2009/03/19

François Parenteau, au sujet de la bataille sur la bataille des plaines d'Abraham : La bataille pour rien.

2009/03/17

Entendu à l'Université de Montréal

Un étudiant étranger à un autre : "Au Canada, tout est possible!"

2009/03/09

Les guns à Ti-Gus

Dans mon village natal, tous connaissent ce gros bêta qui ne sort jamais sans ses fusils. Quand la cloche de l'église sonne midi ou au douzième coup de minuit, les jours de fête, personne ne s'inquiète d'entendre des coups de feu, car tous savent qu'il s'agit de Gus tirant en l'air pour marquer le passage du temps. Le pauvre se prend peut-être pour une cloche, mais lorsqu'il sort prendre l'air et que, arpentant les vieux trottoirs rongés par l'hiver et l'humilité financière du conseil municipal, il arbore fièrement ses canons rutilants sous le soleil, il médite sûrement sur l'absence de shérif et s'enorgueillit alors de nous rendre service en intimidant par ses fusils les vauriens qui voudraient commettre des crimes, violer nos femmes et corrompre nos enfants. Il ignore que si le village n'a pas de shérif, ce n'est pas faute de protection policière mais parce que les shérifs sont aux États-Unis et que notre chef de police, lui, est à son poste, entre le bureau du chômage et le salon de quilles. Sans doute est-ce là le point le plus comique de la parade de notre cloche armée : lorsque, en méditant là-dessus, elle passe devant le poste sans remarquer le chef qui écarte les persiennes pour l'observer, puis envoie l'auto-patrouille l'intercepter au bout de la rue, à l'entrée du cimetière.

Cette obsession pour l'arme à feu prend des proportions démesurées les jours plus gris, lorsque notre homme, inquiet de voir ses armes atteintes par quelques gouttes de pluie, décide de faire sa promenade en voiture. Dans ces cas-là, il remplit son coffre arrière, la banquette et le siège du passager d'armes et de munitions. À la taverne, les plus cyniques parient que s'il avait une remorque, notre obsédé la remplirait elle aussi de carabines et de fusils.

Le voici donc qui prend, par un jour de pluie verglaçante, la route vers Ottawa, au sud, avec son arsenal en guise de passagers et de bagages. Mais rendu à l'entrée de Kazabazua, là où la 301 rejoint la 105, l'irruption soudaine d'un camion au milieu de l'intersection force notre Ti-Gus à freiner pour éviter la collision. Or, derrière lui, un chauffeur n'ayant pas la même maîtrise que lui de son véhicule, en freinant, dérape, fait un tête à queue, heurte par derrière le coffre de la voiture de Gus avant de s'arrêter violemment dans le fossé, où la force de l'impact a pour effet d'ouvrir le coffre. Gus sort paniqué de sa voiture, ouvre son coffre pour constater les dommages. Les armes semblent intactes, mais seul un examen approfondi des mires, au retour à la maison, saura révéler l'ampleur du drame. Heureusement, aucune balle n'a éclaté. Puis, levant la tête, Gus aperçoit l'autre chauffeur qui sort de sa voiture en titubant et inspecte lui aussi, en jurant en anglais, son coffre rempli de carabines et d'arbalètes. Les deux hommes, constatant alors leur obsession commune et les risques qu'elle entraîne, se promettent, en échangeant leurs coordonnées, de toujours se prévenir mutuellement de leurs déplacements. Puis le chauffeur du camion, ayant tout aperçu, sort les rejoindre pour rire avec eux : "Et c'est même pas la saison de la chasse! Ah! Ah! Ah!"

-- À lire aussi --
Collision entre sous-marins nucléaires français et britannique

Se faire de la mauvaise bile

Comme dans : "Je ne voudrais pas que tu te fasses de mauvaise bile."


N'essayez pas à la maison.

2009/03/07

Debout pour pisser

Je suis triste de voir autant d’hommes dans le trou noir. Je respecte les hommes, j’ai besoin des hommes et j’aime les hommes. Dans notre maison mon mari et mon beau fils ont toujour uriné DEBOUT, moi et ma belle-fille assisent. Hommes du québec debouts car il y a des femmes jeunes et moins jeunes qui vous espère. (Commentaire de delbast laissé sur le blogue de Patrick Lagacé)

2009/03/05

Ils sont morts parce qu'ils étaient soldats. C'est un risque du métier de soldat. Au Canada on est soldat par choix. Ceux qui meurent pour rien à la guerre, ce sont les conscrits, les civils dans leur maison bombardée par erreur, les enfants qui trouvent les mines qu'ont posées les soldats. (Pierre Foglia, "Une guerre comme ça", La Presse)

2009/03/04

Folie

Il me semblait qu'elle m'eût considéré comme un fou; je cessais de croire partagés par d'autres êtres, de croire vrais en dehors de moi les désirs que je formais pendant ces promenades et qui ne se réalisaient pas. Ils ne m'apparaissaient plus que comme les créations purement subjectives, impuissantes, illusoires, de mon tempérament. Ils n'avaient plus de lien avec la nature, avec la réalité qui dès lors perdait tout charme et toute signification et n'était plus à ma vie qu'un cadre conventionnel comme l'est à la fiction d'un roman le wagon sur la banquette duquel le voyageur le lit pour tuer le temps. (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 202)

2009/02/26

Simon et moi, sur le café et le riz

Gousse dit :
J'ai cassé mon bodom.

simon dit :
Ce n'est pas grave, tu ne bois plus de café, Gousse.

Gousse dit :
Je bois du café, Simon, j'en ai même bu un avec toi dimanche. 

simon dit :
Du DÉCA. C'est pas du vrai  

Gousse dit :
N'importe quoi. Comme si du riz blanc n'était pas du riz. 

2009/02/24

Entendu sur la ligne bleue

Deux adolescentes lisent ensemble la page du journal Métro réservée aux nouvelles de la STM : 
"Moi, je prendrais cet argent-là pour étendre le métro. On est en pleine crise économique, c'est pas le temps de mettre plus d'autobus!"

2009/02/21

Dans les journaux

Deux chroniques délicieuses ce week-end :
Pierre Foglia, Le pervers
Gil Courtemanche, Une leçon de démocratie

2009/02/18

Un asticot mal placé

J'étais récemment assis à la table d'un café branché avec un ami que je n'avais pas revu depuis son long périple dans de lointaines contrées. Son récit était si passionnant que j'en oubliais les doux et jolis serveurs qui allaient et venaient dans tous les sens. Soudain mon ami s'inséra un doigt dans l'oreille, qu'il se mit à agiter avec vigueur, comme s'il tentait d'y déloger quelque chose, tout en continuant de me parler, comme si de rien n'était, mais après un moment, n'ayant toujours pas réussi à venir à bout de sa démangeaison, s'excusa du temps qu'il prenait à faire un geste si peu élégant. Compréhensif de nature, et si accommodant, je lui dis de prendre tout le temps qu'il jugerait nécessaire. 

Ce petit jeu dura un moment, jusqu'à ce que, enfin, mon ami sorte triomphalement le doigt de son conduit auditif et qu'à ce geste, un petit résidu blanc, projeté violemment hors de sa tanière, atterrisse sur la table. En y regardant de plus près, je reconnus un asticot qui se tortillait. Mon ami prit alors une serviette de papier pour écraser la petite créature et, devant mon soupir de soulagement, se confondit en excuse. Il m'expliqua que cela lui arrivait un ou deux fois par semaine depuis le Brésil. Et moi de balayer cette explication d'un geste de la main : "Je pensais que tu allais le mettre dans ta soupe!"

2009/02/16

Ce qu'exige l'amour

Que nous croyions qu'un être participe à une vie inconnue où son amour nous ferait pénétrer, c'est, de tout ce qu'exige l'amour pour naître, ce à quoi il tient le plus, et qui lui fait faire bon marché du reste. Même les femmes qui prétendent ne juger un homme que sur son physique, voient en ce physique l'émanation d'une vie spéciale. C'est pourquoi elles aiment les militaires, les pompiers; l'uniforme les rend moins difficiles pour le visage; elles croient baiser sous la cuirasse un cœur différent, aventureux et doux; (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 142)

2009/02/15

La fille du jardinier

Quelquefois j'étais tiré de ma lecture, dès le milieu de l'après-midi, par la fille du jardinier, qui courait comme une folle, renversant sur son passage un oranger, se coupant un doigt, se cassant une dent et criant : "Les voilà, les voilà!" (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 129)

2009/02/13

Montréal et Barcelone, capitales du night life.

