2006/05/03

Se faire "ass-raper", comme disait l'autre

Aperçu dans le site de Cyberpresse ce matin:
"La victime ne s'est jamais relevée après la sodomie"

Dans l'article, on trouve des extraits qui frappent l'imaginaire:

Véronique Lalonde ne s'est jamais relevée après avoir été sodomisée, et son meurtre ressemble à ce qu'on appelle en anglais rape homicide, affirme la pathologiste Annie Sauvageau, qui a témoigné hier au procès de Karlo Desjardins.
[...]
Lors de l'autopsie, on a trouvé du sperme dans son anus. L'ADN de ce sperme correspond à celui de Desjardins. Celui-ci a été arrêté et accusé du crime en avril 2005. La semaine dernière, Martin Lemire, ami d'enfance de l'accusé, a témoigné que Desjardins lui avait confié, à l'automne 2003, avoir tué une «pute» après l'avoir «fourrée dans le cul».
[...]
Si la jeune femme avait pu s'habiller et marcher après la sodomie, le sperme aurait nécessairement coulé un peu dans son sous-vêtement [...]


Bon, évidemment, la victime a aussi reçu sept coups de couteaux, et "à peu près en même temps, [elle] était étouffée, alors qu'on appliquait une forte pression sur son cou", mais bon. Ça a l'air que l'élément-clé, c'est la sodomie. Ça vend plus.

2006/05/02

Budget

Quel subtil budget fédéral:

Les contribuables verront le taux d’imposition sur la tranche de revenu le plus bas passer de 15 % à 15,5 % au cours de la même période.

De leur côté, les entreprises bénéficieront de baisses d’impôts et de taxes de 1,7 milliard en deux ans.
- Site web de Radio-Canada

Ce que j'aimerais voir disparaître avant ma mort:
- Les sacs en plastique
- Les automobiles
- Les fils et les câbles

Ce matin, je voulais tant mourir, mourir de sommeil. En fait, je mourrais effectivement de sommeil et j'en meurs toujours. C'est une longue agonie.

2006/05/01

Guy et moi, sur les flammes et le bruit

Myriosis dit :
Mets tes écouteurs: http://allaboutfrogs.org/files/sounds/whitecall.wav Je déteste ce bruit. Si les bruits pouvaient brûler, je voudrais que celui-ci soit le premier à le faire.

Guy dit :
Des flammes surgiraient à chaque bruit. On ne verrait que la lumière réflétée, on n'entendrait rien. Comme des flatulences qui s'emballent à proximité d'une étincelle.

Myriosis dit :
Les flammes se répendraient comme les ondes. Et chaque crépitement produit par le brasier enflammerait davantage ce dernier. Bientôt l'incendie embraserait LE MONDE.

Guy dit :
Un court instant, puis, il n'y aurait plus rien. Que du silence.

Myriosis dit :
Puis des braises, une lueur rougeâtre dans l'univers, une douce chaleur. Puis, le charbon final.

Guy dit :
Et la suie, en se répandant, ferait un petit couic! Et là, une nouvelle flamme, douce et limpide, viendrait clore la scène. Nous serions heureux, Myriosis, nous serions heureux.

Myriosis dit :
Oh oui! une douce flamme, comme celle d'une bougie, pour éclairer notre serein sourire.

2006/04/28

Le Unity brûle-t-il ?

2006/04/26

Dialogue avec Guy

Guy dit :
Je lisais cet article et voulais te le montrer:

L'administration Bush a proposé un projet de loi, jeudi, en vertu duquel les opérateurs de sites web affichant du contenu pornographique risqueraient une peine d'emprisonnement allant jusqu'à cinq ans, s'ils n'affichaient pas sur leurs pages un avertissement officiel entériné par le gouvernement prévenant les internautes de la nature du contenu s'y trouvant.

Comme l'a expliqué le procureur général Alberto Gonzales lors d'un discours au National Center for Missing and Exploting Children, à Alexandria, en Virginie, ce projet de loi, appelé Child Pornography and Obscenity Prevention Amendments of 2006, «éviterait aux internautes de tomber par inadvertance sur des images pornographiques dans Internet.»
- « L'administration Bush veut instaurer un système de classification obligatoire des sites web », Branchez-vous

Guy dit :
Cet homme qui décide du destin de nombreux hommes en les envoyant en pâture, c'est le même homme qui veut sauver la pudeur. Tuons les hommes, sauvons la pudeur.

Myriosis dit :
Quel drôle d'homme. Ce président veut prendre le contrôle du hasard. Comment une telle mesure éviterait-elle à nos jeunes de tomber sur ces sites "par hasard"?

Guy dit :
Oui, surtout que la plupart des sites pornos sont à être déménagés ailleurs qu'aux USAs.

Myriosis dit :
Oui, voilà. Mais puisqu'il le faut, Bush traquera ces salauds jusqu'aux quatre coins du monde pour les châtier.

Myriosis dit :
C'est étrange, comme mesure. Guy, cette mesure n'a aucun sens.

Guy dit :
Je suis d'accord. Elle me fait rire. C'est pour ca que je suis venu en ligne : pour la partager avec toi.

Rencontre souterraine

Ai-je la berlue ou bien ai-je vraiment croisé Hubert Reeves dans le métro ce matin ?

2006/04/21

Un zombie Myriosis

Pour faire un zombie Myriosis, vous aurez besoin des ingrédients suivants:
135 ml de tous les rhums que vous avez en votre possession (135 ml au total, là, pas pour chaque)
5 cuillérées à soupe de jus de POIRES
1 cuillérée à thé de sirop d'érable
un peu de jus de citron facultatif
de la glace

Shaker, verser, et jouir.

2006/04/06

Flash back

Conversation entendue un jour entre deux employés d'un McDo:
"- Pourquoi la machine à glace ne fonctionne-t-elle plus?
- Parce que personne ne la lave, voilà pourquoi."

Et moi de recevoir mon Sprite, glaçons inclus. Frisson.

Illumination

Considérant qu'il n'y a que les humains pour s'entraîner à se retenir, il m'est apparu que nous devions avoir les sphincters les plus développés de tout le règne animal.

2006/04/05

Voilà, c'est officiel, on m'a accepté à la maîtrise.

2006/04/04

L'étonnant Huissier à la verge noire

Aujourd'hui s'ouvre la session parlementaire à la Chambre des communes. Trois coups sont frappés, et un huissier d'armes ouvre la porte au gentilhomme huissier de la Verge noire, émissaire personnel du gouverneur général. Il est magnifique dans son costume noir que complète un bâton d'ébène et un bicorne qu'il porte replié sous le bras gauche. Héritier de la pompe médiévale britannique, le gentilhomme huissier de la Verge noire accomplit plusieurs saluts et prononce plusieurs phrases rituelles, puis, d'un pas majestueux, il se rend jusqu'au Sénat, suivi des députés qui se réunissent pour entendre le gouverneur général lire le discours du trône.
- Site du musée canadien des civilisations

2006/03/26

Hier soir, m'en revenant de souper avec la Catalogne, l'idée me prit de conjuguer à voix haute le verbe exiger à l'imparfait du subjonctif. Drôle d'idée:

que j'exigeasse
que tu exigeasses
qu'il exigeât
que nous exigeassions
que vous exigeassiez
qu'ils exigeassent

Signe que le printemps arrive:
sortir avec ses souliers plutôt que ses bottes... et les garder dans ses pieds quand on revient de dehors.

2006/03/17

Il paraît que ce sur site, on entend parfois siffler une marmotte: Marmottes Fantaisies. Pour ceux qui fantasment sur les siffleux.

2006/03/16

Citation du jour

Selon l'administration américaine, sur le site de Radio-Canada:

Quand les conséquences d'une attaque avec des armes de destruction massive sont potentiellement dévastatrices, on ne peut pas se permettre de rester passif alors que les dangers se matérialisent.
Je crois que je vais donc développer des armes de destruction massives qui ne peuvent faire aucun dégât. Ainsi, on me laissera tranquille. Mieux: on négociera peut-être avec moi.

Kim Jong-Il
Cet homme montre fièrement son passe-port,
mais il n'a toujours montré ses bombes atomiques.

Brigitte Boisselier
Cette femme prétend avoir des clônes dans sa sacoche. Et elle court toujours.

2006/03/13

Le Journal de Québec

J'ai eu la chance de feuilleter le Journal de Québec à temps perdu en fin de semaine. J'ai ainsi pu constater que l'article intitulé "Pourquoi Fido mange-t-il ses crottes?" était beaucoup, beaucoup plus long que celui annonçant la mort de Milosevic.

