j'avouerai qu'il est plaisant de la sentir couler au fond des gorges.

    cappuccino

    2005/05/20

    Travelo

    Je suis entré jeudi dans une boutique à la mode pour m'y acheter un polo bien mérité. La boutique était nouvelle, tout y sentait le neuf, le plancher était lustré et les couleurs des vêtements, éclatantes.

    Je me suis approché des polos et ai commencé à les feuilleter comme on bouquine. J'allais de spécimen en spécimen, les concidérant négligement d'un bref coup d'oeil, dans un triste effort pour avoir l'air aussi connaisseur que blasé. Un joli vendeur est alors venu me demander si je trouvais ma taille. Trouvant les small étrangement longs, je lui ai demandé de me chercher un x-small.

    Dans la cabine d'essayage, il était très clair que mon corps n'entrerait jamais dans un polo aussi petit. Mes épaules, j'en étais flatté, étaient trop larges. Je suis donc ressorti de la cabine pour aller chercher le small, en expliquant la situation au vendeur qui me demandait si tout allait bien. Malheureusement le small n'allait pas du tout. Il tombait mal le long de mon corps. Il me paraissait difforme. Le retirant, je suis allé le remettre où je l'avais pris et c'est là que j'ai vu sur l'étiquette le mot suivant: girl.

    Je suis sorti de cet endroit sur-le-champ, en catimini, la honte aux trousses.

    2005/05/17

    La terre promise

    J'ai presque terminé The Apprenticeship of Duddy Kravitz et j'ai été forcé de me demander: Mais sapristi, n'y a-t-il donc pas du froid là-dedans? Et je me suis souvenu cette scène où Duddy, surpris par la tempête et la nuit près d'un lac de Sainte-Agathe, ne sait plus où trouver sa voiture et manque de mourir geler:

    He tried the ice on the lake with his foot. It cracked. He urinated into a snow bank, writing his name. It's my land, he thought. But the wind began to cut quicker across the fields, suddenly the sun went out like a light, it was dark, and Duddy began to shiver. Jeez, he thought, why didn't I leave the car lights on?
    - Mordecai Richler, The apprenticeship of Duddy Kravitz

    Puis, juste un peu plus loin, Duddy perdu dans la neige. Le froid prend alors des allures inattendues:
    His feet burned from the cold, his eyes felt as if they were stuffed with sand, and he began to think what in the hell am I doing lost in a blizzard, a Jewish boy?
    - Mordecai Richler, The apprenticeship of Duddy Kravitz
    Blizzard ou tempête de sable sur la terre promise?

    2005/05/12

    L'ouragan

    Un ouragan est entré dans ma chambre et l'a détruite pendant mon absence. Notez l'absence de mur. Voyez la liberté du chat trônant dans les décombres.

    2005/05/11

    Ici la preuve que mes photos se rendent jusque dans Voir.

    Bon sang, je me rends compte que je ne l'ai toujours pas annoncé ici: nous avons trouvé un appartement. Date du déménagement: 18 juin.
    Tous les bras seront les bienvenus.

    2005/05/10

    Voici officiellement commencée la délicieuse saison des shorts. Toutes ces gens découvrant leurs jambes pour combattre le chaud...
    Le froid n'a jamais été aussi beau.

    2005/05/06

    "Mais, bordel, vous savez, entamer le quart de siècle, ça endommage un homme.
    Ça donne l'impression que quelque chose passe et que rien ne se passe." - Xenodus

    2005/05/03

    J'en ai assez des giboulées.

    2005/05/02

    Le mois des morts

    Cette année, comme à chaque année, quand les arbres commenceront à fleurir, juste avant que le jardinier ne mette sa tondeuse en marche, j'irai déambuler dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. La longueur de la lande donnera un air d'oubli aux stèles de granit. J'aurai le but avoué de trouver la tombe de Nelligan, qui traîne quelque part par-là.

    Je me suis surpris un jour à considérer mai comme le mois des morts. Autour de moi, on me parlait de novembre. On oublie trop facilement qu'en ce mois-là personne ne doit être pressé de mourir. Alors qu'en mai... quel temps pour trépasser!

    Mon rapprochement entre mai et la mort est cependant plus pratique que poétique. Si le mois de Marie est aussi le mois des morts, c'est bien parce qu'au départ du grand Froid, quand la terre retrouve sa souplesse de jouvencelle, il faut bien inhumer tous ces cadavres que l'hiver a empilés.

    L'anima

    Ce week-end j'ai flatté un chat, un chat qui n'était pas le chat de ma coloc, un félin différent qui s'appelait Félix. Or, Félix s'est rapidement mis à jouer avec ma main, affectant d'adopter les mêmes gestes que Némérel, pourtant inconnu. Soudain j'ai pensé qu'au fond, le chat, c'était peut-être moi, et que je n'attendais que ces pantins mous et poilus pour m'animer.
    C'est un idée folle, bien sûr, mais j'ai tout de suite été charmé. J'ai parmi mes amis cette fille qui, où qu'elle aille, se retrouve à rammasser la merde des autres, ou encore cet homme que les pigeons tourmentent...
    Curieux animae.