Du plaisir de lire

Enfin en continuant à suivre du dedans au dehors les états simultanément juxtaposés dans ma conscience, et avant d'arriver jusqu'à l'horizon réel qui les enveloppait, je trouve des plaisirs d'un autre genre, celui d'être bien assis, de sentir la bonne odeur de l'air, de ne pas être dérangé par une visite; et, quand une heure sonnait au clocher de Saint-Hilaire, de voir tomber morceau par morceau ce qui de l'après-midi était déjà consommé, jusqu'à ce que j'entendisse le dernier coup qui me permettait de faire le total et après lequel le long silence qui le suivait semblait faire commencer dans le ciel bleu toute la partie qui m'était encore concédée pour lire jusqu'au bon dîner qu'apprêtait Françoise et qui me réconforterait des fatigues prises, pendant la lecture du livre, à la suite de son héros. Et à chaque heure il me semblait que c'était quelques instants seulement auparavant que la précédente avait sonné ; la plus récente venait s'inscrire tout près de l'autre dans le ciel et je ne pouvais croire que soixante minutes eussent tenu dans ce petit arc bleu qui était compris entre leurs deux marques d'or. (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 128)

2009/02/12

Si mes parents m'avaient permis, quand je lisais un livre, d'aller visiter la région qu'il décrivait, j'aurais cru faire un pas inestimable dans la conquête de la vérité. Car si on a la sensation d'être toujours entouré de son âme, ce n'est pas comme d'une prison immobile; plutôt on est comme emporté avec elle dans un perpétuel élan pour la dépasser, pour atteindre à l'extérieur, avec une sorte de découragement, entendant toujours autour de soi cette sonorité identique qui n'est pas écho du dehors mais retentissement d'une vibration interne. On cherche à retrouver dans les choses, devenues par là précieuses, le reflet que notre âme a projeté sur elles, on est déçu en constatant qu'elles semblent dépourvues dans la nature, du charmes qu'elles devaient, dans notre pensée, au voisinage de certaines idées [...] (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 127)

2009/02/11

Tous les sentiments que nous font éprouver la joie ou l'infortune d'un personnage réel ne se produisent en nous que par l'intermédiaire d'une image de cette joie ou de cette infortune; l'ingéniosité du premier romancier consista à comprendre que dans l'appareil de nos émotions, l'image étant le seul élément essentiel, la simplification qui consisterait à supprimer purement et simplement les personnages réels serait un perfectionnement décisif. (Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 125)

2009/02/09

Méchant bonbon

J'ai un collègue chinois qui m'a donné un bonbon de son pays. Je ne comprends rien de l'étiquette, mais on me jure qu'il n'y a ni noix, ni amandes, que du café.   Le bonbon est d'un brun très foncé, il est dur et luisant, et dégage une forte odeur de café brûlé. Quand je le mets dans ma bouche, j'ai l'impression de passer ma langue sur le fond d'une cafetière où le café, sans cesse réchauffé, se serait évaporé, puis calciné jusqu'à former une croûte. Heureusement, un  léger goût de sucre rend ce premier contact agréable. Mais on se lasse bien vite et le goût de vieux café brûlé prend toute la place. Et on s'inquiète de penser que le bonbon, si dur, prendra beaucoup de temps à fondre. 

Alors qu'elle a étudié différentes villes qui ont une histoire coloniale et linguistique semblable à celle de Montréal, dont Calcutta en Inde, Barcelone en Espagne, Prague en République tchèque, ou Trieste en Italie, elle dit n'avoir trouvé aucun exemple comparable à Montréal en matière de particularités linguistiques. [...] En fait, c'est à Barcelone, où se côtoient le catalan et l'espagnol, et où l'on trouve une sorte de catalan métissé d'espagnol, que Sherry Simon trouve les similarités les plus vives avec la réalité linguistique de Montréal, marquée par la forte présence de deux langues parlées internationalement. (Le Devoir, 7 février 2009)

2009/02/08

Elles arrivent en robe légère, fardées et coiffées, baisent en entrant la main des maîtres de maison. Mais le fard est moins pour donner l'illusion d'être belles que les apparences de la santé. Sous le rouge et la poudre, elles ont dissimulé leur vérole, leur phtisie et le paludisme.
- Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 444

2009/02/07

La margarine

Par un beau matin ensoleillé, lors de mon premier voyage en Catalogne, ma belle-mère a mis un pot de margarine sur la table. Je me suis tout de suite arrêté de manger pour regarder, un peu ébahis, la couleur du condiment. J'ai ensuite expliqué à toute la famille que, une loi empêchant, au Québec, la margarine d'être jaune, j'avais grandi dans un monde où elle était blanche.

À moins d'être en visite, je ne mange pas de margarine. Mais mon Catalan, lui, "en beurre ben épais", comme on dit. Cette semaine, comme bien souvent, il avait laissé le pot de margarine ouvert sur la table. Cette fois, elle était jaune. Je me suis retenu de la prendre en photo. La loi est tombée. La fin d'une époque.

2009/02/04

Ma première loge

La Catalogne et moi sommes entrés dans la loge de la star après que celle-ci s'en soit allée rejoindre ses fans, qui l'attendaient. L'endroit était vaste, très éclairé, et rempli de miroirs. Les robes de l'actrice étaient suspendues mollement près d'un mur, lasses sans doute de jouer chaque soir depuis des semaines. "Paix! Paix!", avons-nous crié, en cherchant dans tous les recoins possibles et imaginables. Soudain le mime est apparu. "Viens-tu souper avec nous?", lui avons-nous demandé. Il a hoché de la tête en souriant et nous sommes sortis tous les trois, sans dire un mot, par une porte dérobée.

2009/01/30

2009/01/27

Bye Barcelone, allo Rio

Si les données voyagent en quelques millisecondes, il demeure impossible d'abolir les fuseaux horaires, et donc que des spectateurs de Montréal et de Barcelone soient dans les mêmes dispositions d'esprit. C'est pourquoi René Barsalo entrevoit une accélération des partenariats nord-sud. « Avec Rio, nous n'avons qu'une heure de décalage, plus ou moins », illustre-t-il. (Radio-Canada.ca)

Entendu chez le boulanger

Une cliente : Pardon, est-ce que vous avez des toilettes ?
Le boulanger : Oui, vas-y entre les deux frigidaires.

2009/01/25

Un beau titre idoine sorti tout droit de la crypte radio-canadienne :

Trouble affectif saisonnier
Ce mal que répand la froideur

2009/01/24

La parabole du klaxon et du criard

Deux amis vont en chercher un troisième en auto. Le conducteur s'arrête devant la tour à logement de l'ami et klaxonne longuement pour l'avertir de son arrivée. Au bout d'un moment, l'ami passager sort du véhicule. L'ami conducteur, pensant que son camarade monte chercher le retardataire, arrête alors de klaxonner. Or l'autre, plutôt que de monter, se met à hurler : "He! Ho! Jérôme! He! HE! ON EST LÀ! HE! HO! JÉRÔME!" Furieux de honte, le conducteur sort à son tour de l'auto et apostrophe le criard : "Qu'est-ce qui te prend ? T'es fou ou quoi ? Crier comme ça sur le trottoir !
- Pas plus que le gros con qui klaxonnait il y a un instant", répond l'autre avant de retourner s'asseoir.

Rouler des yeux sur les Ramblas

Michèle Ouimet, qui revient de Barcelone, compare la ville à Montréal. La comparaison est émotive, exagérée, et parfois mensongère :
La ville est belle, disais-je. De grandes artères la traversent, dont La Rambla qui part du centre-ville et finit sur une plage de sable qui donne sur la mer Méditerranée.
Or, les Ramblas débouchent sur le Port Vell (le Vieux port). Les plages sont plus au nord. Pour faire un rapprochement, on pourrait penser à la place Jacques Cartier. Du coup, la suite de la critique ne tient plus, car la Place a à peu près, mais à plus petite échelle, les mêmes attributs que les Ramblas :
Au centre de La Rambla, un immense trottoir où les gens déambulent tranquillement. Les autos circulent de chaque côté de cette esplanade. Elles ont moins de place que les piétons.


Une grosse part de la critique de Ouimet sur Montréal porte sur le froid. Elle reproche à Montréal son climat, alors qu'il fait si doux à Barcelone :
À mon retour dans la vallée glacée du Saint-Laurent, mon corps n'a pas supporté le choc thermique. Je suis passée de +12 degrés à -20 et quelque. J'ai attrapé un rhume, avec, en prime, un mal de gorge qui a aiguisé ma mauvaise humeur et mon regard noir sur Montréal.
C'est complètement déloyal. Le rhume a probablement été contracté dans l'avion, ou même directement à Barcelone. Si elle était resté chez elle, elle serait peut-être en meilleure forme.

Elle termine sur ces mots :
Barcelone est beaucoup plus âgée que Montréal. Pourtant, c'est Montréal qui a l'air d'un petit vieux irascible. Pas Barcelone qui, elle, a les allures d'une jeune femme même si elle a plusieurs siècles dans le corps.
Et moi je connais une vieille femme aigrie, mais je ne vous dirai pas qui c'est.

