2009/02/12

Si mes parents m'avaient permis, quand je lisais un livre, d'aller visiter la région qu'il décrivait, j'aurais cru faire un pas inestimable dans la conquête de la vérité. Car si on a la sensation d'être toujours entouré de son âme, ce n'est pas comme d'une prison immobile; plutôt on est comme emporté avec elle dans un perpétuel élan pour la dépasser, pour atteindre à l'extérieur, avec une sorte de découragement, entendant toujours autour de soi cette sonorité identique qui n'est pas écho du dehors mais retentissement d'une vibration interne. On cherche à retrouver dans les choses, devenues par là précieuses, le reflet que notre âme a projeté sur elles, on est déçu en constatant qu'elles semblent dépourvues dans la nature, du charmes qu'elles devaient, dans notre pensée, au voisinage de certaines idées [...] (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 127)

3 commentaires:

Anonyme a dit...

J'aime beaucoup lorsqu'il parle des voyages, de l'idée qu'on se fait d'un endroit avant de le voir et du sentiment une fois sur place. Génial ce livre (mon préféré reste 'A l'ombre des jeunes filles en fleur').

La gousse craintive a dit...

Je ne suis pas rendu bien loin, encore, dans la Recherche du temps perdu, mais je suis absolument renversé par la qualité et la finesse de l'écriture. Je regrette presque de ne m'être pas aventuré plus tôt dans cette lecture.

Anonyme a dit...

Il ne faut pas regretter, tu as tout ton temps (qui est loin d'être perdu!!) pour découvrir cet oeuvre ;)