    2005/04/25

    Cold and Shame

    Après Les aurores montréales, j'ai eu le goût de lire la ville sous un tout autre angle. Voici donc des citations de Mordecai Richler, The Apprenticeship of Duddy Kravitz. Comme quoi la honte et le froid sont universels.

    "They arrived too soon and thirsty and proud, and immediately shamed their sons and daughters by waving and whistling at them."

    "In Japan, when a man gets up to speak he has to hold ice-cubes in his hands, and he can only speak for as long as he can hold them."

    Le Japon, bon sang... en plus ça fait un lien avec le roman de Mishima. Sapristi que toute est dans toute, comme dirait l'autre.

    Un petit lien vers Google Sightseeing.

    2005/04/15

    Le poison

    Voici comment le froid peut nous aider à empoisonner quelqu'un:

    "'Alors voici votre thé', lui dit Noboru de derrière, en frôlant la joue de Ryûji avec une tasse de plastique brun foncé. L'esprit absent, Ryûji la prit. Il remarqua que la main de Noboru tremblait légèrement, probablement de froid."
    - Yukio Mishima, Le marin rejeté par la mer

    2005/04/13

    Le rat

    "- A-t-il fait quelque chose d'épatant, ton type, au cours de son dernier voyage en mer?
    - He bien, il a dit qu'il avait subi une tempête dans la mer des Caraïbes.
    - Pas possible! Je suppose qu'il a été trempé tel un rat qui se noie, comme le jour où il avait pris une douche à la fontaine d'eau potable du parc?"
    - Yukio Mishima, Le marin rejeté par la mer

    L'hiver n'est pas fini

    Le marin rejeté par la mer m'a réservé une jolie surprise. Je n'avais pas remarqué que la première partie du roman s'intitulait "L'été", aussi on imagine mon agréable étonnement à mon arrivée sur cette page:

    "Deuxième partie
    L'hiver"

    Voilà. Toute une moitié de livre consacrée à la saison froide.

    Un logement, svp!

    La recherche d'un logement pourrait à elle seule faire l'objet d'un blog. Vieille italienne un jour pluvieux, visite nocturne en panne d'électricité, rencontres inusités, les anecdotes sont nombreuses.

    Pour la postérité, je l'affiche ici:
    Nous cherchons au moins un 5 et demi, deux chambres fermées minimum, entrée laveuse-sécheuse, environ 800$ sans service, 850$ si chauffé, dans les environs des métros Jean-Talon, Beaubien ou Jarry.
    S'abstenir:
    toute forme de tapis industriel et de tuiles à l'italienne, au plancher comme au plafond;
    toute forme de cage à poules, poulailler, immeubles à placards mal insonnorisés, avec liste de règlements dans le hall.

    Nous sommes:
    deux jeunes hommes sympathiques, éduqués, propres, solvables, tranquilles, sans cigarettes ni animaux.

    2005/04/03

    Le vide est froid

    "Il était naturel que le vide de cette maison eût nourri les idées du chef sur le vide écrasant du monde. Noboru n'avait jamais vu une maison dont l'entrée et la sortie étaient aussi libres et s'étonnait d'y trouver tant de pièces froides."
    - Yukio Mishima, Le marin rejeté par la mer

    Le sexe des étoiles

    "Il affirmait que l'appareil génital de l'homme était destiné à l'accouplement avec les étoiles de la Voie Lactée, que les poils du pubis qui leur poussaient au bas-ventre étaient les racines de couleur indigo des poils enfouis profondément sous la peau blanche et qui pousseraient au-dehors au moment du viol afin de chatouiller les débris d'étoiles remplies de honte."
    - Yukio Mishima, Le marin rejeté par la mer

    La honte du manger

    "Tous ces garçons étaient des fils de bonnes familles. Les repas qu'ils avaient apportés étaient abondants et variés. Noboru avait un peu honte de ses sandwiches assez simples."
    - Yukio Mishima, Le marin rejeté par la mer

    2005/04/01

    La chienne

    Bon, une petite dernière avant de passer à un autre livre:

    "Deux années d'absence, seulement, et voilà que j'ai perdu mes repères, voilà que je cours le mufle à terre et les sens en alerte, telle une chienne désorientée à la recherche de ses anciennes odeurs."
    - Monique Proulx, Les Aurores montréales

    Au fond, tout le printemps peut se résumer à de la sève qui monte.

    Voilà. Vous êtes prévenus.