2009/01/23

Alain Hochereau, dans Voir, interviewe la rédactrice en chef de Créativité Montréal, Sylvie Berkowicz, au sujet d'une série télé sur la créativité culinaire :
Y aura-t-il une suite aux 13 émissions actuelles?

"Oui. Je travaille déjà sur la prochaine série. Après New York, Paris, Barcelone, Montréal et Toronto, j'ai l'intention d'explorer d'autres villes comme Londres, Copenhague ou Vancouver." ("De la créativité dans l'assiette", Voir.ca)

2009/01/21

La petite Agnès

C'était hier la fête de Sainte Agnès de Rome, morte à 13 ans d'un coup de couteau dans la gorge, après plusieurs tentatives infructueuses de la violer et de la brûler vive.

Nous sommes à Rome en l'an 303. La petite Agnès refuse de marier le fils d'un puissant sous prétexte qu'elle est chrétienne et promise à Jésus. Insulté, l'homme décide qu'Agnès mérite la mort, mais les lois de Rome à l'époque interdisent de condamner les vierges; ce qui ne signifie pas pour autant, quand on y pense, que les vierges étaient réellement protégées du bûcher, mais seulement assurées d'être préalablement violées, d'ailleurs la suite de l'histoire nous le montrerait très bien, n'eut été des miracles qui sauveront la petite sainte nitouche. 

Car miracle il y a, alors que la pauvre Agnès, complètement nue, est traînée dans les rues de Rome jusqu'au bordel le plus lointain, prie le bon dieu de protéger sa vertu et voit sa chevelure s'allonger rapidement jusqu'à couvrir tout son corps. Sans ce miracle, nous sommes en droit de penser qu'un bedeau, l'apercevant au sortir d'un magasin, lui aurait sauté dessus pour assouvir son vil désir et ainsi permettre au bourreau de brûler sa victime séance tenante. Au lieu de cela, Agnès arrive au bordel. On croit qu'elle est cuite, mais la cécité frappe tous ceux qui tentent de la souiller. Sa vertu est sauve.

Le fils du puissant, sans doute pour oublier sa peine d'amour ou envoyé là par son père qui lui a promis une belle surprise, vient faire son tour au bordel, mais meurt subitement. Furieux, son père condamne Agnès une bonne fois pour toute au bûcher, mais les flammes refusent de lécher la chrétienne et se jettent plutôt sur les bourreaux. 

En désespoir de cause, on lui plante un couteau dans la gorge.

Aujourd'hui, Sainte Agnès est la patronne : 
de la chasteté, des couples, de la pureté corporelle, des enfants de Marie, du Colegio Capranica de Rome, des récoltes, des guides (scoutisme), des filles, des victimes de viol, du diocèse de centre de Rockville dans l'État de New York et des vierges. (Wikipedia)

2009/01/18

Quand on se compare...

Il suffit d'aller visiter le site de Tourisme Montréal pour constater à quel point nous nous racontons des blagues: la superbe vidéo promotionnelle qui accueille le visiteur lui présente un Montréal 100% estival. Pas un seul flocon, que des images de festivals en plein air, de terrasses et de marchés publics. Un peu plus et on se croirait à Barcelone...
- Nathalie Collard, "Vivre l'hiver", Cyberpresse

2009/01/16

Une bouche de métro

Une belle histoire d'une ex-pucelle, à lire ici.

2009/01/12

J'ai sévi sur entendu.ca

Mais je dois avouer qu'il y a un malentendu : ils étaient encore dans le magasin. Ils venaient de payer et s'apprêtaient à sortir. 

À buse

Ce matin, je ne me suis pas laissé abuser par le vol du corbeau au-dessus de ma tête : les cris qui m'ont sorti de ma torpeur matinale ne venaient pas de cet oiseau-là. Il fallait plutôt regarder plus près du sol, dans ce buisson devant le concessionnaire Honda. Un grand oiseau hurlait, sans doute pour nous dire qu'il n'avait pas l'habitude d'être là. J'ai traversé la rue pour m'approcher un peu. En me voyant, l'animal s'est envolé dans ma direction, puis s'est perché sur un fil, juste au-dessus de moi. C'était une buse.

Notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres.
- Marcel Proust, Du côté de chez Swann, p. 57

2009/01/11

Me taper Proust

Lire tout À la recherche du temps perdu est un de mes projets pour 2009.

2009/01/09

Barcelone est notre modèle

Ça fait un bon moment déjà que je remarque qu'on compare régulièrement Montréal à Barcelone, dans les médias.  J'ai décidé de recenser toutes ces comparaisons.  

On commence ce matin avec un constat d'échec signé Rima Elkouri: 
Il y a un moment déjà que je n'attends plus grand-chose de l'administration municipale actuelle. Je ne m'attends pas à ce qu'elle puisse avoir une vision pour Montréal. Je ne m'attends pas à ce qu'elle transforme Montréal en Barcelone. (Cyberpresse)

2009/01/08

7 pour 1

J'ai mis 1$ dans la machine à Coke et 7 canettes sont sorties. 

2009/01/05

Amour, amour...

J'ai passé les Fêtes à pleurer la Catalogne partie festoyer dans sa famille lointaine.  Le soir du 31, quand il était minuit dans son pays, j'ai fait sonner en vain son cellulaire, puis j'ai envoyé des textos. J'étais chez des amis, je leur disais, en soupirant : je ne comprends pas, la Catalogne ne répond plus.

Vers 22h00, on a sonné à la porte. Simon m'a supplié de répondre, car il n'attendait plus personne et que ce visiteur inattendu le terrifiait. Je suis allé répondre : c'était la Catalogne, plus belle encore que dans mes souvenirs.  Sur le coup, j'y croyais à peine, car elle ne devait arriver que le 6 janvier.  Mais ce 6 janvier n'était qu'un mensonge, et le 31 décembre était une surprise. La Catalogne m'a dit:  "Gousse, ça fait trois ans que nous sommes ensemble, ce soir. Je ne pouvais pas manquer ça. "

Et les convives de filmer mes larmes de joie. 

2009/01/02

La honte et les sourcils

De plus, outre la honte à me voir la tête entièrement rasée, l'absence de sourcils, jointe à la calvitie de ma tête, m'enlaidissaient si bien que le mieux pour moi était de ne rien faire et de ne rien dire.
- Pétrone, Le Satiricon

2008/12/31

Pétrone et le désir

Ce qui est permis paraît sans valeur, et l'esprit, aveuglé, ne chérit, dans son erreur, que ce qui est défendu.
- Pétrone, Le Satiricon

2008/12/22

Décourager les plaisantins

Un autre titre idoine de Cyberpresse : 
Le SPVM veut décourager les plaisantins

Un sénateur de mon coin de pays

Patrick Brazeau est un membre de la nation algonquine et un citoyen de la réserve indienne de Kitigan Zibi, limitrophe de la ville de Maniwaki, au Québec. Ardent défenseur des droits des Autochtones, il devient, en février 2006, le Chef national du Congrès des Peuples Autochtones. Il utilise cette tribune pour promouvoir le développement économique et social des Autochtones, principalement ceux vivant hors réserve. M. Brazeau a une ceinture noire en karaté et a servi au sein de la Réserve navale des Forces canadiennes du NCSM Carleton, à Ottawa. (Blogue de Chantal Hébert)

Je me petit débrouille

Dans mon temps, les émissions jeunesse nous préparaient au monde des adultes. Tenez, par exemple, l'autre jour, l'envie m'a pris d'aller me faire cuire un oeuf. Je dis un oeuf, mais en vérité, c'était quatre. Je voulais une omelette à partager avec la Catalogne. J'ouvre donc le frigidaire et sors le paquet d'oeufs qui y traînait depuis un bout. Date de péremption: quatre jours plus tôt. Ces oeufs étaient-ils pour autant foutus ? Pouvais-je faire mon omelette en cassant des oeufs sans risquer d'empester le manoir d'émanations sulfureuses ? Pour le savoir, j'avais mon truc, une leçon apprise à écouter assidûment les Débrouillards quand j'étais gosse.

Voici la recette : mettre tous les oeufs dans le même grand bol et ajouter de l'eau. Ceux qui flottent sont bons pour la poubelle; les autres sont bons pour une omelette. Dans mon cas, il n'y en avait qu'un qui flottait. Les autres se tenaient au fond. C'est ainsi que j'ai pu séparer le bon grain de l'ivraie. L'omelette était délicieuse.

Mais comment fonctionne ce prodige ? vous demandez-vous. Hé bien voici. Il faut d'abord savoir que la poule pond naturellement des oeufs qui coulent, mais laissés à eux-mêmes pendant un certain temps ces curieux objets se putréfient. Or, la putréfaction est d'abord une affaire de gaz dont sera à ce point gorgé l'oeuf le plus pourri qu'il ne pourra faire autrement que flotter. L'oeuf sain, lui, encore plein et de blanc et de jaune, est trop dense pour fréquenter la surface.

