2008/08/14

La rue des zombies

On y est allé un lundi soir, c'est bien gravé dans ma mémoire, je leur ai dit: Oui, on va y aller. J'vous dis pas où, je vous raconte, c'est ben assez, vous allez voir, pour que vous sachiez.

Y'avait pas de char sur c'te rue-là, juste des chassis faits à la main, comme des squelettes en broche à foins. Dedans, j'vous jure, y'avaient fichu des pots de plantes vertes, c'tait ben assez pour m'écoeurer.

C'était des fantômes, que ces chars-là, qu'on avait mis le long du trottoir pour nous faire croire qu'y était parqués. L'imaginaire des designers dans c'te bout-là est trop fuck all, he que j'haïs ça.

Il faisait noir, il faisait noir, comme je vous disais c'tait un lundi soir, ça fait que tout était fermé. Y'avait pu rien que les feux rouges au coin de la rue, qui clignotaient, pour éclairer.

Quand y'a pas de chars, c'est ben normal, y'a pas raison pour les lumières, fait que tout ce qui reste c'est ces feux-là. Ça donne un air sur le trottoir comme dans les vues où y'a des morts qui se relèvent.

De ces morts-là y en avait plein, tapis des coins, la seringue dans main, qui gémissaient comme des zombies. Quand ils se levaient, ils titubaient pis ils erraient les mains tendues jusque dans rue.

J'en ai vu un qui m'engueulait, j'ai continué sans le regarder, je sais pas ce que je lui avais fait. Je l'ai pas regardé, vous savez ben, sinon j'signais mon arrêt de mort.

J' en ai vu un devant un tas de quelque chose qui se dit pas, mais ça a l'air que ça se mangeait. Y regardait l'argent qu'y avait dans poches, pis y hésistait à en manger.

J'ai continué toujours dans l'Est avec mes chums qui venaient d'ailleurs, j'leur ai dit on va-tu danser? Ils voulaient pas, mais tant qu'à ça, y'a les tous nus qui dansent par-là, c'est là qu'on va.

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