    2005/03/30

    "J'ai honte, Mister Murphy. J'ai honte d'avoir pensé qu'il serait facile d'assister à votre mort comme à un spectacle édifiant, j'ai honte d'avoir cru que vous pourriez demeurer jusqu'à la fin anonyme."
    - Monique Proulx, Les Aurores montréales

    Dehors l'hiver

    "L'hiver est dehors, l'hiver tout ce temps continuait de vivre à notre insu, avec sa blancheur. [...] Les truffes à la main, je ne m'avance pas en direction de la porte, je marche dans la neige pour sentir le froid m'agresser les pieds."
    - Monique Proulx, Les Aurores montréales

    2005/03/29

    On the road to Chibougamau

    La route vers Chibougameau est longue. On part tôt le matin et le soir on laisse le soleil derrière soi.



    Mais entre temps, pendant que la neige s'épaissit et que les épinettes se multiplient, des gens frissonnent sur le bord de la route isolée.


    Et les coupes à blanc font honte.

    2005/03/24

    Nicolas Champderoses

    "Éliane avait oublié que Nick Rosenfeld est grand et froid comme un paysage polaire."
    - Monique Proulx, Les Aurores montréales

    Ce livre ne contient pas autant de froid que je ne l'avais espéré.

    Ceci est mon dernier billet avant mon départ pour le congé de Pâques. Je pars pour le Grand nord. À mardi.

    2005/03/23

    Miracle sur mon lit de mort

    Voilà, c'est fini, je suis guéri. Un gros merci à tous ceux qui m'ont supporté dans mon épreuve.
    Je profite également de l'occasion pour saluer Xenodus, qui est devenu formidable cette semaine. Bravo.

    2005/03/22

    Teuf teuf

    Ça m'arrivait si rarement que j'en étais presque rendu à me croire immunisé, mais c'est maintenant officiel, pour la première fois depuis, oh un bon trois ans, je suis enrhumé.
    Je souffre, comprenez-vous?

    2005/03/21

    26e jour de grève

    Si ç'avait été une grève de la faim, je serais déjà mort.

    2005/03/19

    Samedi martini




    Beaucoup de gin,
    Quelques gouttes de vermouth.

    Des cagoules roses contre la honte et le froid.

    Je suis un chevreuil

    Trouvé ce blog contenant une belle suite de billets sur les chevreuils aggrémentée de photos enneigées. Vous connaissez ma passion pour les chevreuils et le froid.

    Et en plus la Française fait référence à mon blog. :)

    Content de voir que mes photos servent à quelque chose.

    2005/03/18

    Les Panthères roses

    On ne sait jamais comment les journées se passeront. Un jour on se lève et plus tard on se retrouve dans la rue avec une cagoule rose, dans une manif ayant pour figure de proue un travesti hurlant des slogans dans son porte-voix: "So-So-So... So-do-mie!"

    2005/03/15

    Next

    Prochaine proie: Monique Proulx, Les Aurores montréales, que j'ai pris dans la bibliothèque de ma coloc. Sur la première page, en haut, elle a écrit au plomb: "1994->27/02"

    Déjà, dès le début, ce livre promet beaucoup:
    "Le mot "nordique" veut dire qu'il fait froid comme tu ne peux pas imaginer même si c'est seulement novembre. [...] Mais on s'habituera, c'est sûr, le chemin de la richesse est un chemin froid."

    Une rafale de honte et de froid.

    La Belle Bête, finalement, n'était pas si mauvais. Ce livre était froid, très froid. Ci-joint un blitz glacial et honteux.

    "Tout à coup, il crut distinguer Louise et Lanz étroitement enlacés qui fuyaient entre les buissons."

    "Lanz se sentait devenir froid, lui qui n'avait jamais songé à la mort ni à l'esprit-mort, lui qui n'avait que ses habits, ses femmes, les bijoux de Louise et la canne d'or."

    "Michael ouvrit les yeux. Il les écarquilla et, à sa façon de la regarder, Isabelle-Marie comprit qu'il voyait. Aussitôt elle eut honte."

    "Louise s'écarta du jeu d'échecs abandonné:
    - Oh! Isabelle-Marie, tu viens me montrer ta petite fille?
    Isabelle-Marie dissimula l'enfant et disparut dans sa chambre.
    Dans un coin, Patrice soignait ses ongles comme une coquette."

    "-Mère, demanda Patrice en l'embrassant, qu'y a-t-il?
    - Rien, mon grand. J'ai eu si froid. Le froid me fait toujours pleurer. Tu le sais bien."

    "Distraite de son mal honteux par son fils, Louise continuait de croire en sa vie, nourrie de vanité.
    Mais sous le fard elle sentait souvent le pus qui se répandait. Elle enfouissait alors sa joue dans un mouchoir."

    "Louise rentrait vite, prétextant qu'elle avait besoin de sommeil. Le ver mangeait perfidement sa joue."

    "Effrayée par la nouvelle voix, l'enfant s'agenouilla devant Louise:
    - J'ai froid, pleura-t-elle.
    Quand Anne regarda sa mère elle eut plus froid encore."