Ce soir-là, en brassant mes oeufs, j'ai eu une pensée toute spéciale pour Marie-Soleil. Dieu ait son âme.

D'un océan à l'autre

Ce Noël sera la premier Noël blanc à la grandeur du Canada depuis 1971. C'est ici que c'est écrit.

2008/12/21

Je parcourais, exalté, la rocaille, me répétant que chaque brindille ici s'appelait thym, origan, romarin, basilic, ciste, laurier, lavande, arbousier, câprier, lentisque, qu'elle possédait ses lettres de noblesse et qu'elle avait reçu sa charge privilégiée.
- Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques

2008/12/19

Comment je suis devenu la Gousse craintive

Je reçois des milliers de courriels qui me demandent d'où me vient ce nom de Gousse qui craint. Pour répondre à cette question, il me faut d'abord vous expliquer, fidèles lecteurs, comment il se fait que j'ai, dans les veines, un peu de sang rouge, c'est-à-dire du sang indien. Car je n'ai pas obtenu ce précieux sang du Nouveau Monde par la méthode habituelle. Normalement, il suffit de verser quelques gouttes de ce plasma dans l'œil en pleurs du bébé naissant et le tour est joué. C'est un jeu d'enfants comparativement à la circoncision, à un point tel que, bien souvent, ce n'est pas le docteur, mais les frères et sœurs du nouveau-né qui s'offrent généreusement, en se taillant eux-mêmes l'index au-dessus de la jeune pupille. Mon cas est différent. Sans en connaître les détails, il s'agirait d'une histoire de semences et d'ovaires qui commence au début du XXe siècle derrière la poudrière d'un poste de traite et qui se termine sous une tente, à la chasse à l'orignal en 1977. L'histoire ne dit pas si la chasse a été fructueuse cette année-là, mais on peut parier, en se basant sur les traditions du clan, que le cas échéant, mon totem eut été celui du puissant cervidé et non celui d'un bulbe blanc de peur.

Car il s'agit bien d'un totem. À l'adolescence, prêt à devenir un homme, je fus envoyé nu en forêt pendant une semaine, sans manger, comme le prescrit la tradition. Dès mes premiers pas sur le tapis de feuilles mortes, d'épines et de crottes de lièvre, je maudissais le ciel de n'être pas né en Papouasie, où les rites d'obtention de la virilité étaient bien plus en accord avec mes bas instincts que cette sordide escapade. Je n'avais pas fait dix pas dans les fardoches que j'étais déjà couvert de brûlantes éraflures.

Je garde un vague souvenir de cette mystique semaine. Je me souviens que deux corbeaux passaient souvent dans le ciel en croassant, volant toujours dans la même direction; le bruit des manducations du porc-épic qui, à la tombée du jour, faisait son souper d'un peuplier. Chaque soir il revenait à l'entaille de la veille, continuant sa longue et patiente ingestion de l'arbre. J'enviais le sort de ce rongeur qui, au fond, devait jouir comme un enfant devant une maison de pain d'épice.

Au bout d'une semaine, mes congénères du clan de l'Orignal au bras coupé ne s'inquiétèrent pas de mon non-retour. Il arrivait souvent, en effet, qu'il faille aller chercher le jeune initié agonisant de famine dans la forêt. Ils le faisaient chaque fois en chantant et le pas léger, comme s'ils allaient cueillir des champignons ou comme les Sept Nains rentrant de la mine. Mais leur chant s'arrêta lorsqu'ils me trouvèrent, trop stupéfaits de voir ma situation. J'étais en effet bien enfoui sous l'humus, littéralement enterré vivant, n'ayant que le derrière de la tête d'exposé aux intempéries. Ce sont les deux plumes, qui y étaient accrochées, qui signala ma présence. On déterra mon corps, nu et blanc, terriblement blanc et sans aucune souillure, tout à fait aseptisé. On eût dit un ange. Le shaman me demanda : Kitigan zibi anishihabed ? Ce à quoi je répondis oui. Puis il me demanda : Ajawajiwesi bitobi ? Il voulait savoir pourquoi je m'étais caché sous terre. Je lui répondis : J'avais froid, j'avais si froid, à cause de la peur. J'étais terrifié. Le shaman remarqua mon haleine. N'ayant pu supporter le jeûne, j'avais triché en croquant de l'ail des bois. Alors le shaman comprit que mon totem était une Gousse craintive. Et c'est là qu'il me sodomisa, pour éprouver ma virilité.

Non, c'est une blague, il ne m'a pas sodomisé. J'ai plutôt été banni du clan, pour n'avoir pas respecté le jeûne. Voilà. Vous savez tout, maintenant.

2008/12/18

Souvenir de Wildwood

Malgré tout ce que l'on raconte sur le réchauffement du monde, la mer, en 2003 à Wildwood, ne s'était toujours pas réchauffée. Nous trempions timidement l'orteil dans ces eaux glaciales où flottaient les méduses, seule source probable de brûlures. Au loin, deux dauphins passaient. Nous sommes restés sur le sable, à croquer des fromages et à réciter des vers, spectacle étrange pour la gente suintante et vulgaire de cet endroit. Parfois, une belle créature passait et nous suspendions nos mots à plus tard pour mieux accrocher nos regards à ces corps. C'était de beaux moments. Et nous rentions le soir au môtel, la peau brûlée par le soleil, car nous avions oublié ses ardeurs à trop nous méfier des jellyfish qui s'échouaient à nos pieds.

2008/12/15

Qui l'eût cru ?

Traiter quelqu'un de chien et lui lancer des chaussures sont deux gestes considérés comme des signes de mépris dans le monde arabe. (Radio-Canada.ca)

2008/12/12

Il fait si beau dans le métro

Il neige dans ce coin-ci du monde depuis toujours, ou presque. Disons prudemment qu'il neige ici depuis 6000 ans.  Je ne comprends pas qu'on s'en étonne encore. 

Le transport en commun n'est pas un système d'appoint, c'est l'automobile qui en est un. Ainsi, on peut aller où on veut, été comme hiver, sous les tempêtes et intempéries de toutes sortes autant que sous le ciel bleu, le soleil et les fleurs.  C'est-y pas beau, ça ? 

Quand on fait le contraire, quand on prend le bus seulement dans les cas extrêmes, ça donne ça: 
Pu capable ! Pu capable de lire les curés de l’écologie blâmer les gens qui osent prendre leurs autos en temps de tempête de neige. Quelqu’un me demande : Oui, mais pourquoi t’as pris ton auto, l’autobus, ça te tentait pas ?

C’est pas la solution-miracle, le bus et le métro, dans une tempête de neige.

Primo, quand il neige toute la nuit, c’est ce que je fais. J’annule des rendez-vous, je déplace des engagements, je m’arrange pour faire du bureau. Je prends le métro et je marche. Là-dessus, vous avez raison.

Deuzio, la neige a commencé à tomber en après-midi, et quand on parle de 20 centimètres, ça inclut toute la bordée. Il n’y avait pas, à 17h, en plein bordel, 20 centimètres. Il y avait (encore) une opération déneigement mal fignolée. Comme bien d’autres gens, je suis monté dans ma voiture en me disant que la chute de neige n’étant pas si importante, « ça l’allait ben aller », comme qu’on dit. Ce ne fut pas le cas.


2008/12/11

Mon petit nombril aujourd'hui

Un fort joli acteur s'est coupé la gorge devant son public après que son faux couteau ait été secrètement remplacé par un vrai (toute l'histoire ici).

2008/12/09

Un véritable conte de fée

Je crois rêver : 
Stéphane Dion et Mario Dumont qui démissionnent la même semaine.

2008/12/08

La cerise sur le sundae

J'ai des raisons de penser que je ne supporte plus les cerises même en confiture. 

Pourquoi je n'offirai L'Aveuglement à personne ce Noël

N'ayant rien lu d'aussi bon depuis des lustres, il va sans dire que L'aveuglement faisait partie des cadeaux que j'ai l'intention d'offrir cette année. Que voulez-vous, j'aime partager mon bonheur.

Hier, j'ai donc voulu acheter un exemplaire de ce délicieux ouvrage. Chez Raffin, j'ai trouvé une édition différente de la mienne, une édition post-film à l'effigie des acteurs qui ont incarné les personnages. Parce que vous savez ce que je pense de cette adaptation cinématographique, comprenez-vous que j'ai décidé de remettre le livre sur la tablette et traverser la rue jusqu'au Renaud-Bray ?  Mais là-bas aussi, il y avait cette fichue édition. 

