Mon enfance dans le Poitou
Mon enfance a été parsemée d'embûches. Tel un Tom Sawyer du Poitou, je faisais l'école buissonière et les 400 coups. Le directeur me tapait souvent. Il me donnait des raclées. Puis un jour j'ai fugué. J'ai erré de village en village, jouant de la guimbarde pour solliciter la charité. J'étais le Rémi sans famille du Poitou.
J'avais pour compagne d'errance une chatte qui n'en faisait qu'à sa tête. Elle était dure à suivre. Elle s'appelait Sylvie, Sylvie la chatte. C'était une chatte des forêts, une chatte sauvage qui n'aimait pas les bourgs. Chaque jour, je devais commettre des larcins dans les marchés pour ramener de quoi manger à Sylvie, qui m'attendait derrière un arbre. Chaque fois, je revenais avec un nouveau village à mes trousses. Et je trouvais Sylvie qui croquait un oiseau ou un mulot. Je risquais toujours ma peau pour rien à cause de cette sale chatte. Je lui disais: "Chatte ingratte!" Et elle se frottait à mon molet en ronronnant.
Une fois, j'ai dû passer une nuit clandestine dans une grange. Pendant que je dormais, Sylvie trouvait refuge dans les rouages de la moissoneuse-batteuse. Le fermier, à l'aube, démarrant l'engin, a réglé son sort. Cette année-là, les chevaux du fermier ont mangé des bottes de foin additionnées de protéines animales. Une nouvelle maladie nerveuse s'est développée, la chevaline. Des consommateurs en sont mort. L'opinion publique s'est enflammée. Et j'ai dû fuir le Poitou et la France.
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