    "Une nuit, la main de Patrice l'aplatit sans le vouloir, cette main d'homme à moitié enfant étouffa l'araignée d'un ongle froid."

    "-Bien sûr, je suis riche.
    Mais sa vieille bouche nageait dans le pus."

    La tisane à la mangue.

    Je bois une tisane à la mangue.
    Cette tisane me brûle la langue.
    Au fond de ma gorge, le mucus est dissout.
    Bientôt, je ne goûterai plus rien.

    2005/03/13

    "Ma vitre est un jardin de givre."
    -Émile Nelligan, Soir d'hiver


    Le sinistre frisson des choses.

    2005/03/12

    On ne le dirait pas, mais le printemps est presque là. L'arrivée de la saison chaude marquera-t-elle la fin de ce blogue consacré au froid? Non. Car il y aura toujours de la honte et tant qu'il y aura de la honte il y aura ce blogue.

    2005/03/10

    "Arrêté sur le seuil, pour la première fois, elle éprouva de la honte devant elle-même et devant cet homme qui dormait, comme si elle l'eût trouvé gisant sous sa propre peau."
    - Marie-Claire Blais, La Belle Bête

    "Mais Patrice était un idiot. Isabelle-Marie savait que sous ce pâle visage il y avait le lourd assoupissement de l'intelligence, la léthargie des cerveaux qui ne vivent pas. "Comme il doit faire froid derrière sa peau", pensait-elle - et elle avait honte de le voir dormir, sans trouble, protégé par l'épaule maternelle, tandis que le regard de sa mère, toute cette femme, s'appuyait sur cette seule et fragile beauté."
    - Marie-Claire Blais, La Belle Bête

    Marie-Claire Blais, La Belle Bête

    J'ai enfin terminé Le père Goriot, non pas que ce roman soit mauvais, bien au contraire, j'ai eu un plaisir fou à le lire, mais j'ai tant traîné, j'avais hâte de passer à autre chose.

    Prochaine proie: Marie-Claire Blais, La Belle Bête, qui n'est pas si bon que Une saison dans la vie d'Emmanuelle, mais qui se lit si vite que je l'ai presque déjà terminé.

    Je ne sais plus trop comment ce livre est arrivé dans ma bibliothèque. À l'endos de la couverture, un ancien propriétaire a inscrit "007" avec un crayon de feutre noir. Il a fait la même chose sur le fil des pages, en bas. Sur la page-titre, on trouve une estampe de la bibliothèque de l'école Le Carrefour, à Gatineau. Non, vraiment, je ne vois pas comme ce livre a pu aboutir dans mes mains.

    2005/03/06

    L'amante

    "Si je sens le bonheur d'être riche, c'est pour mieux vous plaire. Je suis, à ma honte, plus amante que je ne suis fille."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    Pouah!

    " - Delphine ! tu es une...
    Le père Goriot s'élança, retint la comtesse et l'empêcha de parler en lui couvrant la bouche, avec sa main.
    - Mon Dieu ! mon père, à quoi donc avez-vous touché ce matin ? lui dit Anastasie."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    La beauté et le froid

    " - Si, elle t'aime, Nasie, cria le père Goriot, elle me le disait tout à l'heure. Nous parlions de toi, elle me soutenait que tu étais belle et qu'elle n'était que jolie, elle !
    - Elle, répéta la comtesse, elle est d'un beau froid."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    Chaleur humaine

    "J'en mourrai, dit le père Goriot. Voyons, reprit-il en remuant son feu de mottes, approchez-vous toutes les deux. J'ai froid."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    Être un fripon

    " - Mais c'est donc un fripon ?
    - Eh bien ! oui, mon père, dit-elle en se jetant sur une chaise en pleurant."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    Les jeux de l'amour

    "- Je suis si peureuse, si superstitieuse, donnez à mes pressentiments le nom qu'il vous plaira, que je tremble de payer mon bonheur par quelque affreuse catastrophe.
    - Enfant, dit Eugène.
    - Ah ! c'est moi qui suis l'enfant ce soir, dit-elle en riant."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    2005/03/02

    Vautrin ira en tôle

    Le métro allait bientôt quitter la station Snowdon et en attendant, les wagons se remplissaient jusqu'à ce que devant moi s'assoie une grosse fille suivie de peu par un jeune flanc mou à lunettes solaires. Ce dernier s'assoie à quelques pas d'elle et lui demande, d'une voix assez forte pour non seulement couvrir le bruit des conduites d'air, mais pour aussi remplir la voiture au grand complet: Qu'est-ce t'as, merde?

    À bien y penser, il ne le lui demande pas, le ton de sa voix étant trop sec pour qu'il s'agisse d'une question, non, plutôt il lui ordonne de répondre: Qu'est-ce t'as, merde!! Et la fille de l'envoyer paître.