Portneuf

Quelques photos de mon escapade à la Réserve faunique de Portneuf en fin de semaine, sur Flickr.
Pour les retrouver plus facilement, faire une recherche avec le mot-clé "portneuf".

2006/03/08

Le carré d'Anne

La mort de cette reine a pris d'étranges proportions:

Anne died of suppressed gout, ending in erysipelas, which produced an abscess and fever, at approximately 7 o'clock on 1 August 1714. Her body was so swollen that it had to be buried in Westminster Abbey in a vast almost-square coffin.
-Wikipedia

2006/03/06

En plus d'être douloureuses, les ponctions lombaires ont le désavantage de ne pouvoir confirmer à 100 % le diagnostic. On doit en effet attendre que le patient soit mort et qu'une biopsie de son cerveau soit pratiquée.
- Radio-Canada

2006/03/05

Virginie powered by Mac

Avis aux intéressés: Fabienne Larouche travaille sur un Mac.

2006/02/28

Valentinien I

Empereur romain à partir de 364 jusqu'à sa mort en 375, Valentinien I a connu une fin digne de mention :

During an audience to an embassy from the Quadi at Brigetio on the Danube (near Komárom, Hungary), Valentinian suffered a burst blood vessel in the skull while angrily yelling at the people gathered. This injury resulted in his death on November 17, 375.
- Wikipedia

2006/02/27

Le diable

Cet homme, mon ami, c'est le Diable. Tu peux t'y frotter un peu, mais souviens-toi qu'il pique.

Il pique toujours deux fois: d'abord le coeur, puis ailleurs, plus tard. Et c'est quand on commence à se gratter qu'on entend son rire sardonique. Mais à ce moment-là, sa tête blonde est déjà loin, quelque part entre les jambes d'un autre homme, ou à l'affût du prochain.

Oui, ce diablotin est toujours entre deux hommes, à califourchon ou droit comme une barre.

2006/02/23

Passaggio di Drake

Oh! La version italienne se donne la peine d'affirmer que le Passage de Drake, en espagnol, s'appelle Pasaje de Drake :

Passaggio di Drake o più spesso in passato Stretto di Drake (in spagnolo: Pasaje de Drake o Paso Drake) è il nome dato al tratto di mare che separa il Sudamerica (Capo Horn) e l'Antartide e che congiunge l'Oceano Atlantico con l'Oceano Pacifico.
- Wikipedia

Ça commence à sentir le complot international.

Le Passage de Drake

Wikipedia a ceci d'intéressant qu'elle permet de comparer la perception qu'ont différentes cultures de certaines choses. Par exemple, le Passage de Drake, qui sépare la Terre de feu à l'Antarctique.

Les versions anglaises et françaises sont assez semblables. Je reprends ici la version française:

[Le passage de Drake] doit son nom à l'explorateur britannique du XVIe siècle Sir Francis Drake. Le premier bâteau, dont la traversée du Passage de Drake est mentionnée est l'Eendracht du capitaine Willem Schouten en 1616.
- Wikipedia


Quand on regarde la version espagnole, le monde bascule. L'endroit ne s'appelle plus Passage de Drake, mais Mar de Hoces et n'a plus été découvert par Francis Drake, mais par un espagnol, Francisco de Hoces en 1525. L'explorateur anglais, quant à lui, n'est plus qu'un pirate:
Posteriormente, a raíz del viaje del pirata inglés Sir Francis Drake, los cronistas anglosajones impusieron mayoritariamente el nombre de Pasaje de Drake al Mar de Hoces.
- Wikipedia

Lequel des deux Francis est pirate et lequel est explorateur? L'Anglais ? L'Espagnol ? Les paris sont ouverts.

2006/02/17

Intempéries

Le trottoir était glissant sur le viaduc des Jockeys et j'avançais avec beaucoup de peine. Pire encore, les rafales étaient si puissantes qu'à un certain moment mes pas ne servaient plus à rien. J'avais beau mettre un pied devant l'autre, le vent annulait tous mes efforts. Je pédalais dans le vide. Comme un pauvre idiot.
J'ai dû m'aider de la rampe pour continuer. Comme un vieillard.

2006/02/11

La nuit des temps

La tête appuyée sur les côtes de la Catalogne, j'avais rêvé d'une guerre féroce où je devais fuir les champignons nucléaires qui ravageaient l'horizon. C'était l'Apocalypse, à n'en point douter. Ma seule issue étaient cette jeune femme qui devait me conduire à un abri. Nous courions à en perdre haleine, le souffle rouges des bombes atomiques nous talonnant.

À mon réveil, la tête encore embrouillée par le sommeil, je n'ai pas manqué de faire le récit de ce rêve à mon cher Catalan. Peut-être par pudeur, sûrement par fatigue et paresse, je ne lui ai pas dit que ce rêve s'inspirait d'un livre que j'avais lu quelques temps avant, La nuit des temps, de René Barjavel. Inutile de le cacher plus longtemps: ce roman, manifestement, a marqué mon imaginaire, mon rêve reprenant à bien des égards l'idée que je m'étais faite de la longue fuite d'Elea et de Païkan sous les bombes.

La nuit des temps, c'est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d'amour passionné. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d'Elea et de Païkan les emmène vers le grand mythe des amants légendaires.
- La nuit des temps, 4e de couverture.
La tragédie de La nuit des temps, c'est l'histoire d'un amour absolu qui ne trouve aucun refuge devant la guerre. Cette guerre, totale, universelle, intemporelle, puise sa source dans ce que les peuples, de tout temps, n'ont jamais su s'entendre et ne s'entendront jamais. Chaque personnage est d'une nationalité différence. Si Barjavel a la discrétion de bien équilibrer leurs défauts et leurs qualité, il n'en demeure pas moins qu'on referme le bouquin avec la désagréable impression que le problème dans le monde, selon l'auteur, c'est les peuples, voire les races.

2006/02/10

Ce qui distingue les salopes des amoureux du sexe: les premières le font par calcul, les seconds, par passion.

2006/02/09

Il y a quelques années de cela, dans une exposition à New York, une oeuvre a suscité beaucoup d'émoi.
Il s'agissait d'un crucifix immergé dans de l'urine.
- Pierre Lanthier, "Lettres: Liberté de parole et sentiment identitaire", Le Devoir

2006/02/07

À l'hôpital Sainte-Justine, on constate une recrudescence d'accidents graves, parfois mortels, causés par des téléviseurs et des meubles mal fixés, qui basculent et écrasent de tout leur poids de jeunes enfants.
[...]
Les spécialistes de la traumatologie déclenchent donc la sonnette d'alarme et mettent en garde les parents contre ce danger méconnu, qui pourrait s'accentuer avec la popularité croissante des téléviseurs de très grande taille.
- Isabelle Paré, Le Devoir

2006/02/06

Pierre dans le métro

Croisé ce matin au métro d'Iberville l'ancien ministre du Commerce international. Le pauvre a perdu son honorable chauffeur.

2006/01/25

Dans le bon vieux temps ça se passait de même

À en croire Wikipedia, Claudius était un empereur romain assez amusant. Il y est décrit comme un bègue aux genoux mous et à la tête branlante. Il bavait beaucoup et "son nez morvait quand il était excité". Enfant, sa mère le traitait de monstre. Il était, selon elle, un exemple de stupidité.

Cela n'empêcha pas Claudius de gagner la faveur populaire et d'être nommé empereur après la mort de Caligula. Durant son règne, il émit plusieurs édits dont mes préférés sont ceux disant que le jus d'if est efficace contre les morsures de serpent et que les flatulences en public sont bonnes pour la santé.

J'imagine d'ici la nouvelle mode lancée par l'empereur cette semaine-là. Le Tout-Rome s'amusant à péter dans les lieux publics, au Colisée, dans les Thermes, etc. Et tout le monde de rigoler dans leurs toges. Les ventes de choux ont dû atteindre des sommets.

Par ailleurs, l'oncle de Claudius, Drusus, avait un goût très particulier pour le brocoli, dont il se gorgeait à bouche que veux-tu. Voici ce qu'il a fait un jour:

On one occasion, he indulged in his beloved vegetable for an entire month, to the exclusion of other food, until his urine had turned bright green
-Wikipedia

Voilà ce qu'on faisait dans ces temps-là.

