Les crevettes et nous
Ça m'a frappé devant les congélateurs des produits surgelés au supermarché. Bon, d'accord, je l'avais toujours un peu su avant, mais j'ai vu dans ces crevettes frigorifiées, décapitées, déveinées, décortiquées, embrochées et, pour finir, plastifiées, la preuve ultime de l'effort collectif que représente pour nous de manger un fruit de mer.
Lorsque j'étais enfant, dans ma forêt natale, même si nous mangions régulièrement les poissons que nous pêchions nous-mêmes dans les lacs environnants, les produits marins, réellement marins, n'étaient pour moi que des rectangles enchapelurés de marque High Liner ou encore un concept télévisuel. De Passe-Partout qui hésitait longtemps avant de manger sa salade de crevettes, à Passe-Montagne heureux de manger une huître, en passant par les annonces de Red Lobster, le petit écran nous passait chaque fois le même message : même si les fruits de mer vous écoeurent, vous les aimez quand même. Essayez-les, pour voir.
Au fond, c'est un peu grâce à Marie Eykel si je ne me suis pas trop méfié, la première fois que j'ai mangé des crevettes. Et, je vous en fais la confidence, la première fois que j'ai mangé une huître, je pensais à Jacques L'Heureux.
J'aurais pu m'arrêter là. Mais il a fallu que la Catalogne entre dans ma vie et m'emmène me noyer dans des festins méditerranéens. Ah ! Que de poissons grillés, de pieuvres et de crustacés ai-je mangé sous le soleil du Ponant ! Que de poissonneries ai-je visitées où les produits de la mer, franchement pêchés, s'achetaient en vrac avec un gant de plastique et un panier ! Et où les crevettes ont des têtes ! Le saviez-vous, que ces bestioles étaient pourvues de têtes ? Les Catalans adorent cuisiner leurs crevettes entières. Une fois qu'elles sont dans leur assiette, ils les décapitent pour sucer le jus qui s'écoule de leur chef. Du jus de ciboulot de crevette... Tsé.
De retour au Québec, devant la porte vitrée me séparant des crevettes surgelées, invariablement étêtées et toutes précuites, surtout précuites, rougement précuites, à l'exception de celles disposées en brochettes, la mer me paraît bien loin. Je sais qu'au marché Jean-Talon, les poissonniers ont une offre bien plus intéressante, mais c'est l'exception qui confirme la règle : au Québec, on veut bien manger des fruits de mer, mais pas trop souvent. Remarquez, on a bien le droit. Mais pour celui qui a une fringale crevettière en dehors des heures d'ouvertures du fameux marché, s'il ne veut pas ses crustacés surgelés et précuits, il n'a pas le choix de sortir du supermarché et se diriger vers l'épicerie africaine sur Saint-Denis. Là-bas, on congèle les crevettes, mais on ne les précuit pas. Ça se voit facilement : au lieu d'être rouges, elles sont grises. Le saviez-vous, que les crevettes étaient grises ?
Lorsque j'étais enfant, dans ma forêt natale, même si nous mangions régulièrement les poissons que nous pêchions nous-mêmes dans les lacs environnants, les produits marins, réellement marins, n'étaient pour moi que des rectangles enchapelurés de marque High Liner ou encore un concept télévisuel. De Passe-Partout qui hésitait longtemps avant de manger sa salade de crevettes, à Passe-Montagne heureux de manger une huître, en passant par les annonces de Red Lobster, le petit écran nous passait chaque fois le même message : même si les fruits de mer vous écoeurent, vous les aimez quand même. Essayez-les, pour voir.
Au fond, c'est un peu grâce à Marie Eykel si je ne me suis pas trop méfié, la première fois que j'ai mangé des crevettes. Et, je vous en fais la confidence, la première fois que j'ai mangé une huître, je pensais à Jacques L'Heureux.
J'aurais pu m'arrêter là. Mais il a fallu que la Catalogne entre dans ma vie et m'emmène me noyer dans des festins méditerranéens. Ah ! Que de poissons grillés, de pieuvres et de crustacés ai-je mangé sous le soleil du Ponant ! Que de poissonneries ai-je visitées où les produits de la mer, franchement pêchés, s'achetaient en vrac avec un gant de plastique et un panier ! Et où les crevettes ont des têtes ! Le saviez-vous, que ces bestioles étaient pourvues de têtes ? Les Catalans adorent cuisiner leurs crevettes entières. Une fois qu'elles sont dans leur assiette, ils les décapitent pour sucer le jus qui s'écoule de leur chef. Du jus de ciboulot de crevette... Tsé.
De retour au Québec, devant la porte vitrée me séparant des crevettes surgelées, invariablement étêtées et toutes précuites, surtout précuites, rougement précuites, à l'exception de celles disposées en brochettes, la mer me paraît bien loin. Je sais qu'au marché Jean-Talon, les poissonniers ont une offre bien plus intéressante, mais c'est l'exception qui confirme la règle : au Québec, on veut bien manger des fruits de mer, mais pas trop souvent. Remarquez, on a bien le droit. Mais pour celui qui a une fringale crevettière en dehors des heures d'ouvertures du fameux marché, s'il ne veut pas ses crustacés surgelés et précuits, il n'a pas le choix de sortir du supermarché et se diriger vers l'épicerie africaine sur Saint-Denis. Là-bas, on congèle les crevettes, mais on ne les précuit pas. Ça se voit facilement : au lieu d'être rouges, elles sont grises. Le saviez-vous, que les crevettes étaient grises ?