    Je ne transcriverai pas ici tout le contenu de leur vaine conversation, il suffit simplement au lecteur de savoir que les deux tourmentés s'interpellaient dans un anglais aussi relâché que ponctué d'injures, de jurons et autres fuck! mal placés. Leur ton était celui de l'engueulade perpétuelle, blasée, familière. Et pour l'aspect visuel, il faut les voir vêtus de noir, non pas le noir qu'arborent les gothiques, mais plutôt un noir coulé dans le rock.

    La fille s'est rapidement lassé de cet interrogatoire et s'en est libéré ma foi assez facilement d'un signe exaspéré. Le garçon ne pouvant tenir sa langue sale bien longtemps, il s'est aussitôt mis à la faire bruyamment claquer dans son palais jusqu'au départ du train. À partir de cet instant, ce n'était plus possible de l'entendre.

    Mais le train n'avait pas encore quitté complètement la station qu'il a freiné brusquement. Le garçon s'est aussitôt mis à cracher son fiel à l'endroit de quelqu'un que je n'ai pu identifier à l'autre bout du wagon. Le traitant d'imbécilité dans toutes les nuances de la langue anglaise, il l'accusait d'être la cause de l'arrêt soudain. Il parlait fort. On n'entendait que lui, jusqu'à ce qu'un jeune noir lui demande: "Qu'est-ce t'as merde?" Et le garçon de répondre que les niaiseries de son ami avaient provoqué l'arrêt du train et que son ami était stupide et qu'il en avait assez des gens stupides, etc. De son siège, la fille renchérissait en jurant comme jappe une chienne et en approuvant tout ce que sa loque de compagnon pouvait cracher comme grossièreté.

    Le noir a répondu que ces amis n'étaient pas ces amis. "Et bien si ces amis ne sont pas tes amis, ferme ta gueule.
    - Ouais, ferme-la ta sale gueule, d'ajouter la fille. Pourquoi tout le monde me regarde?"
    Moi, je ne regardais déjà plus depuis longtemps. J'avais le nez plongé dans Le père Goriot et j'essayais de me concentrer sur le passage où Vautrin se fait arrêter. Écouter me suffisait pour avoir une bonne idée de ce qui se passait. Surtout, ne pas lever les yeux.

    - Qui te regarde? demande le garçon.
    - Mais regarde! répond la fille. Et je l'aperçois du coin de l'oeil pointer des usagers en silence. Fuck! Arrêtez de me regarder!

    N'en pouvant plus de tous ces regards, elle se tourne vers la fenêtre à sa gauche et essaie d'oublier. Alors que le métro reprend la route, et jusqu'à ce que je débarque à la prochaine station, elle risque un oeil ici et là et, se jugeant encore observée, retourne immédiatement la tête vers le hublot.

    2005/02/23

    La fatigue

    "Rien ici ne vous annonce le malheur, et cependant, malgré ces apparences, je suis au désespoir. Mes chagrins m'ôtent le sommeil, je deviendrai laide."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    2005/02/21

    Faire des enfants

    «Il y a des jeunes qui viennent à mon restaurant et me disent qu'ils sont victimes de racisme. Le problème, c'est qu'ils ne font rien de bon. Ils ne vont pas à l'école, ils font des enfants à gauche et à droite, puis ils traînent dans les rues», déplore-t-il, assis derrière le comptoir de son restaurant.
    - La Presse

    Le froid des autres

    "Mon Dieu! mais je dis des bêtises, monsieur Eugène. Il fait froid ici pour vous. Mon Dieu!"
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    2005/02/19

    Passer à autre chose

    Enfin terminé la lecture des Choses cachées depuis la fondation du monde, oeuvre qui, malgré sa perspective chrétienne, n'en demeure pas moins intéressante et révélatrice. J'imagine que d'autres oeuvres de René Girard, moins tournées vous les Saintes Écritures celles-là, seraient à même de m'intéresser davantage, mais je vous le dis en toute sincérité: il est temps de passer à autre chose.

    2005/02/16

    Kyoto my love

    Voilà, c'est aujourd'hui que ça commence, le grand projet de rendre le monde plus froid. Figer le climat pour rendre la terre plus confortable est une idée s'inscrivant parfaitement dans la lignée des grandes utopies.

    En attendant le prochain front froid, voici quelques images saisissantes du retrait de l'hiver.

    2005/02/11

    "Quelques moments de silence s'écoulèrent, et le pauvre étudiant, par une sorte de stupeur honteuse, n'osait ni s'en aller, ni rester, ni parler.
    - Le monde est infâme et méchant, dit enfin la vicomtesse."