J'aurais pu passer outre cette malheureusement association entre un roman magistral et un film pourri et offrir le livre malgré tout. Mais il y a pire. Bien pire. Le livre, figurez-vous, a changé de titre. La version française s'intitule désormais Blindness. Oui oui, vous avez bien lu : "La version française s'intitule désormais Blindness." En sous-titre, entre parenthèses, on spécifie qu'il s'agit de (L'Aveuglement). Oui, oui, en sous-titre (donc en plus petits caractères) et entre parenthèses. Le summum de l'indécence. J'ai remis le livre à sa place et suis sorti, indigné. 

Marcher dehors à -15C

Le froid a asthmatisé mon respire. Je prends du café pour me rétablir, moi qui avais fait voeu, jeudi, de ne plus en boire. 

2008/11/28

Je le savais

Je vous l'avais dit...:

Au lieu de faire preuve de leadership en période difficile, au lieu de s'élever au-dessus de la mêlée et de proposer une vision, le gouvernement Harper semble vouloir profiter de la crise économique pour faire passer son agenda, la réduction de l'État, l'interdiction du droit de grève pour les fonctionnaires, ou pour se lancer dans des manoeuvres partisanes franchement vulgaires, comme l'abolition des subventions aux partis politiques. 
- Alain Dubuc, "Est-ce qu'ils sont tombés sur la tête?", Cyberpresse

2008/11/25

Perronnisme

En regardant le débat des chefs, il me vient une envie de perronnisme :
Ce soir nos chefs de parti se battent à couteaux rompus.

En février dernier, écoeuré de l'hiver, je me suis juré de m'acheter une semaine dans le sud s'il se remettait à neiger en novembre cette année... 

Aujourd'hui, 25 novembre, la première neige est tombée sur le Chinatown.

Soupir. 

Je n'ai pas les moyens de mes ambitions. 

2008/11/24

Dis-moi qui tu manges...

Je pensais en avoir pour mon argent en louant Cannibal Holocaust, dans la section "Gore - Cannibalisme" (complètement dans le fond, dans le bas, à droite, de la section Horreur) du club vidéo Beaubien, mais j'ai été déçu. Imaginez, quand le film est sorti en 1980, les réalisateurs ont dû prouver devant les tribunaux que les acteurs n'étaient pas morts pour le bien du tournage. Pour ma part, j'ai trouvé que ça manquait sang et de cris. C'est vrai, quoi. On peut difficilement se faire ouvrir la panse et répandre ses tripes dans les mains tremblantes des indigène sans lâcher un cri déchirant... et encore moins sans saigner abondamment.

Par ailleurs, les scènes les plus difficiles à regarder n'étaient pas celles auxquelles je m'attendais, car le bras qu'on croque se laisse croquer sans crier; le foie qu'on dévore se laisse dévorer comme les foies dans nos assiettes; mais la femme qu'on viole dans une mare de boue se défend, elle; celle qu'on attache et frappe à la tête souffre. C'est la souffrance qui est difficile à regarder, pas ces gens qui s'empiffrent d'autres gens. Rien n'est plus pittoresque qu'une bande de quidams évachés, repus et rotant à l'ombre d'un arbre parasol.

Ce film ennuyant terminé, je suis tombé sur une de ces présentations de fin de soirée à TVA, un film idiot au titre idoine, Rencontre fatale, l'histoire d'une mère divorcée qui reçoit des appels anonymes après s'être fait coller au cul sur l'autoroute, la nuit, par un chauffard. Rudement plus efficace, côté suspens, que Cannibal Holocaust. Imaginez, la femme rejoint son auto dans un stationnement désert, à la fermeture des bars. Elle remarque une crevaison. Elle prend peur, retourne se réfugier au bar, qui lui appartient, et appelle son ex-mari. Moi, je sais pas, ça me fout la trouille.

Puis le lendemain matin, pris d'une quinte de toux, je sens un morvion dans ma bouche. Je cours le cracher avec dégoût aux toilettes. Ainsi penché au-dessus de la cuve, je sens mon estomac se tordre, mon déjeuner remonter mon oesophage... je me ressaisis. J'ai presque vômi de dégoût. Comme quoi une petite boule de morve, venue de ma propre personne, peut faire bien plus que tous les Cannibal Holocaust.

2008/11/18

Mystère

Il paraît que ce matin, sur la chaussée de la rue d'Iberville, à la hauteur du parc Molson, deux miches de pain troublaient la circulation. À deux pas de là, sur le trottoir, gisait un pigeon mort.

2008/11/17

Une mauvaise nouvelle

Ce matin, en me rendant travailler, j'ai vu un homme de mon âge sortir en trombe d'une clinique médicale. Il balbutiait dans son cellulaire tout en cachant ses yeux avec sa main libre. Il s'est enfui dans une ruelle en pleurant. Je pouvais entendre ses pleurs, ils s'entendaient de très loin.  Ces sanglots me glaçaient le sang tant ils étaient profonds et chargés de chagrin. Deux coins de rue plus loin, je les entendais encore.

2008/11/13

Mon troisième oeil

Mes prévisions semblent vouloir se réaliser.

Guy et moi, sur la défection et la grippe

Gousse: 
Je suis pris de violentes diarrhées.

Guy dit :
Tiens, moi aussi ce matin. C'étaient les épices d'hier.

Gousse dit :
Pour ma part, j'ignore ce que c'est. Mon ventre est parcouru de spasmes qui me traînent de force au sale trône de porcelaine. Je m'y assis et j'y souffre.  Mes mains tremblent. J'ai des frissons. Mais je n'ai plus mal à la gorge, c'est déjà ça.

Guy dit :
C'est dans l'air. Docteur ché pu qui en parlait ce matin.

Gousse dit :
On dirait que mon rhume a amorcé une descente. Parti des poumons, il atteint maintenant mon anus. 

Guy dit :
Tu chies ta grippe. Delirium tremens intestinaux.

Gousse  dit :
Oui, je chie ma grippe. J'ai la grippe dans les trippes. Une grippe trippante. 

2008/11/10

Voyager en novembre

Des fleurs dans les prés, des manches courtes au soleil, Barcelone sans touristes.  Voilà un aperçu de mon weekend en Espagne.  J'avais l'impression d'être en mai.  Novembre en Catalogne a des allures de printemps. Novembre est vert, là-bas, alors qu'ici il est gris. 

Barcelone... bon sang... que dire. C'était ma troisième fois là-bas, seulement quelques heures, mais je n'ai jamais autant aimé cette ville qu'à ce moment-là, sans les touristes. Les Ramblas aux Catalans. Merveilleux, merveilleux, merveilleux. Je veux dire, vraiment merveilleux. Cet émerveillement dont tout le monde parle en revenant de cette ville, je l'ai eu samedi. 

Je recommande à tout le monde au Québec de faire cette folie, partir quatre petits jours en Europe et revenir. Ça brise encore plus la routine qu'une fin de semaine au chalet dans les Laurentides. 

2008/11/05

Entendu un soir d'élections américaines

"C'est un changement de... de transformation, oui un changement de transformation."


Alors qu'Obama avait 207 votes électoraux sur les 270 requis, Bernard Derome n'arrêtait pas de répéter, pendant une vingtaine de minutes au moins, qu'il manquait 73 votes au candidat pour remporter la victoire. 

Miss Meteo a parlé de précipitations liquides quelque part Canada. 

Quelqu'un à TVA a dit: "on l'a venu venir".

Sophie Langlois n'en revenait pas que la grand-mère kenyanne d'Obama lui ait dit qu'elle était sa petite-fille. " Elle m'a tenu la main pendant toute l'entrevue! J'ai une grand-mère, maintenant, une grand-mère kenyanne!" Bernard Derome, agacé, a fait signe qu'on la fasse taire. Quelques secondes plus tard la communication était coupée.


De retour la semaine prochaine. Je prends l'avion pour Majorque et Barcelone et reviens dimanche. 

2008/10/31

Ce matin, au Palais de justice

«Je ne serai pas là pour mon procès», a lancé Claude Saint-Charles, du box des accusés. Il a alors sorti ce qui pourrait être une lame de rasoir et a commencé à se couper devant le juge Martin Vauclair et le personnel de cour stupéfaits. [...]La salle d'audience a été fermée au public et, au moment d'aller sous presse, une équipe de nettoyage s'affairait à nettoyer les lieux. (Cyberpresse)

2008/10/29

Un autre bloguesque coup de coeur : Les humeurs d'une ex-pucelle.

2008/10/28

CALLIPÉDIE, subst. fém.

Conditions nécessaires pour avoir de beaux enfants.

(Source: le dictionnaire)

Deux blogues valent mieux qu'un

J'ai deux coups de coeur, deux blogues à dessins: 

Papa me fourre  Un blogue rempli de fiel et d'amertume.

Mon petit nombril Pour se remonter le moral après être passé par le premier blogue. 

Courroux

N'ouvrir qu'un oeil, mais le bon. Garder l'autre fermé. Pencher la tête vers la droite. Rien ne se passe. 