2006/01/20

En attendant de payer, m'abrutir

Dans les épiceries, l'attente pour passer à la caisse est toujours enjolivée par la présence d'un présentoire à revues, lesquelles revues sont, sans exception, légères et insignifiantes. Le littéraire que je suis en profite toujours faire le plein de potins et de sensationnalisme. Il me suffit de parcourir du regard la couverture de ces magazines pour être tout à fait informé des derniers scandales artistiques ou des plus récentes "tendances". Je peux alors épater la gallerie, lors de mes sorties mondaines, en disant: "Savez-vous que X est enceinte ?" ou simplement acquiescer, tel un fin connaisseur, lorsqu'on me demande: "Savais-tu que Y sort avec Z ?" Oui, je le savais. Nul besoin de lire les articles, nul besoin de se salir les mains. L'essentiel du contenu est sur la couverture.

Branchite anguë ? Les lecteurs seraient-ils des poissons ? Cette semaine, c'est le Reader's Digest qui a attiré mon attention. Regardez bien la couverture. Non, je ne m'interroge pas sur le mystérieux "CIA, poison et vodka", mais bien sur cette déclaration: "La branchite aiguë, ça se soigne!" Bon sang, en première page! Une branchite ! Une infection des branchies !

Le Reader's Digest prend-il ses lecteurs pour des poissons ? Un seul remède : ne pas toucher, poursuivre sa route et payer son épicerie.

2006/01/19

À noter: mon retour dans la Tour de l'effroi.

2006/01/18

Le chat

Si d'aventure un chat se glissait dans mon lit, j'en mourrais sûrement. Je suffoquerais d'asthme. On me retrouverait au matin, gisant sous les draps, les lèvres bleues et les membres raidis.

Et le chat trônerait sur ma tête en ronronnant.

2006/01/12

Histoire de dep

Pb dit:

J'ai toujours aimé nos dépanneurs et je suis toujours confondu en visitant des pays qui ne sont pas aussi avancés que nous dans le commerce au détail.

Au Pérou, il a avait deux types de dépanneurs: le dépanneur fixe et le dépanneur mobile.

Le dépanneur fixe consistait en un local exigu où le client n'avait accès qu'à un comptoir et un employé. Tous les produits étaient à l'abri des vols, derrière le comptoir. Pour acheter quelque chose, le client devait demander le produit, lequel était récupéré par le préposé qui le déposait ensuite sur le comptoir.

Dans les plus gros dépanneurs, l'employé devait parfois se lever pour aller chercher le produit mais souvent, le commerce est si étroit qu'il ne pouvait même pas se lever. Tout était à porter de bras pour lui.

Dans ces dépanneurs fixes, je me suis acheté une brosse à dents de très mauvaise qualité qui montra de sérieux signes d'usure après trois semaines seulement. La brosse a finalement rendu l'âme lorsque, de retour au Canada, je décidai qu'elle serait très utile pour nettoyer le calorifère hydraulique de la salle de bains.

Quant aux dépanneurs mobiles, ils consistaient en des kiosques portatifs sur roulettes dans lesquels se glissait une femme la plupart du temps, mais aussi parfois un homme ou un adolescent. Ces dépanneurs étaient surchargés de bonbons et de cigarettes, mais on pouvait aussi y acheter de l'eau et du papier de toilette.

Ces dépanneurs mobiles avaient l'avantage de n'être jamais bien loin du touriste assoiffé ou malade. Les groupes de touristes se déplaçaient-ils un peu que les femmes les suivaient en emportant leur fardeau, dans l'espoir de vendre un sac de chips.

Elles pouvaient parfois être plusieurs, une à côté de l'autre, lorsque les touristes étaient nombreux. Ainsi, le client avait tout le loisir de négocier. Il pouvait exiger de payer moins cher une bouteille d'eau dont on avait, de toute façon, gonfler le prix spécialement pour lui. Si la dame refusait, il n'avait qu'à aller voir la voisine qui, ayant tout entendu, se faisait un plaisir d'accéder à la demande du client. Évidemment, la cheap qui se faisait planter là ne manquait pas de se défendre en sortant la tête de son dépanneur mobile : "Ouais mais son eau à elle n'est plus bonne!"

Voilà pour les dépanneurs péruviens.

2006/01/11

Répète

Le forum mentionné au billet précédent fait fureur. Un extrait trouvé par Perséphone:

Si tu veux rester discrète "sonorement parlant" il faudrait que tu te décrontractes au niveau de l'anus vu que tu es assez fine (52 kg pour 1.71m) tu as l'anus particulièrement petit donc quand les gaz passent il se met à chanter tel un petit rossignol d'où, j'imagines, la Méga Honte.
pour celà tu peux essayer de le dilater.
Celà va te sembler un peux trivial ce que je vais te dire mais essaye de te faire sodomiser une fois et tu verras que tu sera discrete comme James Bond

Pète et Répète s'en vont en bateau...

J'ai trouvé cet hilarant forum intitulé je ne fais que péter.
Voici quelques extraits:

Je ne peut plus vivre avec ca, jen ai parlé a ma maman g essayé certains médicamments (Siligaz etc....) mais rien n'y a fait, aidez moi svp merci juste une chose je veut éviter les pruneaux qui sont censés déboucher le trou du cul mais que je déteste

moi j'ai résolu le pb en prenant systématiqmt double dose de "siligaz" ou autre "carbocylane", et depuis je suis plutôt tranquille

Je pète à mort aussi (environ 200 fois par jour) et depuis plus de 20 ans.
Je m'y suis fait et ça fait même tellement de bien que je force mon rectum à expulser de l'air pour le bonheur que ça procure.

2006/01/06

Agar le gâteux regarde, hagard, Agathe se gâter de gâteaux.

Guy dit:

Agar gâte Agathe, qui elle se contente de lui rendre des faveurs sexuelles en échange. Hier, il lui achetait un collier d'agathes. Elle lui a lancé un regard.

2006/01/05

La nuit des larves

À lire pour ses images.

Petits dessins au stylo et exceptionnellement au crayon dans des cahiers d'écolier et plus rarement sur des feuilles volantes.

La mutation dans tous ses états, expériences génétiques, êtres déformées, plantes carnivores et animales voire humaines, animaux hargneux, mises en scènes au goût douteux, mélanges, métissages, mules, mulet et mulots ; larves, chrysalides et spermaphores, plantes médicinales, êtres décharnés, sortilèges, outils mystérieux, invocations d'outre tombe, pieuvres, mutants expériences : Frankenstein, à coté, c'est du pipi de chaton !
- La nuit des larves

2006/01/04

Laver son linge sale

En réponse à un billet dans le blogue d'Émilie:

Je me souviens des heures passées dans une buanderie verdunoise. C'était un autre monde, une autre époque.

Il y avait la pas fine qui lisait le tv hebdo à haute voix. Elle devait avoir l'esprit trop ouverte pour lire dans sa tête. Ça rentrait par les yeux et sortait par la bouche.

Quand j'avais besoin de change, je devais aller voir au comptoir. Le comptoir, c'était une porte, au fond du commerce, qui s'ouvrait à mi-hauteur, le genre de porte qu'on voit souvent dans les arénas, quand on éguise ses patins, et là derrière il y avait une cuisine avec deux femmes qui fumaient. Ces femmes fumaient depuis tant d'années que leur voix semblaient sortir tout droit d'un vieil accordéon désaccordé.

Heureusement, ces femmes étaient sympathiques. Elles me donnaient des trente sous en souriant, ce qui n'était pas le cas de leur jeune frère, ce vieux garçon pourri, gras, mou, aigri par son impuissance patente. Je détestais ses cheveux sales et son air blême.

Un jour, la fichue laveuse avait tâché mes vêtements. On aurait dit qu'ils avaient roulé dans le camboui. Je suis allé voir ce salaud, chemise en main, exigeant qu'on me rembourse, puisque je devais laver mon linge pour la seconde fois. Il a refusé en me disant que je n'étais pas obligé de me servir de ses laveuses. Je lui ai répondu que je n'étais pas obligé de revenir non plus.

J'ai ensuite passé une semaine d'angoisse, car j'avais menti: cette buanderie étant la seule du coin, j'étais obligé d'y retourner.

Heureusement, un concurrent a ouvert ses portes peu de temps après, avec de belles machines Maytag toutes neuves et silencieuses. Je n'ai plus jamais remis les pieds dans l'autre buanderie.

Le jour où j'ai passé à Infoman

M'avez-vous reconnu dans la revue de l'année à Infoman? Le gars avec la cagoule rose, c'est moi!

2005/12/21

Le site web de Radio-Canada a parfois de drôles de phrases:

Cependant, la plupart des démocrates et des républicains modérés ont estimé qu'il était plus important de préserver la faune variée vivant dans cette réserve, où s'ébattent notamment des ours polaires et des faucons pèlerins.

Qui est top? L'ours ou le faucon pèlerin?