    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    2005/02/10

    La moitié gauche du scrotum

    "Après avoir arraché le testicule gauche de M. Jones, Melle Monti a essayé de l'avaler mais l'a finalement recraché. Un ami de Geoffrey Jones, qui se trouvait dans une pièce voisine, l'a récupéré et le lui a immédiatement redonné en lui disant: "c'est à vous"."
    - Un article du Monde

    2005/02/08

    Les droïdes

    Je ne veux pas sombrer dans le potinage de fond de ruelles, mais ça aurait l'air que Kate Winslet et Hilary Swank sont des ROBOTS. À preuve leurs propos retenus dans un article de la BBC:


    "It's like you're all going through this thing together," she said. "It's just so kind of exciting and mysterious and strange and glorious. And you're all sort of in the bubble together."
    - Kate Winslet


    "I'm just as in awe and humbled and speechless that I am in this position again," Swank said. "And it's certainly not any easier. You're still just as nervous, you still can't believe it."
    - Hilary Swank


    Les deux actrices ont répondu en trois phrases, ont remplacé les virgules d'une énumération par des and et ont commencé la phrase suivant ladite énumération par un beau gros And bien senti.

    Réponses programmées.

    Je me méfie.

    2005/02/07

    Les sels

    "Certains hommes se trouvent plus à l'aise sur le terrain, devant un homme qui leur menace le coeur avec une épée, que devant une femme qui, après avoir débité ses élégies pendant deux heures, fait la morte et demande des sels."
    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    2005/02/06

    C'est le pied

    "- Il fait un fameux froitorama ! dit Vautrin. Dérangez-vous donc, père Goriot ! Que diable ! Votre pied prend toute la gueule du poêle.
    - Illustre monsieur Vautrin, dit Bianchon, pourquoi dites-vous froitorama ? Il y a une faute, c'est froidorama.
    - Non, dit l'employé du Muséum, c'est froitorama, par la règle : j'ai froit aux pieds."

    - Honoré de Balzac, Le père Goriot

    2005/02/03

    Une chanson me hante

    "L'amour a pris son temps
    À travers les vents de janvier
    Pour réchauffer l'hiver frileux."

    - Nathalie Simard, L'amour a pris son temps, chanson-thème de La guerre des tuques

    Depuis trois jours et trois nuits, sans arrêt je la fredonne.

    2005/02/01

    Partir plus tôt, de bon matin, est une bonne façon d'arriver tôt.
    Partir plus tôt, de bon matin, est une bonne façon de voir ce qui arrive avant qu'on arrive.
    Alors on se retrouve, le premier du mois, dans un file allant tout droit vers la guérite.
    Je n'ai pas l'habitude de ces files matinales. J'arrive toujours trop tard.
    Mais celle-ci me surprend par sa lenteur. A-t-on idée de tant traîner quand les métros viennent et repartent en pleine heure de pointe?

    Rendu à mon tour, il était bien certain que je saurais de quoi il en retourne. Et j'ai vu: j'ai vu l'homme qui comptait, recomptait et re-recomptait, en chantonnant, chaque billet de banque qu'on lui donnait. Ensuite il nous donnait notre carte du mois. Puis il recomptait tout encore, s'assurant que tout y était. Puis enfin, quand tout était bien compté, et seulement à ce moment-là, non sans avoir d'abord recompté encore, il acceptait d'écouter le prochain client.

    Je sais, il n'y a ni honte, ni froid dans cette histoire, seulement une petite frustration, celle d'être parti plus tôt pour arriver à la même heure que d'habitude au bureau.

    2005/01/31

    "Quand ce fut fini, elle déchaîna la chienne."
    - Maupassant, Une vendetta

    2005/01/27

    Décompte pour la honte.

    Penser que ce soir il y aura un cours dans cette petite salle bondée où il fait si chaud.
    Réaliser que l'odeur vient de soi: oubli cruel du déo ce matin.
    Il est midi, je suis au bureau.
    Compte à rebours vers une honte certaine.

    2005/01/24

    YULBlog

    YULBlog, le meta blog répertoriant tous les carnets de Montréal, m'a enfin ajouté à ses annales.

    2005/01/23

    Liberté

    Dans un dépliant du magazine Liberté j'ai trouvé cette définition:

    "Liberté n.f. Sorte particulière d'héroïsme qui consiste à faire ce qu'on avait la capacité de faire."
    - Jacques Drillon

    2005/01/22

    Bibliographie

    Pour la postérité, tous les ouvrages mentionnés dans ce blog.


    BALZAC, Honoré de, Le père Goriot, Classiques Garnier.

    BARJAVEL, René, La nuit des temps, Presses Pocket, 1968.

    BLAIS, Marie-Claire, La Belle Bête, Boréal Compact, 1991 (1959 pour l'éd. originale).

    CÉLINE, Louis-Ferdinand, Voyage au bout de la nuit, Gallimard, 1952.

    COCTEAU, Jean, Les enfants terribles, Le livre de poche, 1925.

    DUCHARME, Réjean, L'hiver de force, Gallimard, "Folio", 1973.

    FREUD, Sigmund, La vie sexuelle, "Pour introduire le narcissisme", 1914.