Fermer le bon oeil, ouvrir l'autre, le MAUVAIS OEIL. Pencher la tête vers la droite. Le vertical devient horizontal, l'horizontal devient vertical, le flou s'éclaircit et le clair s'embrouille. Magie ?  Non, astigmatisme. 

Maintenant, refaire la même expérience avec les lunettes de l'opticienne. Même résultat. J'en ai assez de l'entendre  me répondre sèchement que mon problème c'est mon cerveau qui refuse de reconnaître que mes yeux sont moins myopes. Elle dit cela, puis elle augmente la force grossissante de mes verres. J'ai l'impression de porter des loupes. Et pendant ce temps, les lignes horizontales continuent de s'embrouiller. 

Lundi, j'ai rendez-vous avec un nouveau spécialiste de la vue. Il faut que cette saga se termine.

2008/10/27

Jour de Gousse

Aujourd'hui, dans le métro, j'ai vu un homme jeter son journal Métro par terre et le piétiner. Sur la une, on voyait une photo de Pauline Marois qui partait promouvoir la souveraineté. Puis j'ai vu un autre homme s'asseoir devant le premier, sur un siège recouvert de journaux abandonnés. Je me suis dit que ces deux-là n'avaient pas de fierté, à tolérer comme ça les déchets autour d'eux.

Puis, dans les escaliers roulants du métro Namur, un homme, n'en pouvant plus, s'est allumé une cigarette.

Dehors, j'ai traversé le viaduc de la rue des Jockeys en courant pour ne pas manquer le feu vert de l'autre côté du boulevard Décarie. En croisant un homme, j'ai mal calculé mes distances et nos épaules se sont violemment accrochées. C'était un homme grand et fort qui regardait par terre en marchant. Il s'est retourné. Moi aussi, mais sans arrêter de courir. J'avais bien trop peur.

Plus loin, j'ai vu cinq ou six étourneaux frétillants prendre leur bain dans une flaque d'eau.

Puis, en arrivant à mon bureau, j'ai trouvé un sac rempli de brocoli. C'était pour moi, de la part d'une collègue. Je n'avais jamais vu ça.

Enfin, j'ai passé la journée à suivre, sur les sites de nouvelles, l'histoire de cette femme enceinte ligotée et kidnappée dans une agence de voyage de l'est de Montréal, puis finalement relâchée. Elle est rentrée chez elle en taxi avant d'appeler les flics. La fourgonnette utilisée dans l'enlèvement a été retrouvée incendiée dans le West Island, pas tellement loin d'où je travaille.

Une bien drôle de journée.

2008/10/24

Faire usage de la force

Je clignais des yeux en regardant partout dans la clinique. "Oh, mais pas tout de suite ! Il faut prendre le temps de s'habituer", m'a dit la préposée à l'accueil, comme si je ne le savais pas déjà. La lunettière m'a dit la même chose il y a trois semaines. Et voyez où ça me mène : des lunettes plus fortes que de raison.

2008/10/23

L'aveuglement

J'aimerais pouvoir dire que le plaisir que j'ai lu à lire L'aveuglement est inversément proportionnel à celui que j'ai ressenti en en regardant l'adaptation cinématographique, mais je ne peux pas, car il faudrait pour cela que le film soit complètement nul, or ce n'est pas le cas, pas complètement, puisque les images y sont belles, ce qui, pour un film sur la cécité, est assez paradoxal, vous en conviendrez. Il reste que mon déplaisir n'a rien de surprenant. On a beau entendre qu'une image vaut mille mots, les romans surclassent souvent, sinon toujours, les films qui en découlent.

Mais ici le roman partait avec une longueur d'avance. En effet, lire l'histoire d'une épidémie de cécité a l'avantage de permettre au lecteur d'être à la fois aveugle et voyant, selon le point de vue narratif, mais aussi par le fait que lire une histoire force le lecteur à se faire une représentation mentale des évènements, exactement comme chez l'aveugle. En revanche, le cinéma ne permet au spectateur que de "voir" des gens agir comme des aveugles ou de voir un écran blanc, symbole de leur cécité, mais jamais les deux à la fois. Devant cette impasse, aussi bien prendre le parti de tout montrer et de bien le montrer. Je pense à l'insoutenable scène de viol qui, sur de nombreuses pages, me faisait littéralement trembler d'angoisse et de rage. Mais voilà, par un désolant jeu de clair-obscur, le film suggère plus l'horreur qu'il ne la montre. On frissonne donc là où on aurait pu regarder ailleurs devant l'insupportable, sinon vômir. Foutue rectitude.

Puis le film finit par finir. Mais quelle fin. Une fin à l'eau de rose, une morale bourgeoise à souhait qui n'était pas dans le roman : l'essentiel n'est visible que pour les yeux du coeur. Si j'ai eu envie de vômir durant ce film, c'est bien à ce moment-là. Je l'aurais fait volontier sur la tombe de Saint-Exupéry.

2008/10/22

Parole de lunettière (bis ou rebis, j'ai perdu le compte)

Il fallait s'y attendre. L'optométriste a balayé mes arguments du revers de la main, avec un sourire railleur : ne te fie pas à ces affaires-là, qu'elle m'a dit. J'ai fourré dans mon sac mes tests trouvés sur internet et lui ai demandé ce qu'elle avait à proposer dans ce cas. Voici ce qu'elle va faire: augmenter juste un peu la force de mes lunettes.  J'étais déçu. "Qu'est-ce que t'aimes pas là-dedans ? Qu'est-ce qui fait pas ton affaire ?"  Je ne savais trop quoi lui répondre. J'aurais aimé plus de tests, j'aurais aimé que mon inconfort se mesure. Je n'aime pas qu'on corrige ma vue à l'aveuglette.  "Ne t'inquiète pas, c'est normal. Tout est sous contrôle."   Si elle le dit. 

2008/10/21

Astigmate, mon oeil!

- Tu es astigmate.
- Astigmate!? Mon dieu, je vais mourir! 

Non, c'est une blague, je n'ai pas cru mourir, mais j'avais un peu honte, comme si j'avais sur moi des marques de violence. L'optométriste me parla de ballon de football et de plans verticaux et horizontaux. C'était à n'y rien comprendre. L'important est que je vois mal, de près comme de loin, à cause d'une cornée difforme qui garroche la lumière n'importe comment dans le fond de mon oeil. C'est un peu comme le premier tiroir de ma commode, où les bobettes et les bas s'entassent pêle-mêle. Il faut y fouiller longtemps avant d'en sortir de quoi mettre. Je suis la cornée astigmatisée de mon tiroir. Et mon tiroir est mon oeil. Quoi, ne riez pas. J'ai déjà vu des gens à télé parler du tiroir de leur mémoire. Ils l'ouvraient et y rangaient des souvenirs. Moi, j'ouvre mon oeil et n'en sort pas grand chose.

Astigmate, donc. Voir flou de près comme de loin. Et myope peut-être aussi, je ne sais pas, je ne sais plus, les explications de l'optométriste sont aussi floues que ma vision, même avec mes lunettes. Car mes lunettes, qu'on se le tienne pour dit, ne suffisent pas et je dois attendre encore une semaine avant de retourner voir la spécialiste.  En tout, elle m'aura fait poireauter trois semaines.

En attendant, je fais des tests de vision sur internet. J'en ai trouvés pour l'astigmatisme. Je les fais sans les lunettes et m'exclame :  Oh mon dieu, quelle horreur! Je n'aurais jamais pensé! Puis je mets les verres et refais le test : Oh mon dieu, quelle horreur! Mais je m'en doutais un peu. 

J'ai bien hâte de voir ce qu'elle aura à me dire, la lunettière, quand je lui montrerai les résultats. Peut-être que je la verrai pâlir, mais ce ne sera pas à cause de mon oeil astigmate, mais bien à cause de la honte.

2008/10/16

Chaque fois que ma vue n'est pas à la hauteur, je peste et  rage contre ma lunettière. 
Plus que douze jours. Douze jours de rage, oui, SANS RELÂCHE
Je revendique le droit de voir plus loin que le bout de mon nez. 

2008/10/15

Si la tendance se maintient...

J'ai comme l'impression que le gouvernement conservateur fraîchement renouvelé se servira de la crise économique comme prétexte pour réduire les dépenses et, par ricochet, la taille de l'État.

2008/10/14

Parole d'optométriste

- Voilà dix jours que je porte mes nouvelles lunettes, madame, et je ne vois toujours pas mieux. 
- Pourtant vos tests donnent les mêmes résultats qu'auparavant. Portez-les encore deux semaines, sans relâche, j'insiste, SANS RELÂCHE!
- Madame, je plisse les yeux quand j'entre dans le métro. 
- SANS RELÂCHE!
- Madame, si mes yeux voyaient naturellement comme je vois à travers ces lunettes, je viendrais voir un optométriste comme vous.
- Je ne comprends pas. 
- Mes lunettes ont besoin de lunettes. 
- ... N'oubliez pas : SANS RELÂCHE!