2005/12/16

Ce blogue a un an. Certains le croient mort, mais détrompez-vous. Cette fin de bac prend tous mes temps libres. Du nouveau à partir de mardi prochain.

2005/11/30

Pour ceux qui ne connaissent pas ce site: urbanphoto.net.

2005/11/22

Je suis flatté. Un homme a cru bon d'afficher une de mes photos sur son blogue.
Pour m'y trouver plus facilement, si ça vous tente de m'y trouver, faites une recherche sur mon nick.

Des photos de l'Île Verte disponibles sur Flickr.

2005/11/21

Trouvé ceci sur le site de Radio-Canada:
"S'il est acquis que le gouvernement va perdre le vote de ce soir sur la résolution néo-démocrate, laquelle prévoit un scrutin le 13 février, par contre il est certain aussi que le résultat n'aura aucune conséquence politique directe. "

2005/11/18

Le stylo Bic

Je viens de découvrir quelque chose.

Ce n'est un secret pour personne que les stylos bic ont un petit trou au bout.J'ai toujours trouvé que ce trou était stupide, parce que je croyais que le capuchon ne servait qu'à éviter que l'encre ne sèche. Mais en vérité, le capuchon n'est pas là pour éviter l'assèchement du stylo, non, il est là pour empêcher que le stylo ne laisse des traces un peu partout quand on le trimballe.

Mais même dans ce cas, le mystère reste entier: pourquoi laisser un petit trou au bout? Je viens de trouver la réponse.

Quand j'étais en cinquième année, le rebelle Dominic s'était soudain levé de sa chaise pour se diriger vers la porte de la classe. La prof, qui écrivait au tableau, a suspendu son geste. L'élève commettait un sacrilège en se levant ainsi, mais il s'est arrêté juste devant la porte, portant la main à son cou. Il a dit: "l'bouchon est pris" Et nous tous avions en tête, horrifiés, l'image si coutumière de ce Dominic grignotant sans relâche un capuchon de stylo.

La prof lui a fait la prise qu'il faut quand les gens s'étouffent, mais aujourd'hui je sais que, si Dominic pouvait parler, c'est qu'il n'étouffait pas. Sans le trou, cet enfant serait peut-être mort.

Aujourd'hui, j'ai réalisé que ce trou existait peut-être précisément pour ce genre de choses.

2005/11/17

Nous avons reçu un très séduisant conférencier hier dans notre cours de Nouvelles expériences de la textualité. Sur son t-shirt: "Not gay as happy, but queer as fuck you." Je l'adore.

2005/11/08

Celle qui bousillait ses enfants

Je suis arrivé avec une heure d'avance à la station centrale d'autobud pour l'achat des billets. Comme il n'y avait pas vraiment de file, j'avais une heure d'errance à tuer et j'ai décidé d'explorer le petit restaurant de la station, puisque je n'y étais jamais allé. J'y ai pris un café et me suis assis dans ces tables avec des banquettes. Autour de moi une jeune fille étudiait, deux autres parlaient en langage des signes. Un gros monsieur mangeait en rotant.

Soudain, une famille est venue s'asseoir à la table en face de moi. C'était une famille pauvre, visiblement défavorisée par tout ce que la vie n'avait pu lui offrir. La mère était jeune, grosse, et n'inspirait aucune sympathie. Le père non plus, mais celui-là avait l'air d'une misérable racaille sans échine. Le seul espoir qui leur restait était ces enfants, tout jeunes. Ils avaient encore l'innocence de leur côté. Mais la mère semblait à tout pris leur refuser cette innocence. Elle les culpabilisait et les punissait de tout et de rien.

Ils avait deux et quatre ans. La mère tenait fermement le plus jeune par le bras, le forçait, par de brusques mouvements, à aller aussi vite qu'elle, même s'il allait déjà aussi vite qu'elle. Elle l'a poussé sur la banquette, lui ordonnant de s'asseoir. Le pauvre s'est retrouvé cul par-dessus tête et pendant qu'il se redressait pour s'asseoir, la mère a lancé son sac à dos au bout du siège, accrochant sa tête au passage. Elle s'est assise à côté de lui, agacée qu'il ne soit pas déjà installé, et l'a redressi assez raide. J'étais stupéfié par cette scène qui ne faisait que commencer.

Elle et son fils me tournait le dos, tandis que le père et l'aîné s'assoyaient en face d'eux, et de moi-même par le fait même. Le père et la mère discutaient dans un charabia mou et désorganisé. Je reconnaissais parfois des mots anglais, parfois des mots français. Mais en général, c'était incompréhensible. La mère commençait toutes ses phrases par "je". J'ai compris qu'elle se plaignait.

À côté d'eux, les enfants ne disaient pas un mot. J'étais à me dire que peut-être les enfants avaient été turbulents, même si ça n'excusait rien, quand la mère a donné une taloche sur le bras du plus jeune en lui disant de se tenir tranquille. Quelques instants après, le père a fait la même chose avec l'aîné. J'étais scandalisé. Je ne savais trop que faire, je voulais intervenir, mais j'avais peur de faire une scène. J'avais peur que toute la violence n'éclate soudain. Et personne autour ne semblait remarquer ce qui se passait.

Le père n'a retouché personne, mais la mère, tout en se plaignant, donnait par moments des claques à son enfant. L'enfant ne faisait rien. On aurait dit qu'elle se défoulait sur lui des troubles dont elle se plaignait.

Soudain la mère a donné un coup de coude au petit. Le coup a atteint son oreille. Là, j'avais de la rage au coeur. Ça n'avait aucun sens. L'enfant s'est mis à pleurer.
Sa mère s'est approché à un pouce de son visage et lui a dit, en le menaçant du doigt, de se tenir tranquille. Or, parce qu'elle s'était ainsi penché, je faisais face au père et j'ai voulu me cacher en buvant mon café. J'ai soulevé ma tasse, mais je tremblais tellement que je ne pouvais rien faire. J'ai dû reposer ma tasse sur la table. Je tremblais tant.

Le père a dit à sa femme qu'elle ambitionnait. À moins qu'il ne l'ait dit à l'enfant. Je ne sais pas. Il a dit: "Là tu ambitionnes."

Elle n'a plus retouché à cet enfant par la suite, mais l'autre a dû l'accrocher avec son pied sous la table car je l'ai entendue dire: "J'vas t'en donner des coups de pied, moi itou." Et j'ai entendu des bang! bang! Elle essayait de lui remettre son coup.

Puis elle a dit à son mari d'aller acheter du jus, pous le plus jeune. Et elle a dit au plus vieux qu'il n'en aurait pas. Elle a mouché le plus jeune, qui morvait à cause de pleurs et lui a donné le jus. L'autre le regardait. On voyait bien qu'il en voulait. Sa mère a fini par lui tendre la bouteille. Lui n'y croyait pas. Il était incrédule. Il a pris la bouteille et a bu, méfiant, en ne quittant pas sa mère des yeux, qui elle-même ne lâchait pas de le dévisager. Il buvait comme un chien battu, voilà.

La crise était passée. Mon café était fini et je n'en pouvais plus. Je suis reparti, rongé par les scrupules.

Que tous les coeurs sensibles se réjouissent, je suis rentré bredouille de la chasse. Quelques images disponibles sur Flickr.

2005/11/03

Pour un Québec solidaire. À lire, bon sang, à lire!

2005/11/01

Pour voir Michaëlle Jean faire une vraie folle d'elle: son discours.

2005/10/31

Paysage du belvédère

Pb et moi, assis au bout du bar, à croquer des Skittles en buvant bière par-dessus bière. Dans notre champ de vision, les deux barmen s'activent pour servir les clients. Le premier est affublé d'une perruque de femme, l'autre est déguisée en séduisant cowboy au visage ensanglanté. En arrière-plan, à l'autre bout du bar, un réduit fait office de loge pour les artistes. Pb et moi, en croquant nos Skittles, avons tout le loisir d'y voir les travestis enfiler leurs plus beaux atours.

Des photos de mon passage à Ottawa peuvent être visionnées sur Flickr.

Le garçon qui mangeait des oiseaux

Nous savions peu de choses sur ce jeune homme. Il était assis devant nous, dans ce restaurant de la rue Elgin, sirotant son thé matinal pendant que nous prenions notre café. Nous attendions les déjeuners.

