2008/01/23

Un espresso, mais sans le café

La vue sur Québec à partir du restaurant du Concorde est pour le moins époustouflante. L'addition aussi.

Pendant que je regardais le fleuve, le serveur est venu nous offrir du café. N'ayant pas touché à une seule goutte depuis plus d'un mois, j'ai demandé la permission à la Catalogne de déroger à mes voeux d'abstinence caféière. Permission accordée. Le café fut versé dans ma tasse. La Catalogne, elle, refusa l'offre. Mais le Catalan qui n'avait jamais traversé l'Atlantique, celui qui aime tant les voitures et qui sacre de plaisir contre le froid, lui, en voudrait-il ? Puisqu'il était aux toilettes, j'ai dit oui à sa place. "Je doute qu'il le boive", m'a dit la Catalogne. "Moi aussi", ai-je répondu.

Quand le Catalan est revenu des latrines, nous lui avons montré sa tasse fumante. Il y a versé un peu de crème, ajouté quelques sucres, brassé calmement avec la cuillère avant de porter le café à ses lèvres. Puis, il a déposé la tasse sur la table et n'y a plus touché du repas. "Tu ne bois pas ton café, Catalan?
- Non, je n'aime pas le café américain.
- Je m'en doutais."
Ces Européens ne boivent que des espressos.

Après le brunch, nous sommes redescendus dans la rue glaciale. Le Catalan sacrait contre l'hiver. Nous avons marché jusqu'au musée du chocolat, sur la rue Saint-Jean. Un autre Catalan est venu nous y rejoindre. Dans ce musée, on fait un incroyable espresso de chocolat. Comprenez-moi bien: je dis espresso DE chocolat car il n'y a que du chocolat dans cet espresso. Pas de café. 100% chocolat. Et du bon, du très bon chocolat.

Nous nous sommes assis devant un comptoir et les trois Catalans se sont mis à parler dans leur langue d'un projet de développement absolument scandaleux près de Valence. Après deux heures, je ne pouvais plus suivre. Mon attention s'en allait doucement. Il n'y avait plus que moi et mon espresso qui, à chaque gorgée, me procurait une certaine jouissance, pour ne pas dire une jouissance certaine.

Au bout de quatre heures nous sommes partis du petit musée. J'ai demandé au Catalan qui n'avait jamais traversé l'Atlantique, qui aimait tant les voitures, qui sacrait contre le froid et qui n'aimait pas le café américain s'il avait aimé son espresso. "Riquissim", qu'il m'a dit.

Je suis bien d'accord avec lui. À 1,95$ c'est pas mal moins époustouflant que de manger au Concorde, mais je ne crois pas qu'il y ait, dans tout l'univers, quelque chose d'aussi délicieux que cette petite boisson de la rue Saint-Jean.

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