    GIDE, André, La porte étroite, Le livre de poche, 1959.

    GIRARD, René, Des choses cachées depuis la fondation du monde, Le livre de poche, "biblio/essais", 1978.

    HESSE, Hermann, Le loup des steppes, Le livre de poche, 1947.

    JAGOSE, Annamarie, Queer Theory, New York University Press, 1996.

    MAUPASSANT, Guy de, Une vendetta (1883), tiré de Contes et nouvelles, Gallimard, 1947.

    MISHIMA, Yukio, Le marin rejeté par la mer, Folio, 1963 pour l'originale, 1968 pour la traduction française.

    OVIDE, Les métamorphoses, GF-Flammarion, 1966.

    PROULX, Monique, Les Aurores montréales, Boréal Compact, 1997 (1996 pour l'éd. originale).

    RICHLER, Mordecai, The Apprenticeship of Duddy Kravitz, McClelland & Steward Ltd., 1989 (1959 pour l'éd. originale).

    RILKE, Rainer Maria, Les cahiers de Malte Laurids Brigge, Seuil, "Points", 1966.

    RILKE, Rainer Marie, Élégies de Duino, Sonnets à Orphée, Gallimard, "Poésie", 1994.

    TREMBLAY, Michel, La nuit des princes charmants, Actes Sud, "Babel", 1995.

    VOLTAIRE, Candide et autres contes, Gallimard, 1992.

    2005/01/21

    La honte d'une nymphe.

    "Narcisse fuit, et, tout en fuyant: "Bas les mains, pas d'étreinte! Je mourrai, dit-il, avant que tu n'uses de moi à ton gré!" Écho ne répéta seulement que: "Use de moi à ton gré!"
    Dédaignée, elle se cache dans les bois et voile de feuillages son visage couvert de honte, et depuis ce jour elle vit dans des antres solitaires."
    - Ovide, Les métamorphoses

    La porte étroite et Narcisse : même combat.

    Être d'accord avec elle.

    "Il fait froid dehors."
    - Josée Blanchette, Joblog

    2005/01/19

    En file pour le fond de l'hiver

    Je lis des choses froides, de tristes articles et de longs chapitres théoriques, aucune phrase digne de ce blog. Je prends donc ce qui passe: ici les Moscovites qui, fuyant l'hiver, vont rejoindre la mort les uns à la suite des autres.



    2005/01/16

    "J'ai froid pour la première fois"
    - Joe Dassin, Les yeux d'Émilie

    2005/01/15

    Le Devoir et Virginie

    J'ai honte pour Le Devoir. Est-ce vraiment rendre hommage à un feuilleton que de le résumer?

    2005/01/13

    La prière du cinglé.

    Un matin au métro Jean-Talon. Attente sur un banc du prochain train. L'homme qui, avant de s'asseoir, d'un geste soudain enlève son manteau comme on dégaine une épée avant le duel, ne suffit pas à me sortir de ma torpeur urbaine ni de cette fatigue comateuse qui me rappelle ma vieillesse future. Je lève à peine les yeux vers lui, et ce même s'il a failli me fouetter le visage avec le coin de sa manche. Je voudrais seulement dormir. Ma vie est une interminable lutte contre la fatigue.

    L'homme s'asseoit à gauche. Lui aussi attend le métro. Et comme un samourai en pleine méditation, il joint les mains d'un geste ample, non pas pour une prière, car les prières formulent des souhaits, mais pour émettre haut et fort des vérités, en prononçant gravement chaque syllable, en accrochant chaque fois la dernière à son souffle, comme pour lui donner l'élan nécessaire à sa pleine diffusion dans l'air:

    "Puissance...

    Plus fort...

    Plus riche...

    Plus pauvre..."

    Quelque chose dans le ton de sa voix donne à penser qu'il voit dans cette suite quelque logique invisible. Ces syntagmes sont peut-être pour lui des arguments. Pour sûr ce n'est pas la première fois qu'il se les répète.

    Je l'ai écouté se convaincre de ce dont il se croyait déjà convaincu et j'avais un peu froid d'être assis juste à côté. J'ai pensé me lever, dans un geste politique, pour me dissocier ostentatoirement de ces niaiseries-là, jeter ainsi sur lui une sorte de honte qu'il aurait été incapable de sentir.

    Vraiment? Et s'il se rendait compte de ma désapprobation? S'il essayait ensuite de me faire ravaler cette honte que j'aurais laissée sur le banc telle une flatulence qu'on abandonne à de pauvres idiots qui ne se doutent encore de rien? - La peur - Oui, c'était bien une peur lâche qui me retenait là. J'étais prisonnier. J'avais honte de mon état. Et je me suis surpris à prier le métro de venir me libérer au plus tôt.

    2005/01/12

    La quête

    Ce matin un quêteux quêtait dans l'université pour se cacher du froid. Aux étudiants il demandait:

    "Cinq sous pour un voyou?"
    - Un quêteux

    2005/01/11

    Il n'y a pas de honte à lire Rilke. Il y a cependant du froid qui fait chaud au coeur.