Ses lèvres paraissaient rugueuses, sèches. À droite, sur la lèvre d'en bas, un petit trou trahissait le passage d'un piercing. Il était joli, mais il ne s'intéressait qu'à lui-même. Il n'avait parlé que de sa personne jusqu'à présent: comment il occupait un poste puissant dans un hôpital, comment il contrôlait la morgue, comment ses études le propulseraient en haut de l'échelle sociale, comment il faisait plus d'argent que nécessaire, bla bla bla. Il nous avait aussi avoué qu'il aimait fumer des joints le matin en se levant, mais que son travail rendait cette activité difficile. En gros, résumait-il, sa vie alternait entre le travail et les bars. Et maintenant, il ne parlait plus.

Il ne s'intéressait pas à nous. Il nous fallait s'intéresser à lui, l'interroger. Il collectionnait les insectes. Comment faisait-il? Il les achetait parfois, il les capturait aussi lui-même. Il nous a expliqué comment il les tuait et les épinglait. Il n'épinglait que les plus beaux spécimens et gardait les autres ailleurs. "J'en ai capturé beaucoup, beaucoup", a-t-il ajouté avant de passer à sa collection de minéraux.

Je ne sais plus trop comment la discussion en est arrivé à la chasse, mais toujours est-il que cet homme chassait par choix. Moi, je chasse par perversion. Il s'est alors mis à parler de calibre. Il voulait savoir avec quoi je tirais. Je n'en savais rien, je m'en fichais tellement. Je m'intéressais surtout au gibier et à l'entendre, il avait tué un peu de tout. Même des oiseaux: "Je tue des oiseaux et je les mange", a-t-il dit avant de se demander, à voix haute, avec quel calibre il tuerait le prochain.

Partir sur un nowhere

"PB, on dirait que plus on avance, plus on s'approche de rien."
- Myriosis, sur la route

2005/10/26

2005/10/25

La reine Émilie

Parce qu'Émilie a enfin décidé d'alimenter son blogue.

2005/10/20

Ma photo qui fait fureur

VOIR publie une de mes photos pour la seconde fois. Voici l'original en guise de preuve:
pantheres roses

Et je vous invite à regarder mes autres oeuvres, par le fait même, sur le site de Flickr.

2005/10/13

Des nouvelles d'Anne-Marie

"Pour le moment je subviens à mes modestes besoins grâce à un petit commerce de cartouches de cigarettes trouvées dans un sac abandonné à l’auberge de jeunesse, et contenant essentiellement des fruits pourris, des chandelles parfumées et d’innombrables bouteilles de médicaments avec étiquettes en russe – j’ai également songé à assurer le trafic de ces derniers, mais ne me suis pas sentie les ambitions criminelles nécessaires. De toute façon je suis dans une phase de paresse et d’inertie, et j’apprécie les plaisirs simples de l’aménagement intérieur. Faire le ménage, assembler mon lit en pièces détachées, le changer de place et remplir ma chambre d’objets trouvés dans le jardin occupe la majeure partie de mon temps."
- Anne-Marie, depuis sa commune de Londres

2005/10/12

Coup d'oeil sur mon travail avec le Classificateur

On me demande de choisir parmi les items suivants:

  • catgut

  • human hair

  • silk-worm gut

  • textile material


  • Si je choisis les vicères de chat, je devrai spécifier si elles serviront dans un contexte chirurgical ou si j'en ferai une corde pour un instrument de musique. Si je choisis la corde, je tombe dans une boucle infinie. C'est le noeud coulissant de ma pendaison. Si je choisis la chirurgie, ce sera encore une fois une boucle infinie, la boucle de mon point de suture.

    Si je choisis les cheveux humains, je devrai avouer qu'ils sont raidis, réduis, ou bleachés. Dans un cas comme dans l'autre, le CLASSIFICATEUR me dira: 670300

    Si je prends les tripes de ver à soie, je devrai dire si elles serviront pour une chirurgie, comme fil à pêche ou pour autre chose. J'éviterai la boucle infinie si je choisis: "autre chose". Le fil à pêche, c'est celui avec lequel je m'ouvre les poignets. Quand je choisis "autre chose", le CLASSIFICATEUR me crache: 500600

    2005/10/05

    Guy dit:

    Que fait cette pilule? Elle te rend joyeux? Je veux la pilule du bonheur. Certains croient que la pilule du viagra est la pilule du bonheur. Voilà pourquoi la compagnie Pfizer fait tant de profits.

    Et les gens fourrent, des heures durant. Ils fourrent les cons, les anus, ils s'en fouttent. Ils n'ont même plus à être excités par ce qu'ils fourrent. Ils n'ont, au fond, qu'à fourrer jusqu'à l'épuisement. Les composés chimiques s'occupent du reste.

    2005/09/28

    L'élégant jeune homme

    Il faut savoir qu'où je travaille les lieux sont trop petits pour avoir une salle de réunion, mais que le hall d'entrée est assez grand pour être à la fois un hall et un endroit propice aux réunions. D'où je suis assis, je peux aisément voir ce qui s'y passe et avoir une idée de ce qui s'y dit.

    Le jeune homme élégantAlors donc une réunion a cours. Les collègues échangent des idées performantes, cherchent des solutions novatrices pour notre compagnie proactive et chef de file, quand soudain un élégant jeune homme entre sans frapper, interrompt la réunion et s'informe dans l'accent de Paris si tout le monde est présent. Cet homme, visiblement, est prêt. Il va faire un exposé. Mais personne ne le connait. Personne ne sait ce qu'il fait là. Et devant les regards hagards il remet en question la pertinence de sa présence. Il explique alors qu'il est ici pour une démonstration de produits de beauté. On lui explique qu'il est dans une compagnie de recherche et développement en informatique. Il rougit de honte et puis s'enfuit.

    2005/09/23

    Photorama

    Je vous invite à regarder mes oeuvres sur Flickr.

    Arrêter les ouragans

    Bon sang, il y a bel et bien eu des recherches pour contrôler les ouragans! Les méthodes peuvent se résument en deux approches: l'approche chaude et l'approche froide.

    Evidemment, ici, on s'intéresse au froid. L'article de CNN mentionne deux méthodes froides pour contrôler les cyclones:

    1. Researchers dropped silver iodide, a substance that serves as an effective ice nuclei, into clouds just outside of the hurricane's eyewall. The idea was that a new ring of clouds would form around the artificial ice nuclei. The new clouds were supposed to change rain patterns and form a new eyewall that would collapse the old one. The reformed hurricane would spin more slowly and be less dangerous.


    La deuxième est vraiment ma préférée:
    2. Other storm modification methods that have been suggested include cooling the tropical ocean with icebergs.


    Quant à la méthode chaude, elle parle d'elle-même:
    Occasionally, somebody suggests detonating a nuclear weapon to shatter a storm.

    2005/09/21

    Hier soir mon coloc a tué le plus gros cloporte qu'il ait jamais vu. Il l'avait trouvé dans sa chambre et l'avait tué avec un kleenex. Il reste maintenant en paix dans la poubelle de la cuisine, enveloppé dans son liceul, jusqu'à la prochaine collecte des ordures, c'est-à-dire demain.

    2005/09/13

    Bibittes d'humidité

    Le cloporte est un crustacé. On en trouve chez les gens, dans les maisons, quand il fait humide. On le tue avec un kleenex ou une semelle. Ou les deux.

    2005/09/08

    Promenade sous la pluie

    En sortant du métro je n'avais pas de parapluie. Il pleuvait et j'ai dû affronter l'intempérie au nom du devoir m'appelait, traverser Décarie comme on traverse une rivière, malgré toute l'eau qui tombe du ciel. Mais au lieu d'ajouter à mon trouble cette douche me secouait la torpeur. Elle me lavait de quelque chose. Et je souriais d'attendre le feu vert sur le viaduc. Je ralentissais le pas. J'étais fait en chocolat.

    Puis un peu plus loin, je me suis à courir, à sauter par-dessus les obstacles, j'ai couru à m'arracher l'air des poumons et à mes brasser les sangs qui stagnent. Là encore, j'avais l'impression de me débarrasser de quelque chose, je me secouais la torpeur. Je me la serais arrachée du corps si je l'avais pu. Voilà. Sous la pluie, je me débattais.

    2005/09/06

    Histoire d'une pendaison

    C'était écrit dans le ciel que la Mort serait de cette pendaison. Elle vint et dans son cortège l'accompagnaient l'éternelle Perséphone et un certain Gabriel qui, nul doute, était l'archange des Saintes Écritures. Celui-ci distribuait aux convives les restes d'une liqueur à l'anis, saveur que je déteste par-dessus tout. Et pourtant l'ange insistait, transformant en lait, à l'aide d'un peu d'eau, cette liqueur, sans toutefois en altérer l'horrible goût. Il en vantait l'allure, suggérant que, dans ma condition, je ne pouvais qu'apprécier ce caractère laiteux. Je lui répondis que pour quelqu'un qui n'était pas dans ma condition, il l'appréciait déjà pas mal, ce laiteux-là. Il ne put qu'être d'accord. Ça ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd. Il était d'accord là-dessus aussi.