2008/10/07

Écolo-gousse

Par ma fenêtre, j'aperçois un couple qui pousse un carosse. La mère s'arrête pour replacer quelque chose que le bébé a déplacé. L'homme, en attendant, jette tout naturellement un verre de plastique dans le gazon devant notre immeuble. L'homme m'aperçoit alors sortir dudit immeuble, m'approcher d'un pas décidé et ramasser le déchet que je brandis ensuite devant lui : "Ce n'est pas une poubelle, ici", dis-je avant de courir me réfugier à l'intérieur et lancer le verre au recyclage. 

Les concierges, qui fumaient devant la porte, n'ont pas dit un mot.

Tests neurologiques

"Docteur, voilà dix jours que j'ai mal à la tête et aux yeux. Je ne vois pas bien. La lumière me donne des nausées."
La femme docteur mâche son chewing-gum, prend son petit marteau et me cogne les genoux et l'intérieur des coudes : "Votre vue n'a pas baissé. Vos sinus ne sont pas congestionnés. Vous n'avez pas de rhume. Que faites-vous dans la vie ?
- Je regarde un écran d'ordinateur, madame. Ces derniers temps, je l'ai regardé beaucoup, cet écran. Vraiment beaucoup.
- C'est sûrement cela. Vos tests neurologiques sont parfaits. Je vous prescris des anti-inflammatoires. Si ça ne passe pas, revenez."

Je suis sorti du cabinet deux minutes après y être entré. A-t-elle parlé de tests neurologiques ? Oui, elle a bien dit "tests neurologiques".  Cette femme m'a fait subir des tests neurologiques : un coup de marteau sur le genou droit, un autre sur le gauche, et voilà monsieur, vos réflexes sont bons, votre cerveau fonctionne, ciao bye. 

Je n'ai évidemment pas pris les anti-inflammatoires prescrits. Je me suis contenté de quelques pastilles d'Advil et le mal est parti comme il est venu.

2008/10/04

Gousse citoyenne

Aujourd'hui, j'ai fait mon devoir de citoyen :
1. en allant voter.
2. en sauvant des vies (plusieurs vies innocentes).

Que voulez-vous, quand ça sent le gaz, moi, j'appelle le 911, c'est plus fort que moi. Même quand je ne suis pas chez moi.

(Mais quand ça sent les gaz, je dis pouah, c'est pas moi! Et je m'éloigne.)

2008/10/03

Parole de lunettière

- Je vois encore embrouillé, madame.
- C'est normal, ça peut prendre dix minutes à s'habituer, comme ça peut prendre trois ou quatre jours. Si dans une semaine ce n'est pas mieux, reviens nous voir. 

2008/10/01

Le miracle

Ça va peut-être te surprendre, mais ta vue s'est améliorée depuis ton dernier examen.
- Mon optométriste

2008/09/30

Entendu à Québec en fin de semaine : Le Québec se porterait tellement mieux si tout le monde y était bilingue.

2008/09/25

Humour noir

Il parait qu'en Chine, on bourre les bébés de mélanine pour leur donner du lustre :

[ Atlantique ] – Mélamine

Avertissement aux parents

Les parents qui ont récemment adopté un enfant en Chine devraient lui faire subir un examen médical par précaution pour vérifier s'il est en bonne santé, recommandent les agences d'adoption.
(Radio-Canada.ca)

2008/09/24

Je lis : Nancy Huston, Ligne de faille.

Merci Simon !

2008/09/19

La culture en péril

2008/09/18

Une remarquable remarque de notre très pertinente ministre fédérale de la culture :
La ministre du Patrimoine du Canada, Josée Verner, est catégorique : les compressions budgétaires dans le domaine de la culture n’intéressent pas les citoyens sur le terrain. «Les gens ne m’en parlent pas. Et quand ils m’en parlent, je n’oserais même pas répéter ce qu’ils disent à ce sujet», a-t-elle affirmé hier au Soleil.  (Cyberpresse)
MISE À JOUR: Marie-Andrée Chouinard en parle justement aujourd'hui dans Le Devoir.

Le ministre fédéral des Transports était de passage à Maniwaki aujourd'hui.

J'ai le sang qui bout après cette déclaration :
Darlene Lannigan, employée du ministre, réplique que les Autochtones obtiendraient une rencontre, à condition qu'ils se comportent convenablement et qu'ils soient sobres. (Radio-Canada.ca)

2008/09/16

Le monde n'est pas exactement le même quand chaque objet a deux noms différents ; c'est bizarre de penser à ça. - Lignes de faille, Nancy Huston

Mon combat

J'ai d'abord pensé que ma vie était un long combat contre la fatigue, jusqu'à ce que je range le réveil-matin dans un tiroir. Il suffit d'avoir un emploi à horaire flexible et la fatigue s'envole, pour ne revenir nous hanter que de temps en temps, quand on l'a bien cherché, à se saoûler de café sans raison ou à se stresser pour pas grand chose. On dort mal une nuit puis on se reprend la nuit suivante et le tour est joué. Ça n'a rien de sorcier. Récupérer d'une ou deux mauvaises nuits est aussi facile que de satisfaire sa faim après avoir sauté un repas. On dort un bon coup et on se sent bien. Problème réglé.

Mais le combat, lui, dure toujours, car le véritable ennemi est le sommeil. Ou plutôt l'éveil. Ma vie est un long combat contre l'éveil. M'étendre dans mon lit et fermer les yeux ne suffit pas. Ne penser à rien non plus. Quatre heures plus tard, je dors enfin, sans que j'aie moins pensé, pendant que je pensais probablement à quelque chose, ou peut-être à rien du tout car j'ai des années d'expertise dans le domaine, les yeux toujours fermés, toujours dans mon lit. Il faut se rendre à l'évidence, si je réussis enfin à m'endormir, quatre heures après m'être couché, ce n'est pas grâce à mes efforts. Il y a autre chose. Le problème est, je crois, d'ordre sémantique.

Les spécialistes du sommeil donnent tous la même recette pour régler les problèmes de sommeil. Il faut se lever et faire autre chose si on ne dort pas après vingt minutes. Il faut absolument refuser que le fait de se coucher soit associé à autre chose que le sommeil. Même le sexe. Non, c'est une blague. Sauf le sexe. Mais quand on en est à sa ennième semaine d'insomnie, je me dis fuck it, même le sexe. Parallèlement à ces pieuses manoeuvres, il faut développer une routine qui sera rigoureusement exécutée chaque nuit, à la même heure, avant d'aller se coucher. Peu importe les détails de cette routine, pourvu qu'ils ne soient pas excitants. L'idée est que le corps en vienne à associer cette routine au sommeil.

Et ça marche. Après quelques jours, ça dort tout seul. On se couche et bang. On a beau avoir la tête ailleurs, le sommeil est irrésistible et on passe alors plusieurs nuits de pur bonheur. Mais les semaines passent et on finit par retourner à la case départ. On a beau avoir fait tous les gestes, tous les rituels, prononcé toutes les incantations, balayé tous les tracas, imposé tous les vides à son esprits, rien n'y fait. Les heures avancent et la fatigue aussi, mais le sommeil, lui, n'est plus au rendez-vous. C'est que la routine, après un certain temps, ne veut plus rien dire. Elle se fait toute seule, automatiquement, sans qu'on s'en rende compte, et l'esprit part divaguer ailleurs, se concentre sur quelque trivialité, jusqu'à ce qu'il découvre que minuit a passé, qu'il est deux heures et que, aïe! demain sera pénible. Vite, dormir ! dormir ! Bref, la routine de sommeil produit exactement le contraire de ce qu'on attend d'elle.

Puis j'entends la Catalogne sortir de la pièce d'à côté pour aller se chercher un verre d'eau dans la cuisine. Elle a fait ses devoirs toute la nuit et vient sûrement se coucher. Chacun de ses pas m'enfonce un peu plus dans le sommeil, mon corps s'épuise, je me sens cogner des clous. Fausse alerte, la Catalogne retourne à ses devoirs. Deux heures plus tard, je l'entends à nouveau marcher, elle va se brosser les dents, ma conscience titube. C'est l'heure. La Catalogne s'allonge à mes côtés, mon éveil ne tient plus qu'à un fil. La Catalogne dort déjà, je l'entends dans sa respiration. Et aussitôt je m'endors. Voilà pourquoi je dis que le sommeil est un problème de sémantique. Plus rien n'arrive à signifier le sommeil à mon corps sinon le sommeil des autres. Je ne peux plus dormir seul.

