La tête appuyée sur les côtes de la Catalogne, j'avais rêvé d'une guerre féroce où je devais fuir les champignons nucléaires qui ravageaient l'horizon. C'était l'Apocalypse, à n'en point douter. Ma seule issue étaient cette jeune femme qui devait me conduire à un abri. Nous courions à en perdre haleine, le souffle rouges des bombes atomiques nous talonnant.
À mon réveil, la tête encore embrouillée par le sommeil, je n'ai pas manqué de faire le récit de ce rêve à mon cher Catalan. Peut-être par pudeur, sûrement par fatigue et paresse, je ne lui ai pas dit que ce rêve s'inspirait d'un livre que j'avais lu quelques temps avant, La nuit des temps, de René Barjavel. Inutile de le cacher plus longtemps: ce roman, manifestement, a marqué mon imaginaire, mon rêve reprenant à bien des égards l'idée que je m'étais faite de la longue fuite d'Elea et de Païkan sous les bombes.
La nuit des temps, c'est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d'amour passionné. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d'Elea et de Païkan les emmène vers le grand mythe des amants légendaires.
- La nuit des temps, 4e de couverture.
La tragédie de
La nuit des temps, c'est l'histoire d'un amour absolu qui ne trouve aucun refuge devant la guerre. Cette guerre, totale, universelle, intemporelle, puise sa source dans ce que les peuples, de tout temps, n'ont jamais su s'entendre et ne s'entendront jamais. Chaque personnage est d'une nationalité différence. Si Barjavel a la discrétion de bien équilibrer leurs défauts et leurs qualité, il n'en demeure pas moins qu'on referme le bouquin avec la désagréable impression que le problème dans le monde, selon l'auteur, c'est les peuples, voire les races.