    Mais déjà les rumeurs couraient, tels les chevaux de l'Apocalypse, selon quoi le funeste cortège se touchait tellement sur le divan que ça ne pouvait que mal finir. Puis tout a fini. Tout le monde est rentré chez lui. La pendaison était terminée. Et il ne s'est rien passé.

    2005/08/28

    "Les derniers restes de l'hiver, des sortes d'os sales, achevaient de fondre sur le béton du trottoir, cette sorte de mur horizontal."
    - Réjean Ducharme, L'hiver de force

    2005/08/21

    De mon été, à la manière de Céline

    La belle saison a commencé pour moi avec les cours de chinois. On y apprenait à dire des phrases idiotes d'une manière incompréhensible. J'ai excellé. Mais pendant ce temps, on se souvient que j'ai dû me faire arracher des dents. J'ai plus souffert de l'opération que du mal qui l'avait suscitée. C'est à ce moment-là qu'il s'est mis à faire chaud, très chaud. On n'en finissait plus de suer et de ne plus dormir. Il avançait l'été et on s'épuisait de plus en plus.

    Malgré cela il fallait trimer dur, parce qu'on avait décidé de déménager et qu'il fallait tant laver et peinturer. On peinturait dans ces grandes chaleurs qui font tant parler les femmes enceintes et moi, par pudeur, je n'osais pas enlever mon chandail. J'ai sué au point que mes glandes n'en pouvaient plus. Ce soir-là, au moment de la douche, j'avais le corps picoté de rouge. On eut dit une truite mouchetée. Oui, voilà ce que j'étais quand l'eau tombait sur moi. Le lendemain j'ai bien pris soin de me déshabiller pour peinturer. Beaucoup m'ont suivi dans cette démarche. On aurait pu croire à un bordel.

    Une fois le déménagement complété, mais vraiment complété, un mois plus tard, je me suis reposé. On m'avait trouvé un chalet quelque part dans les Laurentides et là je me baignais beaucoup, parce que l'eau était bonne et qu'il faisait toujours chaud. Par chance il y avait un enfant là-bas. Je l'accompagnais dans ses chasses aux grenouilles. Il me montrait des carcasses de tortues et d'écrevisses. Je ne faisais plus mon âge.

    Puis il y a eu les championnats du monde. C'était dans les environs de mon anniversaire. On a regardé des hommes se bousculer dans l'eau et d'autres plonger du haut d'une tour. C'était impressionnant de les voir se jeter dans le vide les plongeurs. Tellement qu'à la fin ils ont reçu des médailles. Nous, pour célébrer ma vie qui vieillissait, on est passé par le karaoké. On chantait des vieilles chansons d'hommes qui avait déjà été jeunes, il y a longtemps. On se prenait sans vergogne pour ces jeunesses dépassées en massacrant leur chanson encore un peu. Ode à la honte. On ne pouvait pas mieux fêter.

    Enfin les vacances sont arrivées. Les vraies. J'ai commencé par aller à Sudbury. Là-bas, ils nous criaient Mary Poppins les ivrognes au volant dans la nuit. Ils s'enfuyaient dans leurs voitures et les taxis n'arrêtaient pas. On passait les journées à la plage et les soirs dans les bars. C'est là qu'en tant que touristes, nous nous laissions prendre en photo par un jeune éphèbe.

    Ce jeune-là, plus tard dans la soirée, on le retrouvait sans chandail. Il s'appliquait à descendre son pantalon à la limite de l'acceptable et du physiquement possible. À tout instant le vêtement menaçait de ne plus tenir et de tomber par terre. Nous lui regardions le pubis et on pouvait deviner son âge: barely legal, qu'ils disent dans cette province.

    Quand il nous a vu, lui, il a quitté ses amis pour venir danser avec nous. En s'en foutait nous. Ou plutôt on se moquait bien de lui. Mais il nous tenait par les fesses et ne les abandonnait qu'un instant, pour faire une pirouette. Son torse suait encore plus que moi durant la peinture. Il était poisseux. À un moment donné, il s'est arrêté pour reprendre un peu son souffle. Il ne bougeait plus. Il n'osait pas nous regarder dans les yeux. Il attendait. Il s'offrait. Comme une vierge dans les tribus. Nous on en voulait pas de sa virginité ni même de sa saloperie si s'en était une. Comme on ne bougeait pas, il s'est remis à faire des pirouettes et à se trémousser. Il était prisonnier de son offrande. Par orgueil il n'irait jamais retrouver ses amis bredouille. Heureusement pour lui une amie s'est approchée. Il s'est jetée sur elle.

    On l'a revu à la fin, à cette heure si jeune où les bars ferment en Ontario. Le rythme des chansons avait beaucoup baissé. Des couples s'enlaçaient. C'était le moment de partir et nous on partait. Le jeune homme dansait avec un autre monsieur torse nu lui aussi. Ça devait poisser ferme entre ces deux-là. Et ils s'embrassaient pour échanger encore plus de liquide. On savait que dans peu de temps ils auraient fini de tout échanger quelque part chez lui ou chez l'autre ou ailleurs dans une ruelle peut-être. Toujours en embrassant, il nous a aperçu qui partions le jeune. Et comme on passait tout près, il a pris la fesse de mon ami et son autre main est aller saisir tout ce que j'avais de bijoux de famille et de verge d'or. Moi je n'en revenait comment qu'il faisait flèches de tout bois pour s'occuper tant d'hommes à la fois. On ne se trompe pas si on dit qu'il était volage.

    Les vacances continuaient et cette fois c'était dans le bas du Saint-Laurent, sur l'Île Verte. On y faisait du vélo en regardant la mer. Mais on ne pouvait rien faire d'autre que prendre des photos et tourner en rond avec le vélo. Si bien que je suis reparti de là pas tellement mécontent de dire au revoir. Puis on a traversé le fleuve jusqu'à Tadoussac et là c'était tellement plein de gens qu'il fallait absolument prendre l'auberge de jeunesse même si on en avait peur nous de tous ces ados en mal d'identité.

    Mais c'était quand même un bel endroit, cette auberge. On eut dit une utopie. Les gens entraient là et demandaient la clé. On leur répondait qu'il n'y avait pas de clés dans ces lieux. Puis on ajoutait, par-dessus l'étonnement général, qu'il n'y avait pas de vols non plus. Et des garçons grattaient des guitares, d'autres jonglaient. Il y avait pour tous les goûts tous les âges tous les sexes. Une belle ambiance. Nous on souriait tout le temps en buvant notre vin.

    Puis je suis allé dans mon pays natal. Et là-bas, j'étais stupéfait de constater à quel point Maniwaki produit de beaux hommes. Je me souviens d'un urbain qui y en était revenu un jour d'un voyage d'affaire tout à fait excité d'avoir vu tant de beauté. Je ne sais pas par quel prodige il y en a tant. Mais c'est partout la même beauté, toujours le même air la même allure sauvage et virile. Je m'en suis rendu compte en revenant à Montréal. Le métro était rempli de gens si différents que ça m'a fait sourire. J'ai souri tout le long du trajet.

    Demain le travail reprend.

    Les arpents de neige

    On m'excusera d'avoir été en vacances et d'avoir négligé cet endroit. Pour récupérer un peu de ce qui s'est perdu en ce temps-là, j'annonce avoir lu Candide, dont il était abondamment fait mention dans La nuit des princes charmants.

    Très peu de froid dans cette histoire et pour ainsi dire aucune honte. On devait ne pas encore avoir inventé la fierté, à cette époque. Et pour tout froid, il n'y avait que les fameux arpents de neige: "Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu'elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut." - Voltaire, Candide

    Enfin, les habitués de ce blogue ne sont pas sans savoir que je m'amuse ces temps-ci à choisir ma prochaine lecture en fonction de la précédente. Hélas Candide ne m'a rien inspiré de mieux de Voyage au bout de la nuit. Je n'irai quand même pas le relire.

    J'ai donc décidé de repartir sur de nouvelles bases: L'hiver de force, de Réjean Ducharme. Déjà le titre promet beaucoup.

    2005/08/01

    L'absence de honte

    C'était une petite promenade dans un sentier battu de la forêt laurentienne, à flanc de collines et de montagnes, que nous empruntions, Pb et moi, pour faire un pique-nique sur les rives d'un torrent où tremper nos mollets frileux. Çà et là des falaises escarpées cédaient le terrain à des cerisiers sauvages aux branches desquels pendaient de lourdes grappes à peine mûres. J'y mordais non sans grimace et plaisir.

