2009/11/03

Les grandes chaleurs

Cet été, j'ai passé mes deux premières journées à Barcelone chez des amis que nous avions déjà hébergés à Montréal. Ils vivaient dans une tour à condos, non loin de la mer, mais leur appartement donnait sur le côté opposé à la Méditerranée. Le soir, on avait beau ouvrir les fenêtres, l'air passait à peine. Or, les deux jours passés chez eux furent deux jours de canicule. À la télé, il était question de vents africains venus semer la désolation et la sécheresse sur la péninsule ibérique. Vraiment, l'idée d'être un jour confronté à des vents venus d'Afrique ne m'avait jamais traversé l'esprit jusque-là. La nuit, dans mon lit, je m'indignais de devoir affronter de tels climats. Je guettais la montée des températures. Comme je ne pouvais ouvrir la fenêtre de ma petite chambre, j'étais certain que je cuirais comme dans un four durant mon sommeil. Si j'ouvrais, l'écho des voitures et surtout des motos était tel que j'avais l'impression d'être étendu directement sur la chaussée. C'est que les rues de Barcelone sont de véritables caisses de résonance.

Incapable de dormir, je m'échappais parfois d'une vague somnolence pour envisager l'effort que représenterait le simple fait de me retourner. J'hésitais à le faire, car en plus de l'effort, je devrais affronter le dégoût de découvrir à quel point les draps, sous mon corps en sueur, étaient mouillés. C'est finalement quelque pulsion claustrophobe qui me faisait bouger, la comparaison de ma situation à celle d'être enfermé dans un four l'emportant sur mes hésitations de paresseux. Je me retournais donc, agacé, pour échapper à une mort délirante.

Deux jours plus tard, la situation ne s'améliorait pas. Je suais la nuit et suais le jour. Il n'y avait aucun répit, sauf dans le métro, où je me surprenais à souhaiter des pannes qui allongeraient inutilement le trajet climatisé. Cependant, nous avons changé d'appartement, car mon Catalan, grâce à ses nombreux contacts, avait réussi à nous dénicher une chambre chez un autre ami, où nous pourrions loger tout le mois de juillet pour la bagatelle de 150 euros. Là-bas, la configuration des lieux nous promettait des jours plus aérés et frais, mais à peine avions-nous déposé nos lourds bagages que nous devions faire nos sacs en vue d'une escapade dans les Pyrénées françaises. Je me souviens très bien d'avoir fourré un pull dans mon sac et d'avoir trouvé cela totalement absurde. Rien que de tenir ledit vêtement me faisait suer davantage. Je ne pouvais croire que dans cette canicule, qui me faisait déjà assez souffrir, je devais avoir encore plus chaud, le temps d'envisager d'avoir improbablement froid dans les montagnes.

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