    2005/01/08

    Gide est fini et l'école recommence bientôt. Ce n'est pas le temps de me lancer dans un nouveau roman. Rilke et Les sonnets à Orphée, me voici.

    Comme une chienne perfide qui vire son capot de bord, j'ai donné des titres aux entrées précédentes qui n'en avaient pas.

    Et parfois non.

    Alissa et moi

    "Je prends la résolution de ne plus lire pour un temps que la Bible (l'Imitation aussi, peut-être) et de ne plus écrire dans ce carnet que, chaque jour, le verset marquant de ma lecture."

    - André Gide, La porte étroite, "Le journal d'Alissa"

    Le froid qui sépare les amoureux.

    "J'ai froid, dit-elle en se levant et s'enveloppant de son châle trop étroitement pour je pusse reprendre son bras."
    - André Gide, La porte étroite

    2005/01/07

    Vague de froid

    "C'est à Fongueusemare que j'aurais désiré te revoir, mais la saison est devenue mauvaise, il fait très froid."
    - André Gide, La porte étroite

    "Nous nous assîmes sur le talus; le vent froid qui soudain s'éleva nous transit."
    - Gide, encore Gide, toujours le même livre

    2005/01/06

    La honte d'avoir des amis qui écrivent.

    "Je sais gré à Abel de ne pas n'avoir envoyé son livre! Je n'ai pu le feuilleter sans honte; honte non tant à cause du livre même - où je vois, après tout, plus de sottise encore que d'indécence - mais honte à songer qu'Abel, Abel Vautier, ton ami, l'avait écrit."
    - André Gide, La porte étroite

    2005/01/05

    Enfin du froid.

    "L'épais brouillard d'hiver m'enveloppait; ma lampe d'étude, et toute la ferveur de mon amour et de ma foi écartaient mal, hélas! la nuit et le froid de mon coeur."
    - André Gide, La porte étroite

    J'ai eu chaud. Ce roman semblait exempt d'hiver.

    2005/01/03

    "J'ai assez mangé d'amertume pour aujourd'hui"

    Une deuxième tranche de pamplemousse, offerte dans un bistrot de la rue Saint-Denis, inspire parfois de belles répliques.

    Les jeux de l'amour.

    "Oui, je joue encore volontiers avec elle; mais c'est Alissa que j'aime..."
    - André Gide, La porte étroite

    2005/01/02

    La honte d'avoir une mère.

    "Elle garde ma main dans l'une des siennes et de l'autre caresse ma joue. ''Comme ta mère t'habille mal, mon pauvre petit!'"
    - André Gide, La porte étroite

    Ce blog porte bien son nom.

    La honte et le froid, oui, j'ai froid et j'ai honte: Froid parce que qu'il fait froid, et honte parce que j'ai trouvé l'origine de La porte étroite. C'est un ami qui me l'a donné, un jour qu'il se départissait de sa bibliothèque. Suivant cette piste, je suis à même d'identifier le Stef qui a jadis été propriétaire dudit bouquin. J'ai maintenant honte d'avoir dit que ses passages soulignés étaient honteusement moches et ennuyeux. J'ai voulu jeté sur lui l'opprobre, or cet opprobre me revient en pleine face. La honte est un boomerang, et parfois même un crachat en l'air qui nous retombe sur le nez.

    Heureusement, j'ai trouvé un passage souligné par Stef qui m'a intéressé. Ce sera donc la citation du jour:

    "Et cette porte devenait encore la porte même de la chambre d'Alissa; pour entrer je me réduisais, me vidais de tout ce qui subsistait en moi d'égoïsme..."
    - André Gide, La porte étroite

    Et pour montrer que je ne cite pas n'importe quoi, je vais commenter en citant Freud, dans ce chapitre de La vie sexuelle qu'il consacre au narcissisme:

    "La plus haute phase de développement que peut atteindre la libido d'objet, nous la voyons dans l'état de passion amoureuse, qui nous apparaît comme un dessaisissement de la personnalité propre, au profit de l'investissement d'objet."
    - Sigmund Freud, La vie sexuelle

    2005/01/01

    André Gide, La porte étroite

    J'ai dû acheter ce livre quelque part dans une bouquinerie, mais je ne m'en souviens plus. Je sais seulement qu'il a appartenu à un certain Stef qui y a souligné des passages moches et ennuyeux. Il devrait avoir honte, ce Stef.

    Pour ma part :

    "Un jour, et, je pense, assez longtemps après la mort de mon père, ma mère avait remplacé par un ruban mauve le ruban noir de son bonnet du matin : "O maman!, m'étais-je écrié, comme cette couleur te va mal!"
    Le lendemain elle avait remis un ruban noir."
    - André Gide, La porte étroite