    Nous marchions en scrutant le ciel, nous amusant à imaginer que de l'eau allait bientôt en tomber. Nous riions de nous voir trempés et transis sous les épinettes et les pins blancs alors que nous étions venus précisément pour nous baigner.

    C'était un sentier battu, je l'ai déjà dit. Et nous le partagions avec d'autres plaisanciers, certains à vélo, d'autres à voile et à vapeur. Vraiment, on croisait de tout dans cet endroit, jusqu'à deux jeunes hommes sur leurs deux roues, filant à vive allure vers le bas de la colline. Au passage, voilà, la parole est tombée: "Moi les tapettes, j'veux ben, mais..." C'était le second qui, suivant le premier à quelques mètres à peine, prenait haut et fort position, le temps d'une minuscule seconde, le temps qu'ils passent et que, déjà trop loin, nous ne soyons plus qu'un vain souvenir oublié.

    Il m'a été étrange de penser que le message, bien plus qu'au compagnon de vélo, s'adressait spécifiquement et directement à nous. C'était pourtant bien le cas. Nous étions ces tapettes que ce jeune homme voulait ben, mais...

    Pendant ce temps, au centre-ville, on achevait de célébrer à grands cris de fierté la marche inéluctable de la libération de l'homo, alimentée par des années de mépris et d'oppression, ce mépris que je devais comprendre précisément dans cette petite remarque, cette petite pointe lâchement lancée par un idiot à vélo.

    Il était déjà loin, l'idiot. Son vélo lui avait donné des ailes, l'avait rendu si brave. C'était le vélo de la bravoure qu'il avait enfourché pour faire flèche de tout bois avec ses bravades puériles.

    Je devais m'indigner. Un carnaval tout entier m'exortait depuis une semaine à m'indigner, des groupes, des lobbys, des livres épais comme ça, des articles, des journaux, un courant, une mode, l'air du temps au grand complet me poussait vers l'indignation. Et pourtant, je n'avais pour m'indigner que mon manque d'indignation, l'absence totale de sentiment d'injustice.

    J'avais beau m'y appliquer, je n'arrivais tout simplement pas à sentir l'insulte. Toute ma vie j'ai entendu des gens se traiter entre eux de tapettes, à la blague. Je me souviens même d'une époque où, enfants, nous lancions ce mot sans en connaître encore le sens. Étrangement, j'ai toujours échappé à ces tirs, jusqu'à hier, ce garçon à vélo.

    Au fond, c'est peut-être ça. À force d'entendre ce mot-là s'appliquer à d'autres et à n'importe quelle sauce, il a fini par vouloir tout dire sauf ce pourquoi on l'utilise. Et quand enfin on me le lance, ce mot dénaturé me passe au travers du corps comme s'il s'adressait à un autre que je ne suis pas.

    2005/07/31

    Une définition de la honte

    "La honte n'est pas un sentiment qu'on ressent uniquement dans les grandes humiliations de la vie; elle surgit souvent, cuisante, oppressante, dans des moments plutôt sans conséquence, imprévus, alors que votre vulnérabilité, désarmée, est la plus sensible et votre combativité à son point zéro. Elle vous paralyse alors, vous laisse sans voix, sans pensée, vide et malheureux."
    -Michel Tremblay, La nuit des princes charmants

    Le froid et l'hiver

    "De plus, nous étions en hiver, période plutôt creuse pour les amateurs de célébrations bucoliques à la belle étoile et j'étais en manque. La neige, jamais ramassée, s'accumulait jusqu'à six ou huit pieds dans le parc Lafontaine, les chemins pour piétons étaient souvent impraticables, les nuits trop froides et les vêtements matelassés peu commodes au dézippage rapide. De toute façon, l'amour dans les congères n'a jamais été mon genre."
    - Michel Tremblay, La nuit des princes charmants

    La nuit des princes charmants

    Je prends un malin plaisir depuis quelques temps à choisir ma prochaine lecture en fonction de la précédente. Ainsi les Aurores montréales de Monique Proulx ont été suivies de The apprenticeship of Duddy Kravitz de Mordecai Richler, histoire de voir Montréal à travers les deux solitudes. Pour faire suite à Richler, j'ai trouvé qu'il serait intéressant de lire un livre écrit par un antisémite. Ainsi suis-je tombé sur Céline et son Voyage au bout de la nuit, que j'ai décidé de faire suivre par La nuit des princes charmants, de Michel Tremblay. Comme quoi nos nuits ne sont pas peuplées que de cauchemars.

    2005/07/26

    Pour en finir avec le bout de la nuit

    Voyage au bout de la nuit avait tant de passages qui aurait mérité d'être cités dans ce blogue que je n'en finissais plus de plier le coin des pages pour ne pas les perdre. Mais le roman était si passionnant qu'entre venir le citer ici et poursuivre ma lecture, j'ai préféré encore la seconde option.

    Je ne récrirai pas ici tout le roman. Plutôt, je vais faire un lien entre ce dernier et un passage des Cahiers de Malte Laurids Brigge tant ils se répondent bien.

    La mort du chambellan Christoph Detlev Brigge à Ulsgaard. Car il était étendu, débordant largement de son uniforme bleu foncé, sur le plancher, au milieu de la chambre, et ne bougeait plus. Dans son grand visage étranger que personne ne reconnaissait, les yeux s'étaient fermés; il ne voyait plus ce qui arrivait. On avait d'abord essayé de l'étendre sur le lit, mais il s'en était défendu, car il détestait les lits depuis ces premières nuits où son mal avait grandi. Le lit d'ailleurs s'était montré trop court, et il n'était resté d'autre ressource que de le coucher ainsi sur le tapis; car il n'avait plus voulu redescendre.
    Et voici qu'il était étendu, et qu'on pouvait croire qu'il était mort. Comme il commençait à faire nuit, les chiens s'étaient, l'un après l'autre, retirés par la porte entrebâillée; seul le rubican à la tête maussade était assis auprès de son maître, et l'une de ses larges pattes de devant, au poil touffu, était posée sur la grande main grise de Christoph Detlev.
    [...]
    La mort de Christoph Detlev vivait à présent à Ulsgaard, depuis déjà de longs, de très longs jours, et parlait à tous, et demandait. Demandait à être portée, demandait la chambre bleue, demandait le petit salon, demandait la grande salle. Demandait les chiens, demandait qu'on rît, qu'on parlât, qu'on jouât, qu'on se tût, et tout à la fois. Demandait à voir des amis, des femmes et des morts, et demandait à mourir elle-même: demandait. Demandait et criait.
    [...]
    Ce n'était pas la mort du premier hydropique venu, c'était une mort terrible et impériale, que le chambellan avait portée en lui, et nourrie de lui, toute sa vie durant. Tout l'excès de superbe, de volonté et d'autorité que, même pendant ses jours les plus calmes, il n'avait pas pu user, était passé dans sa mort, dans cette mort qui à présent s'était logée à Ulsgaard et galvaudait.
    Comment le chambellan Brigge eût-il regardé quiconque lui eût demandé de mourir d'une mort autre que celle-là? Il mourut de sa dure mort.
    - Rainer Maria Rilke, Les cahiers de Malte Laurids Brigge

    Maintenant que l'autre cancéreux est mort en bas, son public d'agonie furtivement remonte par ici. Tant qu'on est en train de passer la nuit blanche, qu'on en a fait le sacrifice, faut prendre tout ce qu'il y a à regarder en distractions dans les environs. La famille d'en bas vint voir si par ici ça allait se terminer aussi mal que chez eux. Deux morts dans la même nuit, [...] ça serait une émotion pour la vie! Tout simplement! Les chiens de tout le monde on les entend par coups de grelots qui sautent et cabriolent à travers les marches. Ils montent aussi eux. Des gens venus de loin entrent en surnombre encore, en chuchotant.
    [...]
    Fallait le trouver le mari pour pouvoir diriger sa femme sur l'hôpital. Une parente me l'avait proposé de l'envoyer à l'hôpital. Une mère de famille qui voulait tout de même aller coucher ses enfants. Mais quand on a eu parlé d'hôpital, personne alors ne fut plus d'accord. Les uns en voulait de l'hôpital, les autres s'y montraient absolument hostiles à cause des convenances. Ils voulaient même pas qu'on en parle. [...] La sage-femme méprisait tout le monde. Mais c'est le mari, moi, pour ma part, que je désirais qu'on retrouve pour pouvoir le consulter, pour qu'on se décide enfin dans un sens ou dans l'autre. Le voilà qui se met à surgir d'un groupe, plus indécis encore que tous les autres le mari. C'était pourtant bien à lui de décider. L'hôpital? Pas l'hôpital? Que veut-il? Il ne sait pas. Il veut regarder. Alors il regarde. Je lui découvre le trou de sa femme d'où suintent des caillots et puis des glou-glous et puis tout sa femme entièrement, qu'il regarde. Elle qui gémit comme un gros chien qu'aurait passé sous une auto. Il ne sait pas en somme ce qu'il veut. On lui passe un verre de vin blanc pour le soutenir. Il s'assoit.
    [...]
    "Pense donc un peu, Pierre!" que tout le monde l'adjure. Il essaye bien, mais il fait signe que ça ne vient pas. Il se lève et va vaciller vers la cuisine en emportant son verre. Pourquoi l'attendre encore? Ça aurait pu durer le reste de la nuit son hésitation de mari, on s'en rendait bien compte tout autour. Autant s'en aller ailleurs.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/07/24

