Je pensais en avoir pour mon argent en louant
Cannibal Holocaust, dans la section "Gore - Cannibalisme" (complètement dans le fond, dans le bas, à droite, de la section Horreur) du club vidéo Beaubien, mais j'ai été déçu. Imaginez, quand le film est sorti en 1980, les réalisateurs ont dû prouver devant les tribunaux que les acteurs n'étaient pas morts pour le bien du tournage. Pour ma part, j'ai trouvé que ça manquait sang et de cris. C'est vrai, quoi. On peut difficilement se faire ouvrir la panse et répandre ses tripes dans les mains tremblantes des indigène sans lâcher un cri déchirant... et encore moins sans saigner abondamment.
Par ailleurs, les scènes les plus difficiles à regarder n'étaient pas celles auxquelles je m'attendais, car le bras qu'on croque se laisse croquer sans crier; le foie qu'on dévore se laisse dévorer comme les foies dans nos assiettes; mais la femme qu'on viole dans une mare de boue se défend, elle; celle qu'on attache et frappe à la tête souffre. C'est la souffrance qui est difficile à regarder, pas ces gens qui s'empiffrent d'autres gens. Rien n'est plus pittoresque qu'une bande de quidams évachés, repus et rotant à l'ombre d'un arbre parasol.
Ce film ennuyant terminé, je suis tombé sur une de ces présentations de fin de soirée à TVA, un film idiot au titre idoine, Rencontre fatale, l'histoire d'une mère divorcée qui reçoit des appels anonymes après s'être fait coller au cul sur l'autoroute, la nuit, par un chauffard. Rudement plus efficace, côté suspens, que Cannibal Holocaust. Imaginez, la femme rejoint son auto dans un stationnement désert, à la fermeture des bars. Elle remarque une crevaison. Elle prend peur, retourne se réfugier au bar, qui lui appartient, et appelle son ex-mari. Moi, je sais pas, ça me fout la trouille.
Puis le lendemain matin, pris d'une quinte de toux, je sens un morvion dans ma bouche. Je cours le cracher avec dégoût aux toilettes. Ainsi penché au-dessus de la cuve, je sens mon estomac se tordre, mon déjeuner remonter mon oesophage... je me ressaisis. J'ai presque vômi de dégoût. Comme quoi une petite boule de morve, venue de ma propre personne, peut faire bien plus que tous les Cannibal Holocaust.