Hier j'apercevais le V des outardes dans le ciel. Aujourd'hui, on annonce que les glaces de l'Arctique ont atteint leur minimum estival il y a quatre jours et amorcent leur croissance hivernale. Le gel est commencé. L'hiver est à nos portes.
The US National Snow and Ice Data Center (NSIDC) says the ice covered 4.52 million sq km (1.74 million sq miles) at its low on 12 September. - BBC

2008/09/15

Je viens d'apercevoir une volée d'outardes. Il me semble qu'elles migrent tôt, cette année.

2008/09/09

L'art de l'hyperbole

Un commentaire laissé par une dénommée sapine sur Cyberpresse:
Je ne pardonnerai jamais à S. Harper de déclencher une élection cet automne. J’ai autant envie d’aller voter que de me jeter au fleuve un 15 janvier, c’est vous dire. Et je n’ai pas plus envie de vivre une campagne électorale.

Bon sang! Ce matin sur Cyberpresse, par pur hasard, cet article qui parle des îles de Sorel. En canot, ça semble beaucoup plus pittoresque. Et pas de place pour la guitare.

Pour rendre l'expédition plus sportive (même si elle l'est déjà en soi), nous avons tenté à deux reprises d'imiter les voyageurs de jadis, qui avironnaient au rythme fou de 60 coups à la minute. Les coureurs des bois pouvaient maintenir cette cadence de 15 à 18 heures par jour, dans un canot débordant de fourrures! Au bout d'une minute, on a rendu les armes, complètement lessivés. Dire que notre canot ne transportait que deux ou trois sacs à dos. De quoi rougir devant nos ancêtres!

2008/09/08

Sorel my love

Sorel a ses îles, qui s'inondent au printemps et pètent au frette en hiver. Certaines de ces îles sont si rapprochées que les arbres de chaque côté se rejoignent pour faire, en été, une voûte de verdure. En automne, je ne sais pas, j'imagine que les chenaux étroits se couvrent d'un tapis multicolore à mesure que les branches se dégarnissent. Si vous ne saviez pas que Sorel a ses îles, vous devriez peut-être y aller faire un tour, mais juste peut-être, pas plus, ou lire Le Survenant, mais ça c'est plus impératif, rapport qu'à l'université on nous parlait de mythe fondateur et que dans un cours sur le téléroman, les madames assises en avant soupiraient de chaleur chaque fois qu'on évoquait le personnage. Lire Le Survenant, donc, par acquis de conscience plus que par plaisir, peut-être, puis aller voir là-bas si c'est vraiment aussi beau qu'on le dit. Une réserve de la biosphère, quand même, a le devoir de charmer l'oeil, se dit-on.

Les Européens pensent à bien des choses quand ils viennent visiter le Québec, Montréal, Québec, Tadoussac, la Gaspésie, mais pas à Sorel. On évoque le nom et les voilà qui parlent de Le rouge et le noir, puis on glousse tous ensembles en évoquant les chaleurs de madame de Rénal lorsqu'elle se fait tâter la main par le fougueux Julien. Il y a Kamouraska, aussi. Kamouraquoi? Kamour, juste Kamour pour les intimes, le plus beau village, celui que je rêve de visiter, enfin l'histoire du roman du même nom se situe autant là-bas qu'à Sorel. Y tâte-t-on des mains avec chaleur ? Seulement celles des mourants, un fiévreux qu'on veut voir crever. Enfin, passons. Le téléphone sonne. C'est ma mère et quatre billets pour une croisière dans les îles. Les îles de Sorel, s'entend, pas les Caraïbes. Une heure et demi de bateau au pays du Survenant. Justement j'ai deux Espagnols ici qui n'auraient jamais espéré y aller. Avec la Catalogne et moi, ça fait quatre. Le compte est bon, partons.

- Z'avez jamais pensé aller à Sorel, vous autres, hein?
- Où ?
- C'est pas toi qui lis Le rouge et le noir ?
- Oui.
- On s'en va à Sorel, comme dans Julien Sorel.
- Oh oh oh!

Et la Gousse-mobile file à travers les champs de maïs de l'autoroute 30, fenêtres grandes ouvertes. "C'est ça que vous mangiez hier, avec du beurre." L'un d'eux en a encore mal au coeur, mais ça lui rappelle son Asturie natale, là où on jette les épis au bétail, pas aux touristes. Puis on arrive en ville, les noms de rue prennent des allures littéraires : rue Geneviève Guèvremont, du Survenant, du Chenal du Moine. Ça me rappelle la rue Stendhal, où j'ai resté quand j'étais à Paris, mes quatre jours de pluie là-bas. Tiens, Stendhal... je n'y avais pas pensé... Sorel, Stendhal, Le rouge et le noir... on y revient toujours.

Enfin bref, nous montons à bord du bateau. Pour bien comprendre l'ambiance à bord, il faut d'abord regarder Cruising Bar, première cuvée. C'est long, je sais, mais à peine plus qu'un tour en bateau. Vous avez vu le film ? Bon. Pensez au gros Roger, à la soirée dansante où il drague, au chacha, etc. Bingo. C'est ce genre-là de kitsch. La seule différence est que nous sommes le jour et que ce n'est pas un truc de célibataires. Personne ne drague et c'est bien tant mieux, mais ça donne un air raté à l'ensemble. Le bateau prend le large (pas l'eau, le large), un membre de l'équipage a sa guitare et un micro. Le voici qui chante Partons la mer est belle... On a le goût de partir, mais on ne peut pas, on est prisonnier. "C'est du folklore", que j'ai dit pour tempérer les élans.

Puis la magie des îles opère. D'abord la première île, bordée d'une rangée de chalets sur pilotis, de quais brinquebalants qui flottent sur les eaux boueuses, les hors-bords ancrés, on se croirait dans un bayou en Louisiane, les crocodiles en moins, la joie des vacances en prime : des gens se font bronzer, quatre fillettes pratiquent leur chorégraphie de ballet-jazz sans nous prêter attention, une femme qui passe la tondeuse nous fait des tatas pendant que notre musicien de fortune entonne Tous les palmiers tous les bananiers, de Beau Dommage, puis Ça fait rire les oiseaux de la Compagnie créole. Créole, oui, quel beau mot bien placé. Tout le monde nous faisait des tatas, les gros qui sirotent leur bière assis dans leur chaise sur la galerie, ceux qui sirotent leur bière dans leur chaloupe en pêchant, la fille en sea-doo, son chum, les enfants en pédalo, les amoureux dans leur voilier, tous. Délire total. Il doit y avoir quelque chose dans cette eau-là.

Le bateau poursuit sa route, passe cette île hallucinante, débouche sur le majestueux lac Saint-Pierre, vire à tribord et s'engage dans quelques chenaux étroits et inhabités. Les marécages se succèdent, les arbres, la lande, les grands hérons qui pêchent les poissons. C'est joli et apaisant. Puis on regagne le chenal du Moine, mais à l'autre bout complètement, en face de chez Didace Beauchemin, la légendaire maison. On passe devant la maison où Geneviève Guèvremont a écrit son roman, maison dotée d'une rallonge où on a tourné le film inspiré du roman. Le chenal s'étire, la croisière s'éternise, malgré ses moments forts, le chansonnier a tout chanté, non, il lui reste une chanson : Ginette, que tout le monde connaît et qu'on chante avec plaisir : "Je sais d'ailleurs où elle est rendue, mon chum l'a vue, elle dans tout nue dans un motel dans le bout de Sorel." Bang. Encore Sorel. Ça n'arrête pas. Et ça ne s'invente pas. Au fond, Sorel, c'est comme Le rouge et le noir. On y revient toujours.

Trouvé ce délicieux commentaire sur le blogue de Patrick Lagacé :
Mon fils avait coutume de ramasser des petites roches et de les sucer quand il avait 2 ans. Parfois il y avait un peu de fumier dessus ! Eh bien il n’a jamais fait de rhumes, angines ni grippe dans son jeune âge.

2008/09/05

Je crois rêver : 

Mme Palin, 44 ans et mère de cinq enfants, est sortie d'un relatif anonymat lors de sa désignation par John McCain pour être sa colistière la semaine dernière. Comme gage de son expérience en politique étrangère, les conservateurs du parti républicain ont notamment mis en avant la proximité de son État de l'Alaska avec le Canada et la Russie.  -Cyberpresse.ca

2008/09/02

Compare People

Parfois, l'application Compare People sur Facebook m'envoie des courriels pour m'encourager. Vous savez, c'est l'application où l'on compare ses amis sur la base de certains critères plus ou moins précis et où l'on est comparé soi-même, à son tour, par ses amis.

Alors voici le contenu du courriel que j'ai reçu en arrivant péniblement au bureau après un long weekend de trois jours ensoleillés:

Your friends have voted on your strengths and weaknesses:

STRENGTHS:

most famous
sexiest
best room-mate

Merci, Compare People, de m'encourager.