    Rien à voir avec la honte et le froid, mais tout à voir avec les délires suréalistes de Madame B ce weekend dans Le Devoir:
    "Au milieu d'une rivière accessible uniquement par portage, au pied d'un pont métallique de 50 mètres et dans les remous de chutes spectaculaires, Claire et Pierre, un couple de vrai monde, de bon monde, d'honnêtes gens, intelligents et généreux, ont voulu parler de la piètre qualité de la langue parlée. Entre deux dorés, pêchés à la traîne, la discussion devient rapidement fondamentale. Pourquoi semblons-nous rejeter ce qui est beau et bien?"

    2005/07/23

    Le froid des nuits

    "Je cherchais quand même si j'y étais pour rien dans tout ça. C'était froid et silencieux chez moi. Comme une petite nuit dans un coin de la grande, exprès pour moi tout seul."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Le froid des sciences

    "Le véritable savant met vingt bonnes années en moyenne à effectuer la grande découverte, celle qui consiste à se convaincre que le délire des uns ne fait pas du tout le bonheur des autres et que chacun ici-bas se trouve indisposé par la marotte du voisin.
    Le délire scientifique plus raisonné et plus froid que les autres est en même temps le moins tolérable d'entre tous."
    Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    La honte des grossesses

    "Je voulus l'examiner, mais elle perdait tellement de sang, c'était une telle bouillie qu'on ne pouvait rien voir de son vagin. Des caillots. Ça faisait "glouglou" entre ses jambes comme dans le cou coupé du colonel à la guerre. Je remis le gros coton et remontai sa couverture simplement.
    La mère ne regardait rien, n'entendait qu'elle-même. "J'en mourrai, Docteur! qu'elle clamait. J'en mourrai de honte!""
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Il fait froid dehors

    "Elle était gaie la vieille Henrouille, mécontente, crasseuse, mais gaie. Ce dénuement où elle séjournait depuis plus de vingt ans n'avait point marqué son âme. C'est contre le dehors au contraire qu'elle était contractée, comme si le froid, tout l'horrible et la mort ne devaient lui venir que de là, pas du dedans.

    [...] Allez-vous-en de chez moi!... À me tracasser vous êtes plus méchants que l'hiver de six mois!"

    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/07/13

    Je fais le père, je fais la mère, comment veux-tu que je ne maigrisse pas: A+

    2005/07/12

    Patience Pb, il ne reste que 200 pages avant le bout de la nuit.

    2005/07/09

    Superbe description:

    Pour voir le soleil, faut monter au moins jusqu'au Sacré-Coeur, à cause des fumées.
    De là alors, c'est un beau point de vue; on se rend bien compte que dans le fond de la plaine, c'était nous, et les maisons où on demeurait. Mais quand on les cherche en détail, on les retrouve pas, même la sienne, tellement que c'est laid et pareillement laid tout ce qu'on voit.
    Plus au fond encore, c'est toujours la Seine à circuler comme un grand glaire en zigzag d'un pont à l'autre.
    Quand on habite Rancy, on se rend même plus compte qu'on est devenu triste.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    "Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. Tout de même, j'ai défendu mon âme jusqu'à présent et si la mort, demain, venait me prendre, je ne serais, j'en suis certain, jamais tout à fait aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m'a fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d'Amérique." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Sur le bilan d'une vie, comparez:
    "Et si je meurs demain, c'est que tel était mon destin." - Brigitte Bardot chantant Harley Davidson

    Amusant contraste. Cette chanson fait d'une moto le but de la vie, alors que le roman fait du contact avec les autres la principale, sinon la seule richesse de la vie.

    "Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson."

    Bardamu observe une Américaine pleurer:

    C'est un peu humiliant, mais tout de même, c'est bien du chagrin, c'est pas de l'orgueil, c'est pas de la jalousie non plus, ni des scènes, c'est rien que de la vraie peine du coeur et qu'il faut bien se dire que tout ça nous manque en dedans et que pour le plaisir d'avoir du chagrin on est sec. On a honte de ne pas être riche en coeur et en tout et aussi d'avoir jugé quand même l'humanité plus basse qu'elle n'est vraiment au fond.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit


    Peut-être la première lueur positive dans ce roman, et encore, elle est dans le chagrin.

    ""On placera nos économies... on s'achètera une maison de commerce... On sera comme tout le monde..." Elle disait cela pour calmer mes scrupules. Des projets. Je lui donnais raison. J'avais même honte de tant de mal qu'elle se donnait pour me conserver."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    "Après c'était tout à fait froid entre nous deux dans son auto. Les rues que nous franchissions nous menaçaient comme de tout leur silence armé jusqu'en haut de pierre à l'infini, d'une sorte de déluge en suspens. Une ville aux aguets, monstre à surprises, visqueux de bitumes et de pluies. Enfin, nous ralentîmes. Lola me précéda vers sa porte.
    "Montez, m'invita-t-elle, suivez-moi!""
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    2005/07/05

    "Précairement vêtu je me hâtai, transi, vers la fente la plus sombre qu'on puisse repérer dans cette façade géante, espérant que les passants ne me verraient qu'à peine au milieu d'eux. Honte superflue. Je n'avais rien à craindre. Dans la rue que j'avais choisie, vraiment la plus mince de toutes, pas plus épaisse qu'un gros ruisseau de chez nous, et bien crasseuse au fond, bien humide, remplie de ténèbres, il en cheminait déjà tellement d'autres de gens, des petits et des gros, qu'ils m'emmenèrent avec eux comme une ombre. Ils remontaient comme moi dans la ville, au boulot sans doute, le nez en bas. C'était les pauvres de partout."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    La découverte de l'Amérique

    Après avoir traversé l'Atlantique en ramant dans une gallère, Bardamu arrive à New York.

    Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait [...]

    Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.

    On en a donc rigolé commes des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n'en pouvait rigoler nous, du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose, et rapide et piquante à l'assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la villes, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent.
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Nunavut, Empire du Froid

    Ici un lien vers le blogue d'un ami qui partira jeudi pour le Pôle Nord.

    2005/07/04

    Honte latine

    Ce Mateo écrit trop bien. Cette fois, il parle de honte et mérite sa place ici:

    Yo una vez conté un chiste mientras Natasha y ernesto tomaban y les salió la Fanta ® por la nariz. Juraron venganza. Ayer, mientras me bañaba, ernesto y Natasha tiraron una radio prendida adentro de la bañadera. Cuando, en el hospital, los acusé de intento de homicidio, ellos sacaron a colación el incidente de la Fanta y yo callé avergonzado.
    - Mateo, Se exactamente lo que hago

    2005/07/03

    "Les indigènes eux, ne fonctionnent guère en somme qu'à coups de trique, ils gardent cette dignité, tandis que les Blancs, perfectionnés par l'instruction publique, ils marchent tout seuls.
    La trique finit par fatiguer celui qui la manie, tandis que l'espoir de devenir puissants et riches dont les Blancs sont gavés, ça ne coûte rien, absolument rien." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    À Guy

    "Mille diligents moustiques prirent sans délai possession de mes cuisses et je n'osais plus cependant remettre un pied sur le sol à cause des scorpions, et des serpents venimeux dont je supposais l'abominable chasse commencée. Ils avaient le choix les serpents en fait de rats, je les entendais grignoter les rats, tout ce qui peut l'être, je les entendais au mur, sur le plancher, tremblants, au plafond."
    - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

    Le froid qui émascule

    "À entendre certains habitués, notre colonisation devenait de plus en plus pénible à cause de la glace. L'introduction de la glace aux colonies, c'est un fait, avait été le signal de la dévirilisation du